Mardi 15 mars 2005
Vous vous souvenez du tableau La mort de Procris de Piero di Cosimo ?
Je vous avais dit que c'était " basé " sur une histoire d'Ovide, tirée du livre VII des Métamorphoses. Il faut connaître l'histoire pour comprendre en quoi et comment le Piero (j'ai décrit l'énergumène que c'était) a blousé tout le monde avec son tableau. Je résume donc au plus vite, ce qui n'est pas facile, mais je ne suis pas prof pour rien, vous allez comprendre j'en suis sûr et voir l'étendue du désastre (expression que j'emploie souvent, oui c'est vrai, mais je le pense et le vis ainsi) :
1- Le mari s'appelle Céphale. Ce n'est pas n'importe qui, il est le fils d'Hermès et de Hersé, (dans d'autres sources on peut lire de Déion et de Diomédé).
2- Sa femme est Procris. C'est pas n'importe qui : c'est la fille d'Erechthée et de Praxithéa.
3- Eos (chez les Grecs, Aurore chez les Romains) convoite Céphale . Ce n'est pas n'importe qui non plus, d'autant plus qu'elle n'est pas vraiment une déesse ni un être humain. Disons que c'est un " phénomène de la nature ". En fait une belle salope. Très différente des autres immortels de l'Olympe, c'est la fille de Gaea, l’esprit de la Terre, et d'Hypérion (Titan, fils d’Ouranos, qui était l’esprit du Ciel). Fille d’une lignée d’esprits purs, il ne faut pas s’étonner si l’esprit évince le mortel dans sa personnalité. Elle a comme sœur Séléné, la Lune, et comme frère Hélios, Dieu de la Lumière, souvent confondu avec leur cousin Apollon.
Elle est immortelle, elle garde sa beauté et sa jeunesse, ceci malgré d’innombrables grossesses mais ses pouvoirs divins sont très limités et c'est à un de ses problèmes : Elle a toute les peines du monde à réussir ses aventures de cœur avec les simples mortels et chez les dieux, c'est une jalouse de la pire espèce.
4- Voulant ajouter à son tableau de chasse Céphale dont elle était amoureuse, Aurore (la déesse Eos) l'avait enlevé de force pour vivre avec lui (un des premiers sinon le premier kidnapping de l'histoire sans doute). mais au bout de plusieurs années elle comprit qu'elle n'arriverait jamais à lui faire oublier Procris, sa femme adorée et elle finit, dépitée, par le laisser rejoindre sa femme.
5- Plan machiavélique (avant l'heure, encore une première dans l'histoire): elle glisse le venin de la jalousie dans la tête de Céphale, en lui insinuant que Procris n'est pas une épouse fidèle et que n'importe quel homme, avec un peu d'or, peut accéder à son corps. Confiant, Céphale promet à Eos de la rejoindre si sa femme le trahit.
6- Céphale un peu niais marche dans le plan d'Eos. Pour tester la fidélité de son épouse, il la laisse le transformer en Ptéléon, séduisant jeune homme, et fait une cour pressante à Procris, qui refuse ses avances.
Mais un jour, celle-ci finit par céder devant les bijoux offerts par le persévérant Ptéléon qui, sous les yeux effrayés de Procris, redevient Céphale.
C'est l'horreur !
7- Céphale outragé chasse sa femme Procris ulcérée d'un tel stratagème. elle s'enfuit vivre dans la montagne loin de la compagnie des hommes pour se vouer à Artémis et à la chasse. Céphale, quant à lui, accepte d'être l'amant d'Eos.
Jusque là, on ne peut pas dire que c'est très moral tout ça, puisque finalement elle a bien eu ce qu'elle voulait.
8- Mais non. Quelques temps plus tard, Céphale retrouve Procris et, plein de remords, la supplie de revenir. Mais Procris refuse et, pour le punir, devient la maîtresse du roi de Crête, Minos.
9- Alors là ça devient fou ! Figurez-vous que le Minos, grand séducteur de femmes, avait tellement excédé sa femme Phasiphaé qu'elle lui avait jeté un sort, et pas n'importe lequel : incroyable mais vrai, il éjaculait serpents, scorpions, mille-pattes et autres adorables petites bêtes. Mais c'était efficace : cela condamnait à une mort certaine ses maîtresses. Et bien figurez-vous que la gentille Procris lui trouva la parade !
10 - Deux thèses s'affrontent : La première dit que Procris s'introduisit dans le vagin une vessie de chèvre. dans ce cas c'est donc Procris qui a inventé le diaphragme (encore une première mondiale). dans la seconde, Procris aurait utilisé une potion magique préparée par sa copine Circé, et qui tuait toutes les bestioles.
11- Qui c'est qui était content? Le Minos bien sûr ! Alors pour la remercier il lui refile deux super-cadeaux que lui avait fait Artémis : un chien, Laelaps, très doué car rattrapant toujours la proie qu'il poursuivait, et un javelot qui ne manquait jamais sa cible. Procris prit son pied encore une fois puis se barra alors en vitesse une nuit, tellement elle avait peur de la colère de la femme de Minos.
12- Elle revient vers Céphale, car bien sûr ils s'aiment encore comme des fous, et se réconcilient. Comme cadeau elle lui offre le chien et le javelot (gentille la fille non ?). Content le Céphale, lui qui était déjà un super chasseur !
13- Attention c'est bientôt la fin : Céphale tout fier de son chien superman et de son javelot ADSL passe son temps à la chasse en sifflotant. Mais Procris est minée par la jalousie et le doute : elle croit qu'à chaque fois il va voir secrètement la belle Eos/Aurore. Arriva donc ce qui devait arriver :
14- Le drame : Un matin, à quelques mètres de lui, un gibier bouge dans un fourré. Céphale lance son javelot, celui qui atteint toujours son but. Un cri retentit dans le buisson ! Procris, blessée à mort, est à l'agonie. Elle s'était cachée là pour l'espionner !
Et voilà le tableau !

