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ma vie dans le Perche
Propos sur la littérature et la peinture.
mercredi 31 mai 2006 jour précédent jour suivant retour au menu
Cindy Sherman allaite-t-elle ? (série, no6/7)
On sait que la photographe a fait une série de photos inspirées par quelques grands maîtres. Quelques-unes sont très célèbres, même si elles sont sans titre, et juste numérotées. Elles datent la plupart de 1989 ou de 1990.
# 204 # 205 # 216 # 224 # 225
Pour ceux qui se demandent comment elle fait pour changer de visage comme ça, ou ceux qui sont inquiets que leurs enfants regardent sur Internet des femmes aux seins nus, qu'ils se rassurent, tout est faux, monté, construit, fabriqué, maquillé. Du grand art. Tout peut-être faux : la poitrine, le nez, les cernes, la musculature, la coiffure, les bijoux et accessoires. Recomposition et revisite totalement libre de la peinture, où parfois l'original est même retourné... Humour, grotesque, invraisemblable (sommes ses seins en carton ou en plâtre (?)), tout est bon pour l'autoportrait. Et encore , on peut se poser le problème de l'autoportrait : en sont-ce vraiment ?
On s'aperçoit au passage du travail.
De quoi se ravir.
Vierge et l'enfant,
de Jean Fouquet,
vers 1452.
Diptyque de Meulin.

retourné selon symétrie
Baigneur en celluloïd dans le tissu blanc
Cindy Sherman
(exit les anges)
La Fornarina
Raphaël, 1520
Palazzo Berbeini
Rome



Cindy Sherman,
# 205
Petit Bacchus malade,
Caravage,
Galerie Borghèse,
Rome.
Cindy Sherman
# 224.
Les deux pêches de devant, qui figuraient une paire de testicules (par où l'on péche...) sont enlevés chez la photographe.
Et pour cause...
Portrait de Madame Moitessier
Ingres, 1856
National Gal. Londres,
renversé

Cindