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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
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Vacances à Thiron-Gardais 17ème jour : L'ouverture du pont Faidherbe
Ce jour-là fut un évènement : l'ouverture du pont Faidherbe à Saint-Louis du Sénégal où je résidais depuis novembre 1979.
Ce pont relie la Langue de Barbarie et l'Ile Saint-Louis au continent.
Je le traversais à mobylette, plus tard à moto, au moins 4 fois par jour, et vu son état et son âge, je ne supposais même pas qu'il puisse encore s'ouvrir.
Il faut dire que ce monument historique en avait déjà pas mal vu, et rouillait de partout, fatigué d'une longue histoire à rebondissements, et peut-être aussi de toutes les rumeurs qui ont toujours circulé sur son compte.
Car ce n'est pas vrai, comme on peut encore le lire sur certains guides ou livres de voyage, (et même encore sur Internet aujourd'hui) qu'il avait été fabriqué par Eiffel pour être installé sur le Danube, et que par erreur administrative énorme, il avait été livré, le temps d'un périple dont on imagine à l'époque les péripéties, à Saint-Louis puique la longueur concordait.
Mais à l'époque où j'ai pris ces photos je croyais dur comme fer, cette légende.
Ce n'est qu'assez récemment que j'ai appris, avec regrets, cette trop belle histoire pour être vraie.
En tout cas, ce jour-là je me suis trouvé avec la foule des grands badauds, bloqué sur l'île, devant l'Hôtel de la Poste, dans l'impossibilité (bienvenue) de ne pouvoir rejoindre Sor où j'habitais, c'est-à-dire le continent.
La première fois qu'il s'était ouvert, c'est lors de sa première inauguration (car ce pont pas comme les autres a été inauguré deux fois)
- C'était le 14 juillet 1897, c'est-à-dire il y a donc exactement 110 ans la semaine dernière, par le gouverneur-général Chaudié. On imagine les fastes !
" Madame Chaudié coupa les rubans barrant les issues de l'ouvrage. Le gouverneur et sa suite se mirent sur la travée tournante qui s'ouvrit, livrant passage à l'aviso l'Ardent. Par ailleurs, 21 coups de canon avaient été tirés au lever et au coucher du soleil, plusieurs courses de chevaux et d'ânes (avec pari mutuel avaient eu lieu, de même qu'une fantasia, un mât de cocagne, des régates, une revue des troupes, une distribution de secours aux nécessiteux, une retraite aux flambeaux, l'illumination des monuments publics, un feu d'artifice. Le lendemain, Chaudié partait en congé en France. " (site officiel de la ville de Saint-louis du sénégal, où l'histoire de ce pont est magnifiquement racontée en détail)
J'imagine avec une vieille carte postale et avec une photo de l'Aviso Ardent, trouvées sur le net, la scène et les réjouissances.
On voit bien sur la carte postale les arches et la travée tournante. D'un point de 1300 tonnes pour ses 506 mètres, il avait coûté à l'époque 1 118 000 F. Construit, je le rappelle, après délibérations épiques, non pas par la société de Levallois-Perret (ex-Eiffel), ce que proposaient les instances parisiennes, mais par la Nougier-Kessler & Co, préférés par les responsables des TP de la colonie et certains résidents.
- la deuxième inauguration eut lieu le 19 octobre 1897 par André Lebon, premier ministre des Colonies à se rendre au Sénégal, à l'invitation du Conseil général et de la municipalité. " Dans son discours, Léon d'Erneville, président du Conseil général, rappela que ce pont était œuvre exclusive du budget local. Il démontre que nos colonies, si calomniées, ont plus de ressources qu'on ne veut bien le dire. A nouveau, la cérémonie fut l'occasion de festivités diverses. "
Mais quand je fais ces photos, il n'y a que badauds et curieux et je serai seul à arroser l'évènement sur la terrasse de l'Hôtel de la Poste, avec ma boisson favorite de l'époque, le gin-tonic.
Je ne savais pas bien sûr que l’île Saint-Louis serait inscrite en 2000, par l’Unesco, sur la liste du Patrimoine mondial, et qu'en janvier 2007 seraient ouverts officiellement les travaux de réhabilitation de ce pont avec un budget français (AFD, Agence Française de développement, pour 12,1 millions d'euros) et sénégalais (7,3 millions d'euros).
La travée tournante est hors d'usage depuis longtemps, suite à plusieurs collisions de navire.
Bonne occasion, en commandant le gin-tonic suivant, d'écrire mes Lettres de Saint-louis (publiées dans un chapitre de Et la mer disait), sous l'ombre de Pierre Loti qui avait séjourni ici (1873-1874), au "32 rue Marge" et y avait écrit Le Roman d'un Spahi.
J'en ai en tête encore aujourd'hui ces lignes de l'introduction, mille fois recopiées et mises en exergue dans beaucoup de mes courriers de cette époque :
" Cet isolement de la mer est pour ce pays une grande cause de stagnation et de tristesse; Saint-louis ne peut servir de point de relâche aux paquebots ou aux navires marchands qui descendent dans l'autre hémisphère. On y vient quand on on forcé d'y venir; mais jamais personne n'y passe, et il semble qu'on s'y sente prisonnier, et absolument séparé du monde."