Journal de Nogent le Rotrou
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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Samedi 14 octobre 2006 jour précédent jour suivant retour au menu
On ne rattrape pas le temps perdu
Ni même un seul jour ou une seule nuit...

Par exemple cette semaine, je n'ai eu le temps que de parler de la Fête des laboureurs et des ouvriers de Coudray au Perche, avec l'homme aux dahlias et l'homme au boudin...
Je n'ai pas parlé du concert dans l'abbaye de Thiron-Gardais, où Ève Ruggieri a présenté Mozart et la belle soprano Henrike Jacob, le corps tendu, à la limite de la cassure, pour que sa voix et son chant traversent le notre...Une sorte de combat avec l'ange...

Je n'ai pas parlé du Phytolaque (Phytolacca americana) et du ricin qui flamboyaient dans les jardins de l'abbaye, ouverts à la fin du concert...

Je n'ai pas parlé de ma route de nuit pour aller chercher à 4 heures du matin mon ami Nicolas kurtovitch qui débarquait jeudi à Roissy de Nouvelle-Calédonie, de notre arrivée au petit matin à Thiron-Gardais dans les brumes de la Chambrie...
Ni de la nuit suivante passée devant les livres, lui avec du café, moi du Brouilly, avant de le reconduire à Nogent le Rotrou au petit matin pour le premier train vers Paris (où il est invité à représenter son pays d'outremer ce week-end).

Je n'ai pas parlé des livres dans lesquels je suis plongé en ce moment, avec ravissement et délectation, comme avec un vin que l'on déguste petite gorgée par petite gorgée...
.... .... ....
surtout quand on sait qu'il en reste dans la bouteille...

Je n'ai pas parlé de l'avion stoppé dans son envol sur la route d'Orléans,
ni de la mode Klein,
ni de mes élèves dont certains commencent à fatiguer,
ni des lapins du coin qui ont attrapé la myxomatose (introduite en France en 1952 par Armand Delille dans le château de Maillebois, situé à quatre lieues de la Ferté-Vidame, château où Saint-Simon s'était souvent rendu pour voir Nicolas Desmaretz qui y vivait en disgrâce depuis la mort de Louis XIV),
ni des microgrammes de Walser sur lesquels je préparais une page à partir du livre publié chez Zoe et que je ne ferai plus puisque Assouline vient d'en faire sa page.
Je ne parlerai pas de l'assassinat d'Anna Politkovskaïa parce que cela me fait mal et que je n'ai pas les mots qui peuvent dire ce mal. Mais cette photo m'obsède depuis que je l'ai vue.
Ses yeux n'arrêtent pas de me fixer, de me questionner,
Ces yeux me mettent devant le fait accompli,
ces yeux demandent ce que je pense, ce que je fais.
Ils sont doux, calmes, mais attendent, déterminés, ma réponse,
notre réponse.

Je ne parlerai pas non plus de la nuit irréelle, avec ma Princesse des neiges de la Neste d'or, venue du bout du monde comme dans un rêve...aussi vite arrivée que repartie...parce que je n'en ai pas les mots non plus...
Ce désir pourtant de vouloir dire...
Ce rêve insensé d'une parole qui serait pointue comme l'évidence,
sage comme la vague qui se retire, effaçant tous nos deuils et espoirs,
audible enfin comme un silence.