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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
Mardi 21 novembre 2006 jour précédent jour suivant retour au menu
le nom d'un rêve
suite et fin.

Grâce à Nathalie LB, j'apprends que ce n'est pas une usine mais une minoterie et que cela s'appelle le moulin de Quinard. Il s'agit là de toute l'histoire de l'estuaire de la vallée de la Rance.
Jadis région de toutes petites exploitations, cette vallée prend un essor incroyable au XIXè siècle avec un grand nombre d'activités, dont beaucoup prennent comme matière première l'eau qui, outil, force motrice ou moyen de transport, permet et alimente manufactures (lin, chanvre, toiles dont on fait les voiles, les tentes, les bâches...), brasseries, tanneries, usine à papier, poulins et minoteries, dont 15 sont des moulins à marée.
Le moulin de Quinard est le plus grand de ces quinze-là, original par sa cheminée octogonale.

Ce moulin, mentionné dès 1806, utilisait la force des marées. La célèbre usine d'aujourd'hui terminée en 1966 n'a donc rien inventé !
Quinard est le nom du lieu dit.
On comprend sur le cadastre de 1834 l'utilisation de l'eau :
Vu d'avion (image prise sur les pages jaunes) on voit les restes de la digue du lac de retenue qui se remplissait tout seul à marée montante :
" Une réserve d'eau de 4 hectares et demi se remplissait à chaque marée.
L'eau était retenu par une digue et entourait le moulin à marée de Quinard. A la fin du XIXème siècle, Prosper Dargone équipe son moulin d'une machine à vapeur. Ainsi le moulin de Quinard cumule l'énergie marémotrice et l'énergie thermique. Le moulin cesse de fonctionner en 1925."

Sur le magnifique et efficace site du patrimoine on a tous les détails. Il est décrit comme un "établissement industriel désaffecté ", au statut juridique de " propriété privée ", non protégé par les Monuments Historiques, aujourd'hui simple hangar de ferme !

le commentaire historique est complet, précis, technique, chiffré :" Moulin à blé mentionné en 1806. Vers 1887, construction d'un second moulin dans le prolongement du premier. En 1898, le propriétaire, Prosper Dagorne, fait construire un bâtiment destiné à une machine à vapeur. En 1919, le moulin écrase 3 133 q de blé par jour. Il cesse de fonctionner le 1er janvier 1925. Actuellement, le moulin est utilisé comme dépendance d'une ferme. En 1839, le moulin de Quinard est activé par deux roues hydrauliques. Une turbine est installée dès 1890. Machine à vapeur attestée en 1903 : en 1909, elle se compose d'une chaudière semi-tubulaire à deux bouilleurs construite par la société Lebrun et Cormerais de Nantes (44). Elle a une capacité de 9,516 m3 et une surface de chauffe de 72 m2. En 1919, le moulin à marée cumule l'énergie marémotrice et l'énergie thermique. La turbine hydraulique est toujours en place. En 1886, il emploie quatre ouvriers et deux manoeuvres ; en 1924 : huit ouvriers."
Avec les photos de la façade Sud-Ouest, on voit encore aujourd'hui, la différence de niveau entre marée haute et marée basse, et par où sortait l'eau de l'étang de retenue à marée basse.
Ça me laisse rêveur, triste que cela soit abandonné presque, et même pas protégé par les Monuments historiques (alors qu'il reste la turbine hydraulique en place)...
Rêve hydraulique, rêve d'ingénieur ? Il serait intéressant de savoir pourquoi, une bâtisse, entrevue à toute vitesse vous frappe comme un éclair, entrouvrant l'espace intérieur d'une vie possible, une autre fois, là, justement là, alors qu'on ne connaît rien de rien de cet endroit-là.
Qu'est ce qui enclenche cette mécanique de désir qu'on sait pourtant impossible à réaliser ?
Ce sont bien sûr juste des images, mais pourquoi celles-là plutôt que d'autres. ?
Finalement, peut-être juste un plaisir facile, comme quand parfois subitement au détour d'une journée on se sent bien, sans raison apparente.
Juste un point de plus sur la carte de cette géographie intérieure, que chaque être possède en lui et dessine au jour le jour sans forcément s'en rendre compte.
Chantier en route dans ce travail mis en ligne.