Cela fait plusieurs fois que je vais dans cette tribu située au Nord d'Alice Springs. Cette fois-çi, en février 94, c'est avec Alain L. et Pascale.

Le contact avec le aborigènes est toujours impressionnant, car ce qui frappe est le silence et l'accord de ces gens avec leur environnement, hostile à nos yeux, viable et comme apprivoisé par eux.

Comme depuis 1990, je m'intéresse particulièrement à leur peinture, peu connue et peu chère alors, connue dans le monde entier et parfois hors de prix aujourd'hui, maintenant objet de collections, d'expositions, et d'un gros business comme le reste...

Il ne faut pas réduire les aborigènes à cette peinture récente (date des années 1970), même si elle fait le tour du monde aujourd'hui, objet de toutes les spéculations et commentaires habituels.
Il s'agit d'un des plus vieux peuples du monde, qui vit à l'identique dans le même environnement depuis 40.000 ans, avec un rapport au monde aussi époustouflant et intelligent qu'on puisse imaginer.
Celui du dreaming time et qui par sa plénitude de conscience, m'émerveille depuis presque 20 ans.

Il existe de nombreux livres et études sur les aborigènes, dont certains sont très connus (Le chant des pistes de Bruce Chatwin, Pistes de Rêves, voyage en terres aborigènes de Barbara Glowczewski–éd. du chêne, Mode d'emploi pour un livre labyrinthe in Australie Noire. Les Aborigènes, un peuple d'intellectuels chez Autrement...de nombreux films, catalogues d'expositions, où trouve du plus intéressant jusqu'aux pire bêtises. Une bonne recherche sur Internet peut donner aussi de belles études à découvrir. Mais là n'est pas mon propos.

Je pense surtout aussi à leur passé récent imposé par les blancs et les colons, fait de viol, violence, asservissement ou exclusion, enlèvement d’enfants pour être « assimilés », pour finalement être « naturalisés » Australiens de leur propre pays en 1967, et depuis être exposés à encore plus de risques à leur extrême misère et maladies : tuberculose, diabète, tension artérielle…, alcool, drogue …, J'ai peur de leur disparition car je pense que leur survie n'est pas assurée par le monde qui s'annonce.
À quelques kilomètres, il est bien inscrit une ligne. Celle du Cancer serait plus appropriée : Celle de la colonisation, de l'esclavage, du racisme et du fric.
Je pense aussi à mon ami écrivain Philip McLaren qui me manque tant, et dont j'attends patiemment une visite en France, espérable et possible, puisqu'il y est déjà venu.

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