Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
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Extraits de prises de notes récentes (1),
Impressions stochastiques d'une existence eurélienne.
ou : de quelque part à Marie-Françoise Prager.

- Tu vas repartir à l'étranger ?
- Tu sais, ici, c'est un peu l'étranger.
- Tu dis souvent qu'il faut bien être quelque part.
- Disons qu'être nulle part c'est aussi être quelque part...
- ou que quelque part peut être nulle part.
- La noix est un fruit qui m'a toujours fait penser à un encéphale. Pas étonnant que je dise quelquefois que certains ont une noix à la place du cerveau.
- Ouvre-moi ton frigo, je te dirai ce qui m'attend.
- Par moment, quand il passait à la télévision son mal-être m'énervait et pourtant je me reconnaissais souvent en lui à son âge.
Je suis triste de la nouvelle de sa mort ce soir, même si je pense qu'il a la chance d'avoir fixé sur pellicule quelques bonnes scènes. Il restera quelque temps une trace de son énergie aussi folle que désespérée.
Nous ne sommes tous peut-être qu'une tentative de vol.
(mort de Guillaume D. et d'une mésange venue heurter de plein front une fenêtre)
- Cette mise en ligne (mise en face l'original), et téléchargeable (en pdf et même en prc), des Essais de Montaigne en français moderne est pour moi une aubaine. Beaucoup plus facile pour moi que l'édition (en ligne aussi ailleurs ) de 1595.
J'en reprends une petite dose chaque jour. Aujourd'hui le chapitre 2 du Livre I, sur la tristesse et qui se termine par : "Je suis de nature peu sensible, et je renforce tous les jours ma carapace en raisonnant."
- Envie soudaine inexplicable de rouler sur les routes enneigées de la Sierra Nevada.
- L'impression parfois d'avoir perdu quelque chose en route, ou d'être devant ma voiture alors que j'en ai perdu les clefs.
- En abordant la soixantaine, il me semble me retourner plus souvent qu'avant sur le passé, comme si le temps à venir ne m'intéressait plus autant. Par contre, et en même temps, le présent me semble de plus en plus précieux et riche, surtout, et c'est nouveau, dans son quotidien le plus strict.
Je me dis parfois ce que je n'aurais jamais dit il y a dix ans : ma vie est là et pas ailleurs, maintenant et pas hier ni demain.
- Photo ratée de Guy Bedos sur scène à Mortagne : un côté Bacon inattendu.
- Et alors Bedos ?
Ni décevant, ni surprenant. Du Bedos quoi.
ou : 74 ans, bien rodé, ressemble plus physiquement à MacCain qu'à Obama qu'il espère.
- La lecture d'un bon texte (c'est-à-dire comme je les aime) m'est de plus en plus érotique, au sens propre du terme.
Est-ce parce que mon histoire de la lecture a commencé par là ? (j'ai déjà raconté que mon premier livre lu volontairement et en entier fut un livre pornographique.) Est-ce encore le signe d'une future vieillesse qui s'annonce très excitante ou tout simplement le plaisir de la lecture ?
- Les discours des experts, des professionnels (ou qui se présentent tels) ou des critiques sur la littérature, la peinture, l'art en général, me touchent et m'influencent de moins en moins (sans parler qu'en contrepartie ils me font rire de plus en plus proportionnellement à la vérité qu'ils prétendent nous délivrer). Il me semble que pour moi les dès sont joués et que je ne changerai plus.
Le plaisir est donc immense quand de temps en temps quelqu'un arrive à me surprendre et me donner envie de repartir à la découverte d'un auteur ou d'une oeuvre que je ne connaissais pas.
Est-il si difficile de rester vivant ici, ou du moins en avoir l'impression ?

- Il y a encore des villages près de Thiron-Gardais où je ne suis jamais allé et où je n'ai même pas envie ou ne pense pas y aller, ne serait-ce que pour voir. (Ce signe, qui m'a dans le passé servi plusieurs fois de déclancheur et fait savoir que mon temps était là terminé et qu'il fallait songer peut-être à voir ailleurs... est aujourd'hui inversé . Il m'est devenu récompense et assurance d'une certaine sérénité, équilibre, voir stabilité.)
Pourtant, pour une raison ou une autre, je suis content quand quelqu'un m'y entraîne et cherche à me faire sortir de ma tanière, la plupart du temps regrettant ne pas y être allé plus tôt.
- artisans à Thiron : la vie est là aussi, avec ses confitures à la bave de crapaud, au pipi de chauve-souris, le vieil homme et son osier, les choux romanesco et les patés de lapin si goûteux...
Impressions stochastiques d'une existence eurélienne !
- À chaque mort annoncée ou apprise, je sens le corps qui se tâche et coule, l'odeur qui s'en dégage et me révulse. Je ne peux toujours pas regarder mes photos faites des morts. Elles restent enfermées dans une boite, comme le corps qu'elles montrent. Même plus de dix ans plus tard. Il y a même des négatifs que je n'ai jamais fait tirer.
Alors, pourquoi photographier les morts ?
J'ai tendance d'ailleurs aujourd'hui face à l'annonce d'un décès à penser plus aux proches qui restent qu'au défunt qui lui n'est plus là.
- Sans en connaître la raison particulière, je retrouve depuis quelque temps le plaisir de photographier les gens plutôt que les paysages ou la nature en général. Les amis essentiellement, les convives, les voisins, certains collègues, mais aussi des gens dans la rue ou dans leur vie ou activités de tous les jours, des enfants aussi...
- J'ai toujours aimé les souscriptions. Je viens d'en faire une récemment reçue pour Narcose de Marie-Françoise Prager, que Les éditions L'arachnoïde vont republier et que l'on peut commander dès aujourd'hui.
C'est Guy Chambelland qui avait publié en effet le premier, outre Narcose, Rien ne se perd (1970) et Quelqu'un parle (1979) et fait connaître l'oeuvre saisissante de cette femme, restée mystérieuse et inconnue.
Ce sera pour ceux qui s'y intéresseront, une découverte comme on en fait peu souvent. La préface annoncée de Christian Dufourquet et la participation d'Ada (frontispice et oeuvre originale pour l'édition de tête) n'en rendent que plus attirante cette édition limitée à 500 exemplaires.