Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
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Vacances à Thiron-Gardais 46ème jour : Tikal, la cité perdue...
En juillet 1979 à la recherche de l'arche perdue n'existait pas, Jules Verne oui. Et pourtant ce mot magique, sans doute à cause du T et du K proches, TIKAL me fascinait. Tu as voulu voir Vesoul, tu as vu Vesoul.
Pour y aller à cette époque, c'était galère, et il fallait vraiment vouloir y aller. Le Guatémala était infesté de jeunes militaires qui vous arrêtaient tous les 3 kilomètres, et vous faisaient déballer tous vos bagages.
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...
Il y a vingt cinq ans, avant la piste d'attérissage sommaire (construite en 1951), cela demandait des semaines de marches dans la forêt à dos de mules. Les avions en ces temps-là avaient des hélices...
Encore une forêt interminable, une jungle dans laquelle cette fois je cherche des yeux non pas un fleuve, une ville, mais une cité enfouie : Tikal.
Un des grands centres de la civilisation maya, qui me passionne depuis longtemps. Construit vers le IVè siècle avant Jésus-Christ. On oublie trop souvent qu'il n'y a pas eu que les Grecs et les Romains, et qu'ailleurs dans le monde, y' avait d'autres gens, et pas plus cons que nous.
Tikal, en maya, c'est le « Lieu des Voix », « Lieu des Langues », ou le « Lieu des échos ». On estime qu'à son apogée, vers le IV è siècle il y a eu jusqu'à 100.000 habitants.
Je sais qu'on n'a débroussaillé que quelques km2 sur les 600 du parc. Il n'y a pas de guide mais j'ai les vieilles photos, et possède la carte des ruines dressée 10 ans plus tôt.
Vas-y jcb, la cité oubliée est à toi !
.. ...
À nous les pyramides, les temples, les palais, et autres terrains de jeu de balle... Mais d'abord et avant tout, la forêt qui a tout effacé pendant des siècles.
Mais quand arrive dans une clairière c'est le choc assuré, celui qui vous rend silencieux, c'est tout dire.
..
......
Mais c'est quand on a le courage de gravir les marches des pyramides (le temple IV mesure 72 mètres de hauteur !) qu'en haut, on frissonne vraiment, découvrant l'étendue de l'âme humaine et des dieux qui peuplent son esprit, et combien l'homme a toujours voulu leur construire et élever des monuments à la hauteur de sa peur et de ses craintes.
Mais Tikal, son nom l'indique, c'est aussi le lieu des stèles, présentes partout et dont je n'ai pas eu le courage aujourdhui de numériser toutes les diapos faites sur place.
.. ..
Ces stèles dont je collectionnais à l'époque les calques...
... ... ...
fasciné aussi bien par les 39 feuillets pliés en accordéon du codex de Dresde (visible là en entier et en détail), que les 22 de celui de Paris conservé à la Bnf, ou les 112 du Codex de Madrid (toutes visibles là aussi en détail) .
page 11
du codex de Madrid
page 11
du codex de Paris
page 11 du codex de Dresde
avec interprétation
Ce sont là les codex mayas. mais ceux qui s'intéressent aux autres, ils peuvent les trouver , avec par exemple le somptueux codex aztèque connu sous le nom de Codex Borgia
Pour en revenir aux Mayas, ils croyaient que la Terre était plate et carrée et chaque côté était représenté par une couleur : le rouge à l’est, le blanc au nord, le noir à l’ouest et le jaune au sud. Le centre était vert. Selon les croyances, les quatre coins étaient soutenus par une divinité ou par un arbre d'espèce et de couleur différente.
Pour précider le tout, la platitude de la terre était en fait le dos d'un crocodile géant qui se reposait dans un bassin rempli de nénuphars.
J'ai toujours préféré cette version à la nôtre où sur une boule on attend un vieillard assis dans le ciel et qui décidera si on va aller en enfer ou au purgatoire.
Impossible de parler de Tikal, sans évoquer le Popol Vuh, manuscrit du XVIè siècle écrit par un anonyme et qui s'est basé sans doute sur des peintures murales trouvées non loin de Tikal. C'est l'équivallent de la bible maya. On y explique la genèse du monde et des hommes (apparus après de nombreux essais et ratages...).
Je ne peux m'empêcher d'en parler car à l'époque (1979), j'étais un fan du groupe du même nom et dont j'appréciais beaucoup la musique classée alors comme avant gardiste...
Le Clézio venait de traduire trois ans auparavant les prophéties de Chilam Balam, un des livres à lire pour qui s'intéresse aux mayas, comme ceux de Jacques Soustelle qui à l'époque m'ont passionné, et qui aurait mieux fait de continuer son travail d'ethnologie, plutôt que se lancer dans une carrière politique criticable voire exécrable vers la fin.
Comme le fut le voyage du retour en bus vers Flores, sous une pluie diluvienne et de multiples arrêts passés à désembourber le bus.
" Parce que le peuple maya avait tout reconnu, y compris sa propre fin, parce qu'il avait traversé le mince écran de la réalité, pour contempler le mouvement de l'univers, il est encore présent, et nous sommes à l'intérieur de son regard."
Le Clézio.