Journal de Nogent le Rotrou
entre-deux
Journal de Thiron-Gardais
2004
2005
2006
dec
jan
fev
mar
avr
mai
juin
jui
aou
sep
oct
nov
dec
jan
fev
2, 4, 20 mars, 20 avril
mai
juin
jui
aou
sep
oct
nov
dec
Journal de Thiron-Gardais
2007
2008
2009
jan
fev
mar-avr
mai-juin
jui-aoû
sept
oct
nov
dec
jan
fev
mar
avr
mai
juin
jui
aou
sept
oct
nov
dec
jan
fev-mai
arrêt
aou-sept
2010
2011
ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
jour précédent Samedi 31 mai 2008 jour suivant retour au menu
Ça existe encore, et c'est à Thiron-Gardais,
Ça s'appelle un Comice. (1ère partie, samedi début de journée)

Ça faisait 10 ans que ce n'était pas arrivé. Tout le monde m'en avait parlé " Ah ! le Comice de Bellina " (l'ancien maire). Beaucoup attendait au tournant le nouveau maire, Victor, le " petit jeune " plus jeune maire d'Eure et Loir, qui héritait de " ça " lors de son élection il y a peu de temps ...
Et bien ils ont vu.
C'était bien un Comice.
..
Y'avait les militaires et les pompiers, et toutes les machines effrayantes qui fascinent les enfants (et les papas), (entre autre cet espèce d'hélicoptère sur roues fait pour nous empoisonner les poumons), y'avait les animaux, les concours, les médailles (comme celles qui étaient accrochées fièrement sur les murs de la ferme de mon grand père et que je regrette que personne n'aie pensé à les garder...). Des animaux oui, mais des splendeurs...

...
...
Contacts et regards entre l'homme et l'animal, l'adulte et ses petits, à chaque fois renouvelés...
...
..
Bien sûr, il y avait aussi la fête foraine, les milliers de fleurs en papier crépon fabriquées par tous les vieux du village...les mannequins devant chaque magasin (sans pouvoir m'empêcher de penser à P.Didion à chaque fois que je passe devant un coiffeur)...
... ...
Certes au début, samedi matin, le temps n'était pas de la partie, juste de quoi rendre les champs boueux. Qu'importe on s'en est tous mis plein les bottes.
C'est comme ça qu'on se fait de grands souvenirs. " Tu te souviens le comice où il avait plu le matin, le premier de Victor...?"
Mais le plus étonnant était cette énorme bête, un boeuf de 400 kilos, qui depuis le matin était embroché sur le parking de la pharmacie.
Monstrueux, pour un dîner populaire certes, mais quand même si énorme...Sur l'affiche ils appelaient ça " Boeuf à la broche, organisé par les éleveurs " !
Je me demandais où ils allaient bien pouvoir manger cela. Dans la salle des fêtes sans doute...
J'ai compris en début d'après-midi, quand ils ont commencé à barrer la rue principale et dresser les tables. Pas cent mètres ! TOUTE la rue. Il fallait être là pour le voir et le croire. Ils devaient avoir les yeux plus gros que le ventre et rêver un peu, surtout qu'à ce moment-là, il n'y avait pas, dans ce coin du village, grand monde, la plupart des gens étant au championnat des vaches laitières...
...
Mais dans le village attention, ça bougeait à vue d'oeil et la rue se métamorphosait sous les ordres de Victor et l'aide de beaucoup de bénévoles, en une véritable salle de restaurant...
Avec les filles, nous étions fascinés. Cela nous semblait impensable.
Vers 6 heures, quand nous sommes rentrés nous décrotter un peu à la maison, nous avons laissé la rue convaincus que sur cette scène-là allait sans doute se jouer plus tard une grande pièce.
On voulait revenir de toute façon, pour voir l'élection de Miss Comice Perche Thironnais, prévue và partir de 20 heures et planifiée en plusieurs épisodes, le premier étant présentation, interview des candidates, le second défilé en tenue de soirée...ce qui excitait bien sûr Léa et Charlotte très friandes de mode...
On n'imaginait pas bien sûr à ce moment-là, que nous allions passer une des soirées les plus agréables depuis bien longtemps, de celles qui nous réconcilient avec le monde, où personnellement je me sentirais dans un bien-être extrème, retrouvant là le monde de mes origines, moi le petit fils d'un paysan beauceron de Brézolles, Eure et Loir.
D'ailleurs, bousculant la chronologie, nous ne savions pas non plus, que nous repartirions vers minuit, après qu'un monsieur à gros ventre vienne vers moi et me dise on ne peut plus fraternellement : " Ben mon gars, c'est pas demain qu'" i " reverront ça ! "
C'est tout dire pensais-je en pensant à Flaubert et madame Bovary (" Que ces comices soient pour vous comme des arènes pacifiques où le vainqueur, en en sortant, tendra la main au vaincu et fraternisera avec lui, dans l'espoir d'un succès meilleur." (lire les occurences de comice dans Madame Bovary)
Sans oublier que Flaubert place la scène de déclaration de Rodolphe à Emma pendant un comice agricole,
me sentant subitement et pour un bref instant, un peu seul.