Enfin celui de Piero di Cosimo.
On voit bien qu'il y a quelque chose qui cloche par rapport à l'histoire :
Où est la forêt (où se cachait Procris pour épier Céphale qui chasse toujours dans les forêts) ?
Pourquoi ce décor aquatique ?
Pourquoi ce n'est pas Céphale qui est penché sur Procris ? Que vient faire ici ce faune ou satyre, certes avec une belle gueule, mais quand même il a de grandes oreilles pointues et poilues, des cornes (d'après mes comptes 3 paires superposées) , un beau nez camus, du poil aux pattes, des sabots de bouc un peu diablotin ou luciférien sur les bords...
Une blessure discrète pour une lance qui vous transperce, non ? (Où est passé la lance d'ailleurs ?)
Mais surtout que viennent faire toute cette bande de chiens et ce gros chien gentil situé au premier plan ?

Dans Les métamorphoses d'Ovide, livre VII, vers 661 à 865, on peut lire :

"Dès que le Soleil dorait de ses premiers rayons le sommet des montagnes, j'allais chasser dans les forêts, mais seul, sans compagnons, sans coursiers et sans limiers, sans toiles et sans filets; j'étais assez fort de mon javelot. Quand le Soleil embrasait la terre de ses feux, las de carnage, je cherchais la fraîcheur et l'ombre; j'appelais les vents légers, qui, dans les vallons, tempèrent la chaleur du jour. J'implorais, j'attendais les Zéphyrs. C'était le délassement de mes travaux." (verts 794 à 813)
Ça se passait donc bien dans les forêts et d'une. En fait ce n'est pas encore la scène.

Au vers 813 Céphale se met à chanter. Il est heureux, tout va bien. mais les paroles de sa chanson peuvent prêter à quiproquo car ce n'est pas le nom de Procris qu'il prononce :
[813] "Je chantais souvent, il m'en souvient encore : "Viens, sois-moi favorable, Aure, à la fraîche haleine; glisse-toi dans mon sein; apaise les feux dont je brûle; plusieurs fois je t'ai dû cette faveur". Peut-être ajoutais-je encore d'autres paroles qui pouvaient paraître exprimer les désirs d'un amant. En effet, je disais souvent : "Aure, tu fais mes plus chères délices, tu me ranimes, tu me soutiens. Tu me fais aimer les bois et les lieux solitaires. Que par ma bouche soit toujours respirée ta douce et bienfaisante haleine !"

