Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
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Vacances à Thiron-Gardais 8ème jour : Ïle de Pentecost, Vanuatu (début)
Cela n'a lieu que 4 ou 5 jours par an. C'est aujourd'hui le 9 avril 1994.
C'est compliqué pour y aller. J'ai loué un petit avion pour Pascale, Alain L., Florence et moi.
Une fois atterri dans un champ de fortune, il faut louer un bateau, et une fois arrivé dans la tribu, négocier les prix avec le chef (droit de faire des photos, OK, des films, non, beaucoup trop cher)...
On retrouve 3 ou 4 touristes paumés, sans doute venus par leurs propres moyens, à savoir un beau voilier... Du genre de ceux qui laissent tout tomber et partent faire un tour du monde pendant 2 à 3 ans.
Après faut marcher avec un guide dans la forêt, là où sont installées les tours.
C'est de là que les hommes (y compris les enfants) doivent sauter et risquer leur vie, pour être un homme, faire partie du groupe...
C'est le saut du gaul (souvent désigné aussi comme rituel N'gol ou Naghol) Les hommes sautent attachés par deux lianes végétales, une à chaque pied, à partir de planches posées à différentes hauteurs. Les jeunes prennent les premières planches, les vieux, celles du haut. Plus on est vieux plus on doit donc s'élancer dans le vide de haut.
La tour, entièrement faite à la main, est plus q'impressionnante, impose le respect, fait peur à elle toute seule. Celle-ci fait dans les 30 à 40 mètres. Difficile de se rendre compte. Construite à un endroit choisi, face à la mer, devant un terrain en pente, détail de grande importance.
.... ....
Les enfants attendent, les hommes attendent, les femmes restent en retrait, chantent, sifflent, tapent sur le sol, encouragés par les hommes, comme s'ils leur disaient encouragez-nous à sauter...
Je suis assis à l'écart, pas très rassuré . Cela me semble un truc de fous encore, mais n'ai surtout pas envie d'en voir un râter le saut et se tuer. Cela arrive :
- si la corde est trop longue et trop élastique, le type se fracasse sur le sol.
- Si la corde est trop courte ou pas assez élastique, elle les rappelle en arrière, risquant de leur briser les reins.
Pourquoi vouloir voir ça de ses propres yeux. Je me le demande.
Je m'aperçois que Pascale, Florence et Alain sont aussi chacun dans leur coin, mal à l'aise, comme s'ils étaient morts de trouille, comme si aussi chacun voulait vivre ça seul.
Il fait très chaud, les cris et danses sont lanscinants et monotones, stressants.
Tout le monde se met derrière la tour, un homme est monté très haut sur une planche, les sifflets s'accélèrent.
Je n'ose pas regarder, mais je sens qu'il va sauter. Les sifflets s'arrêtent.
Je vois le vieil homme qui lève la tête.
Il regarde là où un homme se tient debout, sexe dressé, face au ciel et à sa propre vie.