Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
jour précédent dimanche 8 février 2009 jour suivant retour au menu
On ne coupe pas la parole au silence,
à la rigueur, on lui donne du bruit à moudre.

Un mois sans page de journal, pas par manque de temps, ni panne d'inspiration, de disque dur ou de connexion mais tout simplement parce que la vie qui me mène en ce moment écrit chaque jour sa propre page, suffisante et bien remplie... Ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent et il n'est pas un jour où je n'ai pas pensé à une page que j'aurais pu faire ou commencer, ou que je pourrais faire un jour...(un sujet par jour, c'est facile de le trouver ou l'inventer, un sujet par vie plus difficile...) Mais voilà, la nécessité, l'urgence, la fuite ou le mal-être qui m'ont parfois imposé ce travail quotidien ne sont plus là en ce moment (et qui limitent l'intérêt de certains blogs trop égocentriques, narcissiques ou thérapeutiques...)
Cela aussi me plaît de ne pas me sentir prisonnier ou "obligé ", de faire pour faire, et de ne plus me poser la question du " à quoi bon ? ".
J'ai beaucoup parlé anglais avec Philip MacLaren, mon ami écrivain aborigène qui a passé avec sa compagne Roselyn une dizaine de jours à la Chambrie, occasion de voir comment il met en place les éléments de son prochain roman policier, dont une partie se passera dans un petit village du Perche, allez savoir pourquoi !
Nombreuses soirées, repas (Mister MacLaren is a fine coocker ), et photos souvenirs faites pas Sandrine et moi...
Ai changé de lunettes, acheté des meubles à Ikéa (encore et encore des étagères), revisité la maison de Tante Léonie, fêté l'anniversaire d'Edouard, pris la décision de prendre ma retraite, (et d'autres), le tout sur un fond d'hiver froid mais au décor enneigé à souhait, de quoi faire des promenades de rêves...
Revu mes deux frères, celui qui travaille à Beyrouth, celui qui vit à Paris, fait beaucoup d'allers et retours dans la banlieue parisienne, à Ouistreham, à Verneuil sur Avre, fait des cours sur la défense de l'organisme, la circulation sanguine, et les séismes.
Vu mes filles qui grandissent et changent à vue d'oeil, mangé trois galettes des rois, beaucoup ri, pensé, et pesté contre le spectacle du monde tel qu'il est présenté par nos médias et orchestré par nos détestables dirigeants, hurlé de la violence de ce que les Israéliens appelaient une riposte et qui était en fait un pur massacre...La haine continue, d'où qu'elle vienne, et quelle qu'en soit son origine, à m'être douloureuse et insupportable.
Respiré profondément en regardant avec Sandrine les canards glisser sur l'étang de Sainte Anne.
Ce dernier mois aussi occasion de vérifier au passage qu'Internet n'est pas pour moi une drogue, un besoin ou compulsion. Juste un outil utile et formidable quand j'en ai besoin. Ai continué de regarder mes quelques sites favoris, (beaucoup apprécié entre autres les pages grecques de Grapheus tis, la contribution de Cousu main, la réponse de François Bon à Télérama...) de correspondre par mail, d'éliminer chaque jour ma dizaine de spams habituels, faire (ou prendre ?) beaucoup de photos, commencé, avec une idée derrière la tête, de prendre des vidéos d'une jeune femme qui marche et qui roule beaucoup la nuit en écoutant Brad Mehldau et Glenn Gould...
Pris des notes, même en vérifiant une fois de plus plus avec Kafka que " Ce que l'on écrit n'est que la scorie de la chose vécue ".
Lu avec jubilation La cité des mots, conférences d'Alberto Manguel prononcées en 2007 à Toronto, qui vient de sortir chez Actes Sud. J'y trouve comme d'habitude chez ce lecteur/ auteur " parallèles fascinants ", fulgurantes correspondances, et questions qui me concernent depuis que je me suis mis (tardivement il me semble) à lire:
"...Comment le langage peut-il déterminer, limiter et accroître notre imagination du monde ? Comment les histoires que nous racontons nous aident-elles dans notre perception de nous-mêmes et des autres ? De telles histoires peuvent-elles prêter à une société entière une identité, vraie ou fausse ? Et, en conclusion, est-il possible que des histoires nous transforment, nous et le monde dans lequel nous vivons ? " (extrait de l'introduction écrite par Manguel et intitulée Pourquoi sommes-nous ensemble ?)
Cela me rappelle que les premières années (cela fait plus de 10 ans) mon site avait pour titre : quelle est la part des autres dans ce que je suis ? , (question qui m'a longtemps occupé). Mais je l'ai déjà dit ailleurs dans ce journal... L'important pour moi est que la réponse se précise de jour en jour et tout se passe comme si s'assemblaient les différentes pièces d'un puzzle d'où émerge lentement l'image d'un champ de bataille(s) sans cesse recommencée(s).
Mais la vie est là, encore, avec ses vins rouges chauds, qui nous frappe, indicible, éclatée, aléatoire, surprenante et toujours aussi violente dans ses hauts et ses bas, mystérieuse...aussi incompréhensible parfois qu'éprouvante, tragique que magnifique, attachante qu'épouvantable. Dans ce tumulte on comprend qu'il soit parfois difficile d'être heureux, d'aller du non vers le oui, de rester humble tout en restant debout et de rire.
Car le rire, sur ce champ de bataille est vital,comme l'humour (la politesse du désespoir comme on le cite si souvent) dernière rambarde au bord du vide et l'auto-dérision (sans pour cela aller jusqu'à l'auto-destruction) nécessaire vitamine...effervescente de préférence au petit matin, dans un verre d'eau.
Vivre est héroïque, non ?.