Journal de Nogent le Rotrou
entre-deux
Journal de Thiron-Gardais
2004
2005
2006
dec
jan
fev
mar
avr
mai
juin
jui
aou
sep
oct
nov
dec
jan
fev
2, 4, 20 mars, 20 avril
mai
juin
jui
aou
sep
oct
nov
dec
Journal de Thiron-Gardais
2007
2008
2009
jan
fev
mar-avr
mai-juin
jui-aoû
sept
oct
nov
dec
jan
fev
mar
avr
mai
juin
jui
aou
sept
oct
nov
dec
jan
fev-mai
arrêt
aou-sept
2010
2011
ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Mardi 1er janvier 2008 jour précédent jour suivant retour au menu
Pierre Bergounioux n'est pas homme à réveillons ...................................(Les bergouniennes)
ni homme à les raconter. (bergounienne no 21)

Pour affirmer cela il faut avoir lu les Carnets de notes (les deux volumes parus couvrent la période allant du mardi 1er janvier 1991 au 31 décembre 2000).
Il faut donc avoir lu :
-les 24 décembre (la journée du réveillon de Noël),
-les 25 décembre (jour de Noêl, le lendemain du réveillon)
-les 31 décembre (réveillon du nouvel an, dit aussi de la saint Sylvestre)
- les 1er janvier (nouvel an, lendemain du réveillon).
Si l'on prend par exemple le premier volume (Carnets de notes 1980-1990) on trouve pour résultats :
Jours clés
Années où des notes sont datées de ce jour
Total
24 décembre
(jour du réveillon)
1980 - 1981 - 1982 - 1983 - 1986 - 1988 - 1989 - 1990 - 8
25 décembre
(Jour de Noël
lendemain du réveillon)
1980 - 1981 - 1982 - 1983 - 1984 - 1986 - 1987 - 1988 - 1989 -1990 - 10
31 décembre
(jour du réveillon)
1980 - 1981 - 1982 - 1983 - 1984 - 1985 - 1986 -1988 - 1989 - 1990 - 10
1er janvier
(Jour de l'AN
lendemain du réveillon)
1981 - 1982- 1983 - 1984 - 1986 - 1987 - 1989 - 7
On peut donc dire, à part quelques exceptions rares, que Pierre Bergounioux tient ses carnets aussi régulièrement dans ces périodes dites de fêtes, que le reste de l'année.
C'est cela sa discipline et cela n'étonne pas le lecteur de Bergounioux.
Il sait que Bergounioux n'est pas homme à entorses.
La lecture des notes montre que ces jours-là, il lit comme d'habitude, et pratique ses activités favorites de vacances, géologie, insectes, réserve de bois pour le travailler, visite des menuisiers et des ferrailleurs...(Contrairement aux fourmis, Pierre Bergounioux fait l'hiver ses réserves et ses provisions pour l'été) etc... (n'oublions pas qu'il est enseignant et a donc comme dates de vacances celles du calendrier scolaire).
Ces pages-là sont des pages d'hiver, le plus souvent passé dans la maison des Bordes, le froid, sous des cieux purs, à moins de surprises (" Il fait beau et tiède. C'est comme une journée de printemps qui se serait hasardée aux tréfonds de décembre. " (p.10). (Remarquons au passage, vu le découpage éditorial, que les deux volumes des Carnets commencent et finissent, forcément en hiver.)
Ben alors, y'a pas d'insectes en hiver, qu'est-ce que tu racontes...
Mais si :" Je pousse jusqu'à la grande grange avec l'espoir d'y découvrir des papillons en état d'hibernation. je ne trouve que des ailes, nombreuses, de Tortue, Morio et Paon du jour. les chauves-souris ont eu la même idée que moi, avant moi." (p.97)
Pour revenir à notre sujet, les références à un réveillon, à un repas dit de Noël, celui que les Français passent traditionnellement " en famille ", sont rares dans le texte. Non pas que Bergounioux les passe seul (au contraire, il n'est jamais seul, toujours accompagné des siens, en famille, qu'elle soit de son côté ou de celui de sa femme), mais il n'en parle pas, ou peu.
