Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
vendredi 23 juin 2006 jour précédent jour suivant retour au menu
Jour de chance ? Profitons-en !
D'habitude le vendredi je travaille au collège Meunier, et cette journée-là je n'ai que des troisièmes. Et bien pas aujourd'hui. Ils sont libérés parce que lundi prochain c'est le Brevet des Collèges. Donc journée cadeau. Bien sûr je compte en profiter.
- Profiter ?
- Oui, faire plein de choses en retard, qui traînent...Je ne sais pas...
- faire les choses qui sont en retard, ce n'est pas profiter, ça...
- Euh...
- Mais pourquoi tu dis profiter ?
- Euh...

C'est vrai ça. Profiter de quoi et pourquoi commencer la journée en se mettant en tête de vouloir profiter ? Subitement ce verbe me semble tellement vide de sens que je vais regarder sur le dictionnaire ce que ça veut dire... Le clic atilf et j'y suis. Que ce soit dans le transitif ou l'intransitif ce n'est pas terrible en effet :
Tirer avantage , bénéfice de...Abuser des circonstances...Exploiter abusivement la faiblesse, la gentillesse, la naïveté de quelqu'un...Mettre à profit, prendre prétexte de... Acquérir un accroissement de gain, de crédit, d'importance, tirer le meilleur partie de...procurer un bénéfice, un avantage matériel ou moral...faire des bénéfices...Retirer un avantage...
Bon d'accord, c'est pas joli joli, mais je vais essayer de profiter quand même de mon temps de libre ...pour ne pas le perdre. Ça te va là ? J'exploite personne ? J'abuse pas des circonstances ?

Couché tard, je me lève à 10 heures du matin, ce qui est un record, d'habitude réveillé avec le jour, mais content.
- Content ? Mais pourquoi ? content de quoi ?
- mais de me réveiller !
- ?
- Oui, d'être vivant...de ne pas être mort quoi.
- ? ...Tu penses à ça en te levant toi ?
- Oui, tous les jours aussi quand je me couche, je pense que je ne vais peut-être pas me réveiller et mourir comme mon frère (et mon père) pendant mon sommeil
- C'est gai !
- Mais ce n'est pas triste non plus ! je mets mon réveil à sonner quand même ! Mais j'aimerais bien même mourir... en dormant. J'ai pas envie de souffrir. j'espère même qu'il y a un gêne " mourir en dormant ". Ce serait bien la seule loterie où j'aurais gagné ! Et puis pareil le matin...Chaque matin, ma première pensée est : " Ah ben je ne suis pas mort !" et je suis content. Des fois je me dis : " Bon, et bien ce n'était cette nuit-là !"...
- Et ben dis donc, t'es un peu bizarre toi...
- Tu trouves ? Moi je ne trouve pas...
- T'es pire que Bergounioux !
- Non, je ne crois pas. C'est les gens qui ne pensent pas à la mort que je trouve étonnants ...

Je fais mon bol de café comme d'habitude en écoutant France Culture et en regardant par la fenêtre de la cuisine. Pas mal non plus depuis que les haies sont coupées ! Je comprends en effet que le vieux qui habitait là avant avait percé cette fenêtre. On m'avait dit que c'était pour voir les chevreuils qui sortaient de la forêt, mais jusque là, je ne comprenais pas parce que la haie me coupait la vue. maintenant, c'est tout vu.
Pour s'armer de courage rien de mieux que de passer au conditionnel.
Il faudrait que je passe l'aspirateur partout, il y a des moutons qui commencent à longer les murs.
- Des moutons ?
- Oui, tu sais, ces " petits amas de poussière en forme de boule laineuse qui s'assemblent généralement sous les meubles ".
- T'appelles ça des moutons ?
- Oui, ça s'appelle comme ça, tu peux regarder dans le dictionnaire. Mais si tu n'aimes pas les moutons, tu peux appeler ça aussi des minons, des chatons, des mimis...
- Tu te moques de moi ?
- Non non, je te jure, je te le dis...D'ailleurs, les minons ce sont aussi les chatons du noisetier, du saule, du noisetier... parce que justement ces fleurs-là sont douces au toucher comme le poil d'un minon, d'un petit chat...

