page précédente (reprise) Mardi 18 octobre 2011 page suivante (une journée minuscule...) retour au menu
Du plaisir de tordre le cou à ses préjugés
et de se mettre à table.

Je suis allé à l'exposition de Julie Petit un peu à reculons... Il faut dire que ni l'image de l'invitation (qui ne donnait pas assez d'indications sur ce qu'elle montrait : dimensions, nature du document, photo ? Peinture ? Photo d'une peinture ? Sculpture ?), ni le texte reçu par mail ("Entre performance bucolique et art culinaire...") ne m'inspiraient vraiment.
Disons que cette religieuse ne me titillait pas les papilles ni saliver des neurones.
Mais comme je suis un supporter de la galerie In Situ, et un adhérent de l'association Label Friche qui s'occupe depuis l'année dernière de cet endroit nogentais, où on peut voir à mon avis les propositions les plus intéressantes de la région (qui changent des sempiternelles expositions de Courant d'art), j'y suis allé quand même.

Et là ce fut la bonne surprise : j'ai trouvé cela très "sympa", drôle, bien fait, bien présenté et intéressant !

Il y avait, c'est le cas de le dire à boire et à manger, pour la bouche et pour l'esprit.

. .
Cette exposition, pour une fois remarquée et saluée dans la presse locale qui y a consacré plusieurs articles moins insipides qu'à l'habitude (saluons Stephane Marchand qui est le seul qui ose signer ses articles), propose pâtisseries, légumes, pain et viandes, volailles et charcuterie. Il y en a pour tous les goûts. C'est fait avec de la ficelle, du cuir, et des tissus et étoffes variés.
Bien fait, bien ficelé, bien présenté sur des tables qui donnent à l'exposition un côté installation.
L'installation est réussie car ça ne fait pas salle de restaurant non plus. Chaque ensemble existe et se suffit à lui-même. En plus, c'est facile mais le jeu fonctionne : parfois on hésite entre la "fausse" nourriture et "la vraie" quand elles sont mélangées sur la même table.
..


Le canapé est pour moi moins réussi car chacun de ses éléments est trop "grossier", pas assez travaillé dans le détail, réduit juste à sa forme. De plus l'analogie entre le mobilier et l'art culinaire est discutable (un canapé est un long siège à dossier ou une tranche de pain de mie couverte de garnitures diverses).
Dans les deux cas le mot ne convient donc pas et la synonymie ne fonctionne pas. On a là un sandwich et à la rigueur un divan couvert de coussins (qui n'a ni bras ni dossier et qui peut servir de lit...).
Qu'importe après tout car Attention : chaud devant !
Outre un humour et une légèreté reconnus par tous, on trouve aussi dans le travail de Sylvie Petit un certain érotisme, avec, cuir et cordes obligent, une certaine fascination pour le sadomasochisme, et plus précisément le bondage (comme le souligne justement Stephane Marchand dans son article).
Saucisses et saucissons à profusion !
..
Quant à la belle marquise qui vous accueille, ne cherchez pas à soulever sa robe pour voir le secret qu'y trouve caché ! Il n'y a là que son carnet de conquêtes qui lui sert, c'était courant à l'époque certes, de garde-manger !
Ou alors, tout n'est vraiment en effet que chair (à saucisse) et volupté !
S'approcher de son chapeau ou de ses aisselles ne fera que confirmer l'hypothèse.
Quelle idée aussi que de vouloir s'approcher d'une Pompadour !

A noter sur un mur une série de dessins (qui méritent eux qu'on s'en approche, tellement la plume y est précise et fouillée) qui visiblement ont rapport avec un autre projet et montrent un autre aspect du travail de Julie Petit, dont je ne parlerai pas ici faute de temps, et parce qu'il me semble plus ancien.
. .
En fait, si au départ rien n'est original en soi dans cette exposition, d'Arcimboldo à la banane d'Andy Warhol, des tables de Spoerri au Eat art, on en a vu d'autres, le travail montré là est bien fait, bien exposé et l'ensemble plein d'humour, agréable et non dénué d'intérêt. Sa liaison avec des ateliers publics ("Promenons-nous dans les bois...") rend intéressante cette jeune artiste sympathique et donne envie d'en voir plus, ce que je conseille de faire en allant sur son site.
On y découvre le travail énorme que cette artiste a déjà réalisé autour de la table : scènes de genre, natures mortes, installations gourmandes ou dessins...
Ne ratez pas ses bacchanales, avec sa Miss Beef, ni sa version d'une peinture nordique, tout en délicatesse, faite de tissu, feutrine, fourrure, skaï ,cuir, étoffes et dentelles...
De quoi mettre un peu de zeste dans votre vie, jusqu'à samedi.