Discrétion constitutionnelle de Bergounioux sur certains sujets. On n'a jamais conseillé d'ailleurs de le lire pour entendre parler de sexe, de dieu, ou d'histoires sentimentales !
Comme l'a écrit Claire Devarrieux dans l'Humanité (Libération du 20 décembre 2007) : " On ne surprendra pas l’écrivain dans son intimité, bien qu’il n’en cache aucun des jalons calamiteux, les échographies, les fibroscopies. Mais il ne les détaille pas. L’espace privé qu’il donne en partage est strictement délimité. "
Que trouve-t-on sur Noël et les fêtes familiales ? Conformément à ce que l'on vient de dire, pas grand chose :
" Quatre ans, déjà, que nous y étions tous réunis pour la dernière fois, les parents, Marraine, les enfants. En 78, l'absence de Marraine pesait sur le repas de Noël." (p.96)
Rassurons-nous, Bergounioux offre pour Noël, des cadeaux à ses deux garçons, ses " petits" :
" Aube limpide sous la neige. les petits ont déballé leurs cadeaux. le vaissseau spatial de jean mugit et s'illumine. Paul a déjà entamé la boîte de pêches au sirop qu'il va promener jusqu'au soir, fermement serrée sous son coude." (p.171-172)
Il achète des cadeaux aussi pour son père (par exemple avec son frère Gaby, il achète pour son père une ponceuse, le 28 décembre 82 (p.269)).
Il ne s'échappe pas des repas traditionnels :
" Nous nous retrouvons tous les sept devant la dinde rituelle. Je ne peux pas ne pas me rappeler les Nöels d'autrefois. Celui de 1973, Jean venait d'arriver. " (25 décembre 1983, p.269)
Le jour de Noël 1986 (p.559) " Les petits déballent leurs jouets ", le 24 décembre 1990, quatre ans plus tard, il note bien à Brive que " Tout est ouvert, en cette veille de Noël, et le lundi a des airs de samedi. Je descends faire quelques courses. Il fait gris et il gèle." (p.945).
C'est tout pour le premier volume des Carnets de notes !
Cinq références ou allusions sur 11 Noëls et 10 premiers de l'AN ! Les repas de famille sont bien là, de plus en plus tristes par l'absence des disparus, mais pas directement décrits dans les Carnets, où ils ne sont évoqués que comme souvenirs du temps passé.
Le 27 décembre 1982, donc entre deux réveillons, il note (p.173): " À Brive, où m'envahit une irrépressible mélancolie. Tout le bonheur est dans les souvenirs."
La période est bien prétexte à grandes réunions familiales .
Par exemple le 29 décembre 1982 (p.174), " Ninou, Norbert et marie arrivent vers midi avec M. et Mme B. Mam garde les petits. Nous allons déjeuner tous ensemble au Régent. Il y a douze ans que nous nous y étions retrouvés, Cathy et moi [...]" Gaby et Maïtine sont arrivés entre-temps de Bayonne[...]"Mais pas de compte-rendus des repas.
Bergounioux n'est pas un chroniqueur gastronomique, et n'est pas du genre blogueur qui met en ligne ses repas.

Le lecteur ripailleur a bien une fausse alerte le 26 décembre 1990 : Cathy va chercher (p.947) " deux canards gras qu'elle avait commandés. Avec l'aide de Mam, elle découpe les deux bestiaux, met la graisse à fondre, prépare confits et pâtés. De cette viande émane une odeur forte, un peu sauvage, qui m'incommode." Fausse alerte, car ce n'est pas pour l'éventuel réveillon qui approche. Ce jour-là, le 31 décembre 1990, Pierre Bergounioux fera de la soudure le matin, commencera à ranger et préparer ses affaires pour le retour à Gif, l'après-midi ira avec Cathy dans une carrière au Mouthier-Ventadour, où affleure un gros filon de serpentine, et rentrera en passant par un supermarché faire quelques achats (p.951, la dernière de ce volume).
