Jeudi 13 décembre 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
On ne discute pas avec André Landault... ....................................... (André Landault no 1)
C'est lui qui nous parle. (André Landault no 2)

Il est né le 27 Juillet 1913 à La Haye-Pesnel dans la Manche. Il a donc bien 95 ans. Difficile à croire vu son débit de paroles, son choix des mots, sa synthaxe, ses intonations et son vocabulaire d'une richesse souvent coquine... et inattendue. Ah quand même : il entend mal d'une oreille. Ça rassure !
Mémoire d'éléphant et de la suite dans les idées. Difficile de le couper et de l'arrêter. Même moi, dont beaucoup me reprochent de couper la parole, je n'y arrive pas.
Je le ramène sur ses livres sans arrêt.
Il y vient et en repart quand il veut.
L'enfant et les frontières.
Je l'ai écrit et annoncé, mais il n'a pas été publié.
Clarisse.
Oui il est paru. Je l'ai écrit en 15 jours et j'ai perdu 5 kilos. Ça commençait par : Le mégot était écrasé...(pas le temps de noter la suite vu son débit de parole)
Histoire de Gol.
Je l'ai écrit pour me divertir. Il a eu un succès mitigé, j'ai été chassé de la télé et de tous les médias. Vous pensez bien : De Gaulle ! Mais le plus drôle c'est que quand j'ai rencontré Mitterrand, à un meeting, il est venu vers moi et m'a demandé si j'étais l'auteur de ce livre. Il l'avait lu ! Il m'a dit qu'il l'avait trouvé très bien, mais qu'il trouvait que le livre n'était pas encore "assez" ...(petit rire).
Le mur de la haine
(un des deux trouvés sur Internet et que j'ai posé devant lui sur la table). Il s'appelait bien sûr Le mur de la honte. Mais le titre était pris, alors j'ai du le changer...

Ces petits qui nous gouvernent.
Il m'a valu un bel article dans Lou païs, vous voyez d'où ça vient, où ils me promettaient un long avenir...J'ai cherché le côté drôle, amusant, (Roger D. à côté, me fait signe qu'en effet c'est drôle)... Mais c'est ce qui fait que le livre est un peu râté...
Il s'arrête deux secondes et ajoute : Je me suis demandé d'où ça m'était venu ce livre...Et tout d'un coup j'ai vu alors quelque chose d'énorme : Don Quichotte devant les moulins !
Le chêne rogneux.
C'est celui que voulait publier Lindon aux Éditions de Minuit. Il l'avait aimé et m'avait écrit qu'il voulait le publier. C'était l'époque du Nouveau roman. Il trouvait que ça entrait dedans. Je l'ai rencontré après et il m'a expliqué qu'on devait attendre, parce qu'il venait de faire deux fiascos de suite. Ça ne s'est pas fait pour ça. Nouveau roman ! Vous pensez ! Ça commençait par : René tenait d'une main ferme le volant de sa Ds...
Mais c'est un livre qui m'est venu d'une manière incroyable. J'étais assis dans le jardin, et subitement j'ai senti une main qui me serrait le cou, et m'a entraîné de force dans mon bureau, m'a fait assoir et prendre une feuille et un crayon. Je me suis assis sans savoir ce que j'allais écrire. J'ai écrit : René tenait d'une main ferme le volant de sa DS. Je me disais : tu vas aller loin avec ça ! Et j'ai écrit le livre d'une seule traite !.
Il rigole. puis s'arrête, et ajoute : Vous savez, écrire...c'est jamais tout à fait de nous...Il y a une sorte de permanence...
Le livre que je suis en train d'écrire.
Je viens de le recommencer. Ça s'appelle Dit leur tout.
C'est la relation que peut avoir un prophète avec tous les illustres qui sont là-haut et qui discutent pour savoir comment rendre le monde meilleur... Ils travaillent avec Allah, Yavé...et toute la clique...vous voyez, ça complique les choses...

Je commence à paniquer : je vais manquer de papier.
Il veut me parler des contes qu'il a écrits (mais je les ai pour la plupart détruits), de son histoire de Jésus (dans laquelle je me suis perdu à cause de la multitude de personnages aux noms réinventés. Il y a entre autres, Augustus, qui à chaque fois qu'il rencontre quelqu'un de bien diminue de taille et arrive en Judée avec la taille d'un enfant et se met à jouer avec les gosses dans les rues. À un moment, il n'a plus que la taille d'un spermatozoïde, le spermatozoïde divin bien sûr...) et de la vingtaine de manuscrits complets qu'il a dans une armoire chez sa fille Hélène (70 ans) à Rémalard.
Je l'arrête en lui posant ma main sur le bras.
Je regarde Roger D. qui me regarde en souriant.
Il rayonne.
André Landault se penche alors vers moi.
Roger D. me dit :
- Tu vas voir, elle est vraiment incroyable, et pire, vraie, preuves à l'appui.
Il se lève et revient quelques instants plus tard avec une chemise contenant une vingtaine de feuilles qu'il étale sur la table.