Jeudi 17 mai 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
Bazille encore
ou : les bonnes surprises d'Internet. (no2)

J'avais fait il y a maintenant presque 2 ans (en août 2005), sur une proposition de PDJ, une longue étude sur L'atelier de Bazille, rue de la Condamine, cherchant à montrer, à partir des tableaux accrochés sur les murs, combien ce tableau était important...et quel dommage que Bazille soit fauché à 29 ans dès le début de la guerre de 1870, à Beaune-la-Rolande (près d'Orléans), le 28 novembre de cette année-là. Renoir et Monet avaient le même âge que Bazille, Manet 38. Tout le monde n'a pas la chance ni le temps de réaliser l'oeuvre qu'il porte en lui.
Et ne voilà t-il pas qu'il y a quelques semaines, deux ans après donc, que je reçois le mail d'un érudit spécialiste de Bazille, qui me contacte et m'annonce qu'on vient de découvrir une nouvelle toile de Bazille.
Et non seulement cela, car ce lecteur m'envoie peu après le supplément hors commerce au catalogue raisonné par Michel Schulman, livre qui m'a encore fait rêver,(hors de mes moyens, vendu plus de 100 euros), lors de ma dernière visite au Musée Fabre de Montpellier, ) Michel Schulman est connu non seulement pour son catalogue sur Bazille mais aussi pour son travail à l'AJP (Association des journalistes du patrimoine) qu'il préside, et pour ses études et publications sur Théodore Rousseau (2 tomes) et Johan Barthold Jongkind.
Il travaille en ce moment sur le catalogue raisonné de l'oeuvre de Constant Troyon et celui de Georges Michel.
Avec l'autorisation de ce lecteur, Charles Hooreman, qui a travaillé d'ailleurs avec M. Schulman sur ce supplément, j'apprends donc que cette huile s'appelle La repasseuse et date de 1866. Je vous retransmets ses précieuses indications, car comme il le dit lui-même, " on ne fait pas des tonnes de découvertes sur Bazille tous les jours " :
" Ce tableau sort d'une collection particulière qui était ... à Montpellier. C'est l'expert Michel Schulman qui l'a découvert[...].
Celle-ci a été peinte à Méric, dans une pièce appelée la lingerie. La Repasseuse est, suppose-t-on, la mère de la jeune fille de La Vue de Village (musée Fabre). Toute l'histoire est passionnante ! Elle est datée 1866 (sous la signature), et mesure 100 x 80 cm. Elle possède son ravissant cadre d'origine en stuc doré. Le tout est dans son jus (toile et cadre)[...].
Mme. Valérie Bajou a également vu le tableau de La Repasseuse plusieurs fois, et elle est convaincue de son authenticité. D'autres personnes ayant autorité sur Bazille, partagent aussi la même opinion : Michel Hilaire (conservateur au musée Fabre), Dianne Pitman (érudit indépendant en Californie). François Daulte est mort hélas.[...].
À l'époque de La repasseuse (1866), rappelons que Bazille peignait les Poissons (Detroit Institute of Art) qu'il a présenté au salon de la même année, Petite Italienne chanteuse des rues (qui est au Musée Fabre, tableau que j'apprécie surtout pour le traitement des rues situées derrière la fillette), et La terrasse de Méric (celle qui est au Musée du Petit Palais à Genève).
Si vous êtes vraiment intéressé(e) par Bazille, je peux demander à Charles Hooreman de vous envoyer cette brochure. On y trouve bien sûr beaucoup plus de détails sur cette nouvelle toile, mais aussi sur d'autres tableaux, y compris l'atelier de la rue Condamine.
Pas le temps de m'attarder ce tableau, mais des détails sont très intéressants surtout au niveau des draps et de tout ce qui est sur le fil à linge. Les couleurs sont sobres et subtiles : on voit que Bazille hésitait entre réalisme et impressionnisme...
Il faudrait aussi voir les autres repasseuses, le thème ayant été peint à maintes reprises au XIXè siècle.
Michel Schulman place celle de Bazille entre celle de François Bonvin de 1858 (à gauche, qui est au Musée de Philadelphie) et celles de Degas (en particulier La repasseuse à contre jour, à droite, et qui est à la National Gallery de Washington, commencée en 1876 et reprise en 1887).

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