Pas de grandes fêtes spéciales donc chez les Bergounioux à Noël ou au premier de l'An.
La plupart du temps ces journées fériées sont vécues tout à fait normalement. Ce qui n'empêche pas une ambiance à laquelle il est sensible ( p.657, le 25 décembre 1987 : il note : " Cathy a fait du feu partout, réussi à réchauffer un peu la maison. Les petits, touchés du charme sombre de Noël sur l'antique montagne, dans la forêt, sont rendus à eux-mêmes, à leur naturel charmant. Paul nous régale de boutades, Jean itou.")
Il faut dire aussi que beaucoup de 31 décembre ou 1er janvier sont consacrés au voyage retour à Gif., Éducation Nationale oblige, sur les routes de l'hiver français, Limoges, Orléans, et qui demande, selon le temps et l'état des routes, en moyenne entre 5 et 7 heures.
Voyages effectués de jour comme de nuit, tôt ou tard, à cette époque avec une R 18, et par tous les temps, brouillards et verglas ou non, lentement ou rapidement (car Pierre Bergounioux peut rouler vite et son rapport à la conduite automobile, incluant accidents ou ennuis de mécanique, mérite une future bergounienne).
Ainsi sur les onze hivers couverts par ce premier volume, les retours à Gif se sont effectués :
- 1 fois le 29 décembre (1987, p.659),
- 3 fois le jour du 31 décembre (1984, p.363,)(1986, p.562),(1989, p.856),
- 4 fois le jour de l'An, 1er janvier (1983, P.177), (1984, p.175),(1986, p.562), (1990, P.7 du volume 2)
- 3 fois le 2 janvier (1981, p.15),(1982, p.101),(1989, p.770).
Il est donc normal pour un 31 décembre par exemple,de ne pas trouver de récit de réveillon, : Pierre Bergounioux était sur la route, la voiture chargée de provisions, de bouts de bois, de plantes (pour Cathy)...
Discrétion et intimité bergouniennes ! On a bien la preuve que Les carnets ne sont pas ni des journaux, ni des écrits intimes. En cela ils sont à intégrer complètement dans son oeuvre littéraire, d'où leur grand intérêt, je l'ai déjà dit. Ils n'y a pas à les séparer du reste, des autres livres ou écrits. ils font partie de la même recherche, celle où Bergounioux s'est lancé depuis l'âge de 17 ans.
Les Carnets sont inséparables du reste qu'ils incluent, contenant l'histoire de chaque " affaire ", chaque livre de Bergounioux.
Comme d'habitude cette bergounienne, en croisant le texte bergounien et ma propre expérience, m'aide, m'oblige, me permet de me demander aussi ce que moi jcb, suis, pense, ressens...et alimente donc ma propre recherche.
C'est toute la raison profonde d'être de Bergounioux et moi.
N'empêche que je m'aperçois que les réveillons dont je me souviens ne sont pas liés aux repas, mais aux lieux (endroits particuliers...), au temps (la neige, la tempête...), aux gens qui étaient avec moi, et à des évènements extérieurs.
Je me souviens particulièrement bien par exemple :
- du Noël à Bérou la Mulotière, celui où j'ai reçu un tir au pigeons,
- d'un Noël à Tepotzlan au Mexique, ches les Brochards,
- d'un réveillon chez les mêmes au Québec
- d'un réveillon passé dans l'avion, lors d'un retour de Nouvelle-Calédonie,
- de deux réveillons passés dans ma maison du Fonchain,
- et de quelques autres aussi. Le pourquoi du souvenir, n'ayant rien à voir avec les indications (repères) permettant de les citer.
Mon réveillon de Noël, cette année s'est passé chez des amis à Montpellier, comme je l'ai laissé supposer la page précédente. Il y a fort à parier, qu'il restera lié à la visite du cimetière marin et à la nuit blanche précédente.
Mais sait-on jamais et peut-on prédire ses souvenirs ?