"Un témoin indiscret entend ces paroles ambiguës. Il croit que ce nom d'Aure, que j'appelle tant de fois, est celui d'une Nymphe dont je suis épris. Sur ce faux indice d'un crime imaginaire, il va trouver mon épouse, et le téméraire lui rapporte les discours qu'il a surpris. L'amour est crédule. Procris pâlit, et tombe évanouie. Revenue enfin à elle-même, elle accuse son malheur, et le Destin cruel, et la foi de son époux. Elle s'afflige d'un crime supposé; elle craint ce qui n'est pas; elle s'effraie d'un nom qui n'a aucun objet réel. Infortunée ! elle gémit, comme si elle avait une rivale. Cependant, elle doute encore. Elle se flatte qu'on a pu la tromper. Elle refuse de croire au rapport qu'on lui a fait; et si elle ne voit elle-même l'infidélité de son époux, elle ne pourra le croire parjure."

Au vers 835 arrive la scène du tableau qui nous concerne :
"L'Aurore du lendemain avait chassé les ténèbres de la nuit. Je sors, je cours dans les forêts; et, me reposant sur l'herbe tendre des travaux de la chasse, je chante : "Aure aimable, viens me soulager. Fais-moi sentir ta douce haleine !" À ces mots, je crois entendre je ne sais quels cris plaintifs : "Viens, ajouté-je, Aure, chère à mon coeur !" Un bruit léger murmure encore dans le feuillage qui s'agite. Je ne doute point que ce ne soit une proie, et je lance mon dard inévitable... C'était Procris. Le dard s'était enfoncé dans son sein. Hélas! s'écria-t-elle. Je reconnais la voix de mon épouse. Éperdu, égaré, je vole auprès d'elle. Je la vois mortellement atteinte, et baignée dans son sang. Je la vois retirer de son sein ce javelot que j'avais reçu d'elle. Je soulève dans mes bras criminels ce corps qui m'est plus cher que le mien... Je déchire ses tissus, je ferme sa blessure; je veux arrêter son sang qui s'écoule avec sa vie. Je la presse de vivre. Je la conjure de ne pas me laisser coupable de sa mort.
"Mais déjà ses forces l'abandonnent; et, mourante, par un dernier effort elle m'adresse ces mots : "Au nom de notre hymen, par tous les dieux du ciel, et par ceux de l'éternelle nuit où je vais descendre, Céphale, si j'ai mérité quelque reconnaissance de toi, je te conjure par cet amour cause de mon trépas, par cet amour qui vit encore en moi lorsque je péris, que jamais Aure ne me remplace, et ne souille ma couche nuptiale !"

Je n'ai pas raconté les différentes versions de ce qui se passe après pour Céphale ni Eos (ouh la la la migraine) mais une histoire comme ça en a bien sûr inspiré plus d'un (écrivains, poètes, peintres..) et jusqu'à nos jours. C'est passionnant de voir les distances prises (ou pas) avec Ovide.
- Manuscrit de Boccace (De mulieribus claris (traduction anonyme), France, Paris, XVe siècle. Céphale tue Procris avec une arbalète. Elle reçoit une flèche dans le sein droit.

- La mort de Procris de Véronèse (1528-1588): Procris n'est plus une jeune belle fille mais elle est bien transpersée par la lance magique, en plein foie. Par contre on est loin d'un dard dans son sein, d'un corps baigné de sang, de vêtements déchirés...
Dans les deux cas par contre , ça se passe bien dans les bois ou à leur orée...
- Procris tuée par le Javelot de Céphale, de Bernardino Luini (1485-1532), à la National gallery de Washington.(à noter que les américains sont les seuls à posséder une série complète de 9 fresques commandées en 1520 à Bernardino Luini, par un riche noble milanais, consacrées à Céphale et Procris, fresques transférées sur panneaux au début du XIXè siècle ! (Fichier pdf))
Le javelot est planté entre les deux seins. Elle ne l'a pas retiré elle-même, elle ne baigne pas dans son sang (vous me direz que là elle est encore debout), on est loin des bois.

