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Pas une simple expo
ou : je n'aime pas l'art qui dit ce que je dois comprendre.

19 février 2011, Galerie7, Nogent-Le-Rotrou.
C'est une sorte d'évènement, l'ouverture d'une galerie dont les bâtiments ont été achetés par la ville et réservés pour faire un espace galerie et accueillir des artistes, faire des résidences etc. C'est assez courageux et rare dans nos contrées pour le signaler.
En ce moment il est occupé par l'association Label friche installée auparavant (depuis 2003) à La Perrière dans le Perche ornais. Soutenus pendant 5 ans par la DRAC, les Conseils Généraux de Normandie et de l'Orne (...) et après avoir accueilli un grand nombre d'artistes et organisé beaucoup d'évènements, ils ont malgré tout dû partir pour laisser le site à une entreprise de transport.
On sait que l'art transporte, mais visiblement pas autant que les camions de l'entreprise Desjouis, fondée depuis un siècle à Mortagne-au-Perche, et célèbre pour ses camions bleus.
Bref, vous avez compris, c'est Nogent-le-Rotrou qui les a accueillis dans cet espace situé dans le quartier du Paty.
L'évènement fait que beaucoup de gens étaient venus dont pas beaucoup d'artistes locaux d'ailleurs, effrayés sans doute par un côté "art contemporain" revendiqué.
Bon d'accord, ce n'était pas très original, il fallait par exemple accepter de se laisser bâillonner en entrant et se laisser prendre en photo pour se retrouver quelques instants plus tard projeté sur le mur de la rue, en face.
Je me suis laissé faire donc, après avoir refusé comme d'habitude (au départ je dis toujours non). Ce n'est pas tout à fait ma nature de me faire bâillonner. Mais bon, je me suis dit qu'il fallait bien participer et laisser les artistes faire leur boulot !
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Et puis après tout, j'étais venu là surtout pour voir "l'espace" de la galerie.
Les discours expliquèrent la nature de l'évènement, sa valeur et sa signification. Les présents étaient bien sûr favorables. Qu'une municipalité réserve un endroit pour les arts plastiques est rassurant à notre époque. Dans son discours, Nathalie Fey, qui représentait la municipalité, a bien montré l'importance et le choix politique que cet endroit représentait.
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L'exposition en elle-même était un peu tape à l'oeil (mais est-ce un reproche ?), avec des travaux et propositions qui ne m'ont pas accroché pour l'unique raison que les titres étaient trop voyants et appuyés comme si on n'était pas capable de penser par soi-même, "au cas où" on aurait pas compris le message. On se demande pourquoi avoir appelé cette exposition "no comment" si c'était pour faire des commentaires ou des titres aussi appuyés et voyants ! Je n'aime pas quand le message est imposé et répété comme cela. Je reprocherais aussi un humour au premier degré, trop facile, surtout sur les cages à oiseaux et les installations à base de burkas qui faisaient un peu factices et auxquelles on ne croyait pas.
Je n'ai pas compris non plus la présence, à cette occasion, d'une représentante d'Amnisty international, sympathique et dévouée certes, mais dont le discours était un peu trop "recruteur". Globalement, je dirais qu'il y avait là trop de bonnes intentions trop bien pensantes. Mais c'est personnel bien sûr. Pour moi l'art doit être plus "subtil", moins "évident".
D'après ce que j'ai compris il y avait là les travaux de trois artistes :
Hourieh Stier sculpteur,
Kurt Stier photographe (on peut apprendre sur son site qu'il fut assistant du grand Irving Penn et qu'il a suivi les cours de la non moins grande Lissette Model),
Elisa Fiasca dont le nouveau site est aussi très intéressant.
Je ne juge donc pas ces artistes (dont l'oeuvre visible sur Internet me semble digne d'intérêt et montrer même "de belles choses"), mais l'exposition vue à Nogent.
Et je le répète, l'important n'était pas pour moi ce qui était montré mais que l'endroit et l'association existent ici à Nogent-Le-Rotrou, et tout l'espoir et les possibilités qui vont avec.
Pour mes lecteurs je montrerai donc quelques photos prises et sans grands commentaires.
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A la vie,
à la mort
Le Non Coulant
Elle Ne Pendra Plus
Elle Ne La Cachera Plus
 
Témoin du Silence
Voilà l'inscription qu'on m'impose et qui gâche pour moi cette excellente photo. Cette imposition m'enlève toute la liberté que cette photo aurait pu me donner et m'empêche d'imaginer le pourquoi du comment, de me demander s'il s'agissait d'un jeu subtil de lignes et de lumières qui me faisaient une illusion d'optique (je vois le bord supérieur incurvé vers le haut), si c'était une personne qui ne supportait plus les bruits extérieurs du monde, si c'était un corps pudique qui cachait sa nudité,
s'il y avait un lit dans la pièce et si quelqu'un d'autre regardait, si c'était avant ou après l'amour etc.
Non ! L'artiste me dit : c'est le Témoin du Silence (avec des majuscules) ! Bon, ben d'accord alors... Je circule, je ne peux plus rien voir, et pas de chance : je ne sens pas du tout de silence dans cette photo, mais au contraire quelque chose de tragique et bruissant de non-dit... noué et tendu.
Il ne me reste pour l'apprécier que le noir et blanc, que je préfère tant, d'une manière systématique, à la couleur.
Frustration.
D'une manière générale je n'aime pas l'Art qui dit.
La nuit est tombée, la galerie se vide, les vitres s'embuent. Je suis resté longtemps. C'était un beau vernissage ; content d'avoir découvert ce lieu, espérant qu'il s'y passera quelque chose et que les gens viendront - et pas seulement les amis et les amis d'amis comme c'est trop souvent le cas.
Association à suivre. Bonne chance Label Friche !