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Vacances à Thiron-Gardais 32ème jour : Le lac Titicaca
Après un long voyage dans un train comme on en fait des séries à la télévision, nous arrivons à Puno au petit matin. Nous sommes le mardi 27 juillet 1971. Il fait un froid épouvantable, la ville est minable.
On s'installe à l'Hôtel Ferrocaril en face de la gare bien sûr. Il semble que nous sommes les seuls touristes. L'hôtel est aussi désert que minable.
Le lac Titicaca est le plus grand lac d'Amérique du Sud (plus de 8000 km2) et le plus haut lac navigable, situé à plus de 3900 m d'altitude, à cheval sur le Pérou et la Bolivie, ce qui explique sans doute le froid qui nous pétrifie.
Il comporte un Lac Mineur et un Lac Majeur, ce qui ne nous dit rien encore, alors que l'année suivante nous pleurerons bien sûr sur la chanson de Mort Shuman (vidéo).
Quand dès 8 heures du matin on part visiter les îles flottantes où vivent ce qu'il reste des indiens Uros, nous sommes tristes car on a compris qu'on ne pourrait pas passer en Bolivie, la situation étant tendue, avec des manifestations violentes, et il faudrait qu'on abandonne nos passeports en entrant, chose qu'on ne fait jamais quand on voyage.
On a eu raison, quelques semaines plus tard (le 22 août 71), le militaire dictateur Hugo Banzer allait prendre le pouvoir.
Pour voir ces fameux îlots spongieux faits de roseaux où vivent les indiens Uros, il faut louer pour chacun une totora, barque tressée de joncs assez plate et qui ne résiste pas longtemps à l'eau (2 mois). C'est le travail de quelques jeunes hommes de veiller à entretenir constamment à cette " flotte " et à en tresser sans arrêt.
Dès que la jeune fille me voit la prendre en photo, elle se baisse pour se cacher.
..
L'îlot où l'on débarque n'est pas très grand et on sent très bien que le sol n'est pas stable, que l'insalubrité est grande, il n'y a ni eau potable ni électricité.
Dans le guide, on apprend que ces Indiens se sentent maudits par les dieux et mal aimés des terriens, et que c'est la raison pour laquelle ils se sont réfugiés sur le lac.
La consanguinité explique la dégénerescence progressive de ses indiens, nous explique encore le guide (nous sommes au début des années 70), et annonce leur disparition.
En fait, les vrais Uros ont disparus depuis les années 60. Ceux qui les remplacent sont des indiens aymaras. Ainsi donc, voilà ce qu'il reste de ce berceau du peuple Inca pensons-nous, chacun de notre côté.
En quittant l'île, devant le froid et la tristesse qui nous engourdissaient, nous avons décidé de prendre le train de nuit pour Arequipa et de ne pas séjourner à l'hôtel.
Nous pensions que nous assistions aux derniers indiens du lac.
Je vois aujourd'hui que ce n'est pas le cas, et que les citernes d'eau et les marchands de souvenirs sont sur ces îles.
Quelle tristesse (voir vidéo)!
Heureusement qu'aujourd'hui quand j'écris ces lignes, je peux me consoler en pensant à la nuit du 4 août et à l'abolition des privilèges, que je célèbre chaque année, en me disant les mêmes choses.
Il y a comme ça, des dates que l'on a en soi, gravées.