Mercredi 24 octobre 2007 jour précédent jour suivant retour au menu
Sur la table de la cuisine...
ou : des sardines au silure, en passant par Théophile Gautier et Nathalie Quintane.

Samedi midi, pour faire plaisir à Sido, j'avais prévu faire une de mes spécialités reconnues, à savoir des sardines grillées.
L'écoutant fasciné par son éternelle passion pour l'Égypte (et pour les papillons), j'ai oublié les sardines.
Elles étaient bien grillées !
Peut-être le prix à payer pour imaginer des temples dont je n'avais jamais entendu parler.
Mais aujourd'hui, j'ai appris de deux amis bienveillants, que la pêche au silure, contrairement à ce que j'avais dit avant-hier, était présente dans au moins deux livres :

1- Dans Le roman de la momie de Théophile Gauthier (en intégralité sur le net), le chapitre IV, qui commence par un repas " pharaonique " donne de quoi saliver et me faire pardonner les sardines, par mon égyptologue favorite :
"Les mets, apportés par des Ethiopiens des immenses cuisines du palais, où mille esclaves s'occupaient dans une atmosphère de flamme des préparations du festin, étaient placés sur des guéridons à quelque distance des convives ; les plats de bronze, de bois odorant précieusement sculpté, de terre ou de porcelaine émaillée de couleurs vives, contenaient des quartiers de bœuf, des cuisses d'antilope, des oies troussées, des silures du Nil, des pâtes étirées en longs tuyaux et roulées, des gâteaux de sésame et de miel, des pastèques vertes à pulpe rose, des grenades pleines de rubis, des raisins couleur d'ambre ou d'améthyste."

2- Dans Cavale, de Nathalie Quintane, au début du livre (chez P.O.L, page 10) on peut lire (c'est moi qui mets en gras le mot silure et les italiques du dialogue):
" MAIS JE SUIS LA AVEC UN ENORME SILURE DANS LES BRAS. Je suis cambrée sous son poids. Sa tête et sa queue dépassent largement. [...] tonton tient son appareil à photo, il a du mal à ne pas bouger ; c'est lui qui a pêché le silure, évidemment.
[...]
J'ai de plus en plus mal au dos, et le silure est de plus en plus lourd. Le flash se déclanche parce qu'il fait déjà sombre. C'est à ce moment que, prise d'un début de crampe au bras gauche, je m'écroule dans le sable. Le poisson me tombe dessus et j'ai de la peine, une fois relevée sur un coude, à le dégager. Mon oncle me demande si ça va tout en s'énervant parce qu'il est sûr d'avoir raté la photo. On attache une corde à la queue du silure et on le remorque jusqu'à la voiture. Un petit garçon à la bouche pleine de sucre nous suit des yeux, hébété. On pose le poisson au pied du coffre et on ouvre le coffre.
[...]
Belle pièce ! nous dit un type. Ouais, je vais le mettre sur Internet, dit Tonton. Le poisson ? fait le type. Mais non, la photo ! répond mon oncle. Ah je me disais aussi, le poisson, c'est pas possible. Et vous l'avez pêché où ? il demande. Par là-bas, fait mon oncle en tendant un bras. [...]
"
Mais oui Tonton, On peut mettre le silure sur Internet !
En attendant, quand on connaît la bestiole, la scène (c'est dans le premier début du roman) de Nathalie Quintane est encore plus drôle et savoureuse.
La suite l'est tout autant, comme tout le livre d'ailleurs.
Galère que de porter un silure dans ses bras !