Dimanche 21 octobre 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
- Albert, Y'a un Centre Culturel à Vendôme ?
demande le patron du bar à son serveur.

Je lui assure que oui. Je suis dans le centre ville de cette ville que je n'avais vu jusqu'ici que sur les pancartes. Il caille, il fait nuit.
Je me demande si je ne me suis pas embarqué dans une galère. Me retaper les 150 bornes dans l'autre sens et bredouille ne me séduit guère.
Je retourne dans la voiture chercher le journal local, acheté dans un café précédent et lui montre l'article.
.....
- Vous voyez, c'est marqué, que c'est au centre culturel, ce soir.
Trente minutes plus tard, même scène dans la cafétaria de l'hypermarché. Là ce sont deux jeunes serveuses qui ouvrent grands leurs yeux devant le journal.
C'est finalement une dame de mon âge, en train de manger qui se lève et m'explique que c'est à 200 mètres de l'hypermarché où nous sommes.
Vendôme, 18500 âmes.
Je retrouve mes amis Olivier Mellano et Emmanuel Tugny dans une salle qui sert de loges, espérant que la surprise est bonne. Je rencontre Laure Limongi qui est là, pour faire une lecture avec Emmanuel accompagnés par Olivier à la guitare. Accolades et petit coup à boire rapide, ils rentrent sur scène dans cinq minutes.
C'est Laure Limongi qui commence. Elle lit des passages de Fonction Elvis, son quatrième livre. Ce n'est pas une biographie d'Elvis. Emmanuel Tugny lui répond avec Corbières le crevant. Ce n'est pas une biographie de Corbières. S'en suit une partie improvisée avec comme arguments, une langue, un rythme, des répétitions, des fondus enchaînés, des surimpressions. Work in progress, on travaille au coup par coup, qui crée ses surprises, ses hasards, comme autant de vignettes inattendues, où Laure Limongi est conductrice d'un suspense, admirablement encouragé par la guitare de Mellano, présente, participante, discrète quand il le faut, prégnante aussi quand on s'y attendait le moins.
Deux livres qui sont autant de fictions musicales et qui se rencontrent là.
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Pregnant, c'est ça.
Le dictionnaire dit : " Construction qu'il faut interpréter par une sorte d'anticipation, en lui donnant un sens qui n'est pas rigoureusement énoncé."
Applaudissements.
On se retrouve " backstage ".
Le temps de faire connaissance avec Laure Limongi, que je connaissais que de nom, comme directrice de collection chez Leo Scheer (elle est un des 2 L et son nom est sur les couvertures) et par ses blogs (rougelarsenrose, narcissoshow et ambition, sans parler de celui de Leo Scheer sur lequel elle intervient), d'échanger des nouvelles, de se poser quelques questions sur notre vie, nos proches, notre travail, nos projets, et de goûter (modérément) ce whisky qui m'est inconnu, n'étant qu'un pauvre amateur de vin rouge, le Lagavulin.
On parle de la couverture du livre Corbières le crevant, (choisie par Laure Limongi), des émissions enregistrées (celle déjà diffusée la semaine dernière, et celle à venir, du jour au lendemain, qui sera diffusée le 12 novembre à 23 heures, et qui s'est selon les dires d'Emmanuel, " bien passée " ).
Tout en suivant les résultats de la Coupe du monde (ah les portables... occasion de me rappeler qu'Emmanuel est incolable en foot et en rugby et que ses connaissances dans ce domaine m'ont toujours sidéré), parlant du silure, de certains amis communs de la blogosphère, et de Raymand Federman (que je ne connaissais pas et dont Laure Limongi me parle en faisant envie) et que Leo Scheer va publier je crois...
je vois aussi la fatigue du voyage du Brésil. Mais tout le monde est en forme et discute calmement avec quelques éclats de rire, difficiles à éviter avec Tugny.
J'assure à Olivier Mellano que ses chocolats étaient bons, distillés un à un, et que certains lecteurs m'ont demandé l'adresse.
Plusieurs fois nous retournerons en salle écouter divers chanteurs, que l'on retrouve souvent d'un groupe à l'autre, avec un turn over impressionnant dans toutes les formations. Tous ces gens travaillent ensemble, échangent, communiquent et partagent ce qu'ils savent faire. cela est réconfortant.
Comme la qualité de ce que j'ai entendu.
Comme Psykick Lyrikah, hip-hop pur et brut, avec Mellano à la guitare. Sorte de rap sombre et qui évite le slam traditionnel, bien écrit et interprété par Arm, lançant des passerelles vers la poésie, le blues. Une découverte pour moi. Écoutez un extrait de l'Aurore entendu ce soir .
Finalement, je ne suis pas loin de penser que tout ce dont on parle à la télé ou que l'on diffuse à la radio est le plus mauvais, de la soupe, par rapport à ce que des types de qualité travaillent un peu partout.
... ...
C'est comme j'aime : salle pas trop pleine, on peut y circuler tranquillement, s'assoir, monter sur les côtés de la scène, son juste assez fort mais pas trop. Des conditions idéales pour écouter, voir, apprécier.
Avant de passer sur scène, elle discute avec Emmanuel Tugny de son problème pour passer à la langue française.
Quand elle chantera, ce sera l'attention et l'écoute intenses de la part du public. Même si c'est en anglais, les gens sentent qu'il y a là des choses dites qui sont importantes et graves.
Dans une chanson, elle répète : " I feel guilt ". Ça me rappelle cette chanson tant écoutée à une époque de ma vie, à Marianne Faitfull.
Émotion.
Elle travaille depuis longtemps, aussi dirais-je avec Olivier Mellano (quand on connaît la liste impressionnante des gens qui demandent de travailler avec lui, on ne s'étonne plus de rien, ni même que la Fondation cartier qui lui ait demandé de faire une bande son originale de l'Aurore, le film de Murnau).
C'est Laetitia Sheriff.
Écoutez-la aussi (par exemple Aquarius).
je savais qu'il fallait partir, quitter ces amis-là.
J'avais encore en tête " Comment faire pour atteindre l'aurore " ?
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Mais je savais qu'en traversant l'Eure et Loir noire et glacée, je me sentirai bien, cette nuit-là,
comme rassuré sur le monde.
Grâce à des gens comme ça.