- La mort de Procris, une des 148 gravures de La métamorphose d'Ovide figurée, du "Petit Bernard ", le remarquable illustrateur, Bernard Salomon (1506-1561)que fit travailler toute sa vie le célèbre libraire-imprimeur lyonnais Jean de Tournes (1504-1564).(On peut télécharger intégralement ce chef d'œuvre, dont chaque gravure est accompagnée d'un huitain). On ne peut pas dire que Céphale tue Procris par erreur en la confondant avec du gibier ! Là c'est carrément un assassinat ! Elle se débat et il lui bloque l'épaule gauche avec son poing pour pouvoir lui enfoncer le javelot magique en plein ventre, juste au-dessus du nombril !
- Céphale tuant Procris d'une flèche est une eau forte de 1558 de Jérome Cock (de son vrai prénom Hieronymus il est né vers 1510, mort en 1570)très intéressante. En effet cet éditeur-graveur d'Anvers donne une représentation qui a de nombreux points communs avec le tableau de Piero di Cosimo. On y voit une vallée sinueuse avec deux villes, des cygnes qui nagent sur le fleuve, des oiseaux dans le ciel, et Céphale est accompagné de deux chiens. La scène du meurtre prend très peu de place dans la gravure, et c'est tout juste s'il ne faut pas chercher où sont nos deux amoureux.
En ce qui concerne les chiens, on peut remarquer que dans le Véronèse il y en avait un, ainsi que chez le Petit Bernard (c'est vrai que c'était son surnom).
- Le dessin de Charles Monet, daté et signé de 1768 est intéressant car c'est le seul où on voit Céphale qui essaie (dans le texte d'Ovide, c'est elle qui le fait) de retirer la flèche du sein gauche, occasion de couvrir son sein de grosses gouttes de sang.
- Chez Picasso (Céphale tue par mégarde sa femme Procris, encre de 1930) l'arme est un arc. Le corps de Procris est bizarrement posturé. Vu de dos (les fesses sont vers nous), elle semble vers le haut retournée vers nous et dormir.
- L'œuvre de Heather ackroyd et Dan Harvey, tous deux membres d'un collectif d'artistes explorant les intersections art/technologie/biologie ... (Critical art) essaie tout simplement de faire pousser de l'herbe sur une reproduction géante de la mort de Procris de Piero di Cosimo.


Georges de Scudéry, romancier, auteur dramatique, poète né au Havre en 1598, frère de la célèbre Madeleine de Scudéry morte en 1701 n'a pas laissé grand souvenir. Ses seize pièces de théâtre, ses romans, des poésies (dix ou douze mille vers) lui permirent, quand même, de remplacer Vaugelas à l'Académie en 1650.
« Son nom est plus connu que ses ouvrages » a dit Voltaire, sympa à son habitude. Chapelain a dit de lui : « Il a peu de connaissance des langues anciennes : pour la sienne, il la parle assez purement. »
N'empêche que j'aime son poème : Sur la mort d'une Dame, inspiré de la mort de Procris :

Quoi, les Dieux meurent donc ! Et tant de rares choses
N'ont pu sauver Procris de l'effroi du tombeau !
Sa noirceur éteignant ce lumineux flambeau,
Nous en voyons l'effet, sans en savoir les causes.

Lugubres changements, tristes métamorphoses,
Que nous avait prédit un funeste corbeau ;
Tout l'univers en deuil perd ce qu'il a de beau
Et ces divins attraits ont le destin des roses.

Cette pâle beauté nous afflige et nous plaît ;
Elle enchante les yeux, toute morte qu'elle est,
Et de sa belle cendre, il sort encor des flammes :

Nous en voyons l'éclat, nous en sentons l'effort ;
Et l'on peut voir ensemble, en ce charme des âmes,
Les Parques et l'Amour, les Grâces et la Mort.










Jean de la Fontaine dans la longue Fable XVVIII Les filles de Minée, tirée du douzième livre de ses Fables choisies a aussi évoqué la mort de Procris.
Il suit exactement le texte d'Ovide. C'est savoureux bien sûr. je ne citerai que l'extrait correspondant exactement à l'extrait d'Ovide que j'ai cité un peu plus haut.
...
C'était pendant ces mois où le chaud qu'on respire
Oblige d'implorer l'haleine des Zéphirs.
Doux Vents, s'écriait-il, prêtez-moi des soupirs!
Venez, légers Démons par qui nos champs fleurissent;
Aure, fais-les venir; je sais qu'ils t'obéissent:
Ton emploi dans ces lieux est de tout ranimer.
On l'entendit: on crut qu'il venait de nommer
Quelque objet de ses voeux, autre que son Epouse.
Elle en est avertie; et la voilà jalouse.
Maint voisin charitable entretient ses ennuis.
Je ne le puis plus voir, dit-elle, que les nuits!
Il aime donc cette Aure, et me quitte pour elle?
- Nous vous plaignons; il l'aime, et sans cesse il l'appelle:
Les échos de ces lieux n'ont plus d'autres emplois
Que celui d'enseigner le nom d'Aure à nos bois;
Dans tous les environs le nom d'Aure résonne.
Profitez d'un avis qu'en passant on vous donne:
L'intérêt qu'on y prend est de vous obliger.
Elle en profite, hélas! et ne fait qu'y songer.
Les Amants sont toujours de légère croyance.
S'ils pouvaient conserver un rayon de prudence,
(Je demande un grand point, la prudence en amours)
Ils seraient aux rapports insensibles et sourds;
Notre Epouse ne fut l'une ni l'autre chose.
Elle se lève un jour; et lorsque tout repose,
Que de l'aube au teint frais la charmante douceur
Force tout au sommeil, hormis quelque chasseur,
Elle cherche Céphale: un bois l'offre à sa vue.
Il invoquait déjà cette Aure prétendue:
Viens me voir, disait-il, chère Déesse accours!
Je n'en puis plus, je meurs; fais que par ton secours
La peine que je sens se trouve soulagée.
L'épouse se prétend par ces mots outragée:
Elle croit y trouver, non le sens qu'ils cachaient,
Mais celui seulement que ses soupçons cherchaient.
O triste jalousie! ô passion amère!
Fille d'un fol amour, que l'erreur a pour mère!
Ce qu'on voit par tes yeux cause assez d'embarras
Sans voir encor par eux ce que l'on ne voit pas!
Procris s'était cachée en la même retraite
Qu'un fan de biche avait pour demeure secrète.
Il en sort; et le bruit trompe aussitôt l'Epoux.
Céphale prend le dard toujours sûr de ses coups,
Le lance en cet endroit, et perce sa jalouse:
Malheureux assassin d'une si chère Epouse!
Un cri lui fait d'abord soupçonner quelque erreur;
Il accourt, voit sa faute; et, tout plein de fureur,
Du même javelot il veut s'ôter la vie.
...

Hugues Dufourt


N'oublions pas Madame Elisabeth-Claude Jacquet de La Guerre et son opéra en cinq actes et un prologue,Céphale et Procris, sur un livret de Joseph-François Duché de Vancy (1668-1704), même s'il fut représenté sans grand succès le 15 mars 1694, sur la scène du Palais Royal, ni André Guétry (1741-1813) peu doué pour la musique et qui pourtant a écrit une vingtaine d'opéras-comiques (même en pleine Révolution française) dont un Céphale et Procris et qui finit sa vie à Montmorency, couvert de gloire, dans l'ancienne propriété de Jean-Jacques Rousseau, après avoir rencontré Voltaire et réussi à se faire pensionner par Napoléon.
Plus intéressante est l'œuvre très contemporaine, La mort de Procris, écrite pour douze chanteurs sur un texte de Shakespeare, par Hugues Dufourt en 1986.
Et si on revenait maintenant au tableau de notre Piero di Cosimo ?
Comment expliquer son étrangeté, son mystère ?
En quoi est-il si particulier au point d'avoir intrigué les surréalistes ?
(Dans "La Révolution surréaliste" publié par le Centre Pompidou (exposition du Du 6 mars au 24 juin 2002) on peut lire : " Dans un de ses tableaux, Salvador Dali cite cette œuvre de Piero di Cosimo, en particulier le détail du chien qui se dresse à la verticale sur le paysage. Il s'agit de L'Enigme de Hitler, 1939..." Il est bien sûr trop tard pour en parler aujourd'hui.
Et puis cela suffit non ? Mais quelle histoire à donner des migraines !
Normal me direz-vous : Cephale en grec veut dire la tête. Et comment appelez-vous un mal à la tête ou une migraine ?
Une céphalée bien sûr.
Céphale et Procris ? une histoire de papillons...
......Le céphale (Coenonympha arcania) ... .................... le procris (Coenonympha pamphilus)
(tous deux de la famille des Nymphalidae.)