Il faudrait que je fasse du ménage, au moins passer l'aspirateur.
Quant à la serpillière, je pourrais sincer demain...
- sincer ?
- Oui, en Charentais il ne disent pas la serpillière, ils disent la since, et donc pour laver le sol ils disent sincer. Je sais qu'en Saône et Loire ils disent la charpillere. Ce sont des mots régionaux, dans le nord ils disent la wassingue.
- C'est aussi le nom d'une revue alternative à Lille, " Le torchon des arts méningés " qui vise à faire des remue-méninges !
- C'est un mot qu'aime bien aussi Philippe de Jonckheere. Il l'a mis dans son dictionnaire et en donne un exemple : " ...,passer la wassingue n'y fit rien, le cénobite pourtant ubiquiste emportait avec lui sa puanteur,..."
- Ma mère disait la toile.
" Pousse-toi de là que je passe la toile! " Combien de fois j'ai entendu ça !
De toute façon j'ai pas le courage pour asteur, je ferai ça ce tantôt ou taleure...

Long coup de téléphone de Christian Dufourquet. Il est seul chez lui, sa femme étant encore à l'hôpital pour effectuer des tests. On parle de Bergounioux parce qu'il ne l'aime pas trop et que j'y trouve de l'intérêt. Me donne certaines critiques et idées pour Bergounioux et moi, lui explique que cela, mais on ne s'en rendra compte que plus tard, est un travail sur moi en parallèle. Me conseille d'aller voir et revoir Jacob et le combat avec l'ange, la prochaine fois que j'irai à Paris, dans l'église Saint-Sulpice. Tableau emblématique et mystérieux s'il en est un. Je ferai une page dessus, mais quand j'aurais lu le livre de Jean-Paul Kaufmann; C'est aussi le titre du premier livre de poèmes de Claude Vigée (Combat avec l'ange,publié en 1950...)( lui dont la fiche de poezibao indique que : " De son vrai nom Claude André Strauss, Claude Vigée choisit son nom dans les années 40 "Comme mon aïeul Jacob sortant du gué du Yabbok vainqueur, mais blessé, après le combat avec l'ange, « je boîte, mais vie j'ai -, moi aussi ! » Désormais, Claude Vigée sera mon nom, celui d'un poète juif" (Cité in Anne Mounic, La poésie de Claude Vigée, l'Harmattan, 2005, p. 61) ")
Je me souviens... du voyage de Philippe Didion à Saint Sulpice pour voir ce tableau, raconté dans sa notule du 24 juillet 2001.

Revenant à mes moutons, je sais qu'il faudrait que je passe l'aspirateur...
Il est déjà midi.
- Pourquoi déjà ?
- Pour dire que le temps passe vite, qu'il est midi et que je n'ai rien fait encore...
- Et tu n'en as pas " profité " , c'est ça que tu veux dire ?
-...Non...
- Ben alors tu te plains de quoi ?
- Mais je n'ai rien fait...
- Et alors, quelle importance ?
Que répondre à ça ?

Un bol de café plus tard, (coup d'oeil à travers la fenêtre, voilà que inconsciemment je me mets aussi à regarder s'il n'ya a pas de chevreuil...), Je me force, en traînant les pieds, à sortir l'aspirateur et son bazar de tubes et de rallonge électrique (je n'aime pas changer de prise toutes les cinq minutes, ça me fatigue et c'est un risque d'arrêter...l'aspiration, en repoussant le reste à la prochaine fois).
À nous les beaux moutons...

Il est trois heures.
- 15 heures !
- Oui 15 heures, si tu veux...
J'ouvre l'ordinateur et patatras, impossible de lire mes mails. Mon hébergeur est en panne. Online is not online !
Rodolphe et les autres vont encore me dire " mais qu'est-ce que tu fous chez Online ? tu y es encore ? ".
- On te l'a déjà dit plusieurs fois ...
- Oui je sais, mais je suis long à la détente, et puis cela m'embête tellement de changer...Plus je vieillis et plus la technique m'ennuie.

Je pense surtout à tous ces spams qui vont s'accumuler...et qu'il va falloir virer...quand ça remarchera...
En attendant, je ne peux plus non plus rien mettre en ligne, ni recevoir ni envoyer de mails...
- Mais si, tu peux en envoyer...Tu avais un compte dans le temps à Yahoo...

Finalement, j'en profite pour nettoyer le bureau de mes 4 écrans, plus qu'encombrés, et mettre à la poubelle beaucoup de fichiers qui n'avaient plus rien à faire là.
Il est 18 heures.
Excédé, je pars faire un tour à Nogent le Rotrou.
Quand je suis passé voir Sandrine H. pour voir comment elle avait encadré ses corbeaux, elle m'a demandé :
- Alors qu'est-ce que tu as fait de beau aujourd'hui ?
- Bof...rien de beau ni de spécial...
- Tu n'as pas profité de ta journée de libre ?
- Si...J'ai passé l'aspirateur dans la maison...
- Ben alors t'es content ?
- Non.
- Pourquoi ?
-J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps...de ne rien avoir fait...