Vendredi 4 mars 2005
Après mes six heures de cours, manière à chaque fois de finir la semaine en beauté, aujourd'hui c'était sur la respiration, cocasse quand on sait que non seulement je respire mal mais souffre du S.A.S., je me préparais à passer la soirée à faire cette page, avec toute la nuit disponible puisque demain je pouvais faire grasse matinée.
J'avais encore à dire sur Guénolé (ici et ), entre autre que ses deux frères Jacut et Guethenoc devinrent eux aussi des saints, un peu comme de père en fils on est médecin, pharmacien ou prof, et que sa mère (sainte Gwenn)(décidément...) est toujours représentée avec trois mamelles, selon le nombre de ses fils, quand subitement, allez dieu savoir pourquoi, alors que je venais d'acheter Traité d'athéologie de Michel Onfray, je n'avais plus envie de rien.
Pourtant une troisième mamelle comme don de dieu, quel scoop sachant (et parce que) Gwenole, Gwenneg et Jagu étaient des triplés ...
Mais bon, je n'avais pas envie de faire de page aujourd'hui...Je n'allais pas me forcer.

Je pensais alors que j'allais pouvoir profiter de ce temps de libre pour mettre mes notes au point sur cette histoire de calendriers romain, julien, grégorien, et expliquer le choix des saints du jour, avec l'histoire du fameux Martyrologe, liste ou catalogue des martyrs dréssé en premier par le pape St Clément, qui vécut immédiatement après les Apôtres, et qui vient d'être, après trente ans de travail, mis à jour en 2001. Ce saint homme (j'allais dire lui aussi) est en effet le premier qui prit l'habitude de recueillir les noms et les actes des martyrs. Je ne vous dis pas le travail !
Mais non toujours pas de courage, juste celui de noter dans un coin que la plupart des gens écriraient bien martyrologue comme catalogue (qu'il est en réalité), mais que c'est une faute grave. il n'y a pas de " u", ça s'écrit comme " horloge ". De plus, le mot prend toujours la majuscule: il s'agit exactement du Grand Martyrologe romain.
Bon ça aussi ce serait donc pour une prochaine fois... sans doute peut-être.
Il faut savoir aussi, que bonne surprise, sur le coup de six heures, alors que dehors il neigeait à souhait, Edouard F. était passé me rendre des DVD et qu'on avait parlé des Énervés de Jumièges . Ça l'avait fait penser à un autre tableau qui qui l'avait longtemps impressionné, mais il ne se souvenait plus de qui c'était. Je lui dis que j'avais pensé après coup aux deux gamins dans La nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955), mais que je n'y avais pas pensé quand je faisais la page.
Je commençais donc à m'accorder une soirée de libre, quand je reçois quelques heures après un mail d'Edouard (qui a toujours de la suite dans les idées), et qui a retrouvé " son " tableau.
Il s'agit de Marchands de fourrures descendant le Missouri de George Caleb Bingham (vers1845).
Il précise qu'il n'a pu me joindre qu'un extrait, la reproduction étant plus grande que son scanner, et ajoute : " C'est le chat qui est intéressant."
Quelle splendeur en effet. Mon cœur ne fit qu'un tour.
Envolées les belles résolutions de la soirée, partons à la dérive.
Qui était ce George Caleb Bingham ?
Né en 1811, mort en 1879, ce peintre américain fut aussi homme politique. Typique du réalisme de la deuxième moitié du XIXème siècle (volonté de donner une image ressemblante du réel, naturalisme, opposition à la subjectivité, opposition à la peinture d'histoire, intérêt pour les scènes et les mœurs de la vie quotidienne...) mais je me laisse vite emporter sur le fleuve (Missouri), un de ses sujets favoris...
Les hommes, souvent des trappeurs, s'y laissent dériver lentement, de jour comme de nuit, y jouent aux cartes, y boivent, y fument la pipe, y dansent...y rêvent.
Dans le tableau de droite ci-dessous, qui est quasiment une réplique de Marchands de fourrures descendant le Missouri , on peut voir que le chat, n'est plus attaché...et regarde tranquillement l'eau, peut-être espérant y voir passer un poisson...ou tout simplement jouissant de son narcissisme naturel...
Certes les Peaux-Rouges ne devaient pas être loin...mais qu'importe le danger...

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.


...(Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre)