samedi 10 novembre 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
énorme chaufferie, brulerie, usine à ciment ou béton ?
question posée par François Bon dans sa chronique photos du 6 novembre, et intitulée l'île dans la ville.

Il se trouve que suite à mon séjour aux États-Unis, de 1973 à 1979, j'ai eu la chance de visiter cet endroit, introduit par " quelqu'un de bien placé ", et que je peux donc lui apporter avec plaisir quelques précisions.
J'utiliserai pour cela quelques-unes de ses photos (©françois Bon) pour aider mes éventuels lecteurs.
Ce lieu est en effet à la fois fascinant (par sa position, la grandeur de ses installations, le réseau fluvial qui le traverse, l'extravagance et la variété d'unités disparates...) et effrayant (par son échelle inhumaine, la difficulté de relier les différentes parties, ses élancements vers le ciel...) mais surtout en effet par la difficulté à comprendre de quoi il s'agit, et de savoir ce qu'on peut bien faire dans un tel " bazard ".
Pour une fois que je sais quelque chose, je ne peux qu'en profiter pour le faire partager.
Il s'agit en fait du plus grand Centre urbain mondial d'espionnage et de renseignements maquillé en une monstrueuse confiserie pour enfants, et qui a d'ailleurs sans doute inspiré un célèbre film récemment !
L'originalité est bien sûr que cet endroit, normalement réservé et consacré au secret, est là étalé au grand jour et même autorisé à la visite publique (enfin, une partie, car ce qu'on l'on voit au-dessus du sol. Pour la partie immergée, car il s'agit-là d'un iceberg, pour ne pas dire d'un cône glacé, il semblerait qu'il ait inspiré de nombreux décors de quelques James Bond...c'est tout vous dire, surtout qu'à côté du modèle dont je vous parle, les connaisseurs affirment que " c'est de la gnognotte ! " .
Avec autorisation préalable, les privilégiés peuvent y venir avec leur yacht, les autres sont obligés de prendre la navette venant de Manhattan (on ne peut y venir en voiture).
Pour séparer la paille du grain, le prix d'entrée est cher : 75 dollars, valable la journée (insuffisant si on veut tout visiter).
Les enfants ont une forte réduction (n'oublions pas qu'il s'agit officellement d'une confiserie).
Les chambres vont de 100 à 400 dollars la nuit.
On comprend que François Bon, dont les droits d'auteurs ne lui rapportent que des clopinettes, n'ait pu voir ce Centre que de loin.
Le passage à l'usine à souvenirs est obligatoire à la fin de la visite, mais le ticket d'entrée donne 10 % de réduction sur tous les produits vendus, sauf sur les DVD et les jeux vidéos. L'usine est gérée par contrat par la société Google, qui en a le monopole d'exploitation.
On dit qu'elle rapporte 12 millions de dollars par an et que les bénéfices sont tax deductible mais réinvestis dans la recherche. On ne sait laquelle. C'est secret.
On comprend aussi que François Bon était venu là, pour se documenter sur son futur livre sur Bob Dylan.
François Bon, a bien vu qu'il se passait là des " choses " étonnantes ou surprenantes dans cet endroit, mais ces photos-là sont pourtant autant d'indices...qui auraient du lui mettre la puce à l'oreille.
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Certes, le chariot porte-valise posé à gauche montre qu'on laisse aux désobéissants leurs affaires, et qu'ils peuvent donc se changer comme ils veulent (il doit faire chaud ou froid dans la caisse, on sait que New York a un climat continental), mais quand même !
Les mauvaises langues disent qu'en fait la caisse est le départ d'un escalier qui va sous le fleuve où se trouvent des " cuisines spéciales ".
La carte postale la plus vendue : celle de la confiserie officielle, les seuls bâtiments dans lesquels on entre (derrière les cuves bleues).
Á noter quand même l'absence d'ouvertures sur l'extérieur, qui rend difficile, une fois à l'intérieur, de savoir ou de trouver des repères qui nous assureraient qu'on est bien dans ces bâtiments-là ! On voit sous les cuves bleues cinq grandes bouches d'aération, qui laissent échapper il est vrai, de bonnes odeurs sucrées.
Mais il est difficile dans ce Centre de se fier à son nez. Sur une autre photo prise par François Bon, on se rend compte que l'environnement est fabriqué à volonté.
On n'a jamais entendu d'une protestation, ni dans leurs tracts, ni dans leurs déclarations publiques, de la part des écologiques ni de personne d'ailleurs, pour pollution atmosphérique de cette zone. Des mauvaises langues sous-entendent que la tour de gauche laisse diffuser des substances qui agiraient sur notre cerveau. Officiellement cette tour est hors d'usage.
Le grand bâtiment bleu ne se visite pas. On achète les timbres souvenirs à l'usine à souvenirs située à la sortie. Ce qu'en raconte le guide (cf légendes) est très suspect, vu la surveillance intense dont il est l'objet. Les gens bien informés disent qu'il s'agit du centre des écoutes téléphoniques faites sur les portables des newyorkais. Si on doute (pas d'antennes ?), on nous assure que les antennes sont au-dessus de la " confiserie " .
Sur un agrandissement de la photo déjà montrée de François Bon, on peut en effet en discerner quelques-unes, celles spécialisées m'a t-on dit sur les basses fréquences. Je n'y connais rien, mais à y regarder de près, on les voit bien, sur le toit situé au-dessus de la passerelle de surveillance :

Mais les deux photos les plus étonnantes, faites en toute innocence par François Bon, sont les deux suivantes, qui montrent que les Français, même s'ils ne s'en doutent pas, sont concernés par ce Centre (et les Américains nous font payer cher ce service paraît-il).Comme celle qui montre un sous-marin que nous expérimentons là-bas, pour écouter en eau trouble les conversations téléphoniques des grandes villes françaises traversées par un fleuve : Paris, Bordeaux, Lyon, Tours...
Ces expérimentations ont, paraît-il, été décidées et rendues nécessaires, suite à notre lamentable échec contre le Rainbow Warrior.
Comble de l'ironie, s'il en manque encore à beaucoup d'utopistes, et preuve qu'on vit une époque formidable, il semblerait que Greenpeace fasse ses propres essais, non loin de là, dans des hangars aménagés dans une zone un peu à l'écart du Centre, et les mauvaises langues disent même " qu'eux, les Américains ne les font pas payer " !
Ce sont bien sûr les mêmes qui affirment que le gardien du phare est un russe transfuge arrivé là au moment de la chute du mur de Berlin !
Je ne sais pas si François Bon a raconté tout cela à Stephane Audéguy quand il lui a conseillé d'aller se ballader dans ce bel endroit. Un endroit béton en effet !
Il paraît qu'un homme averti en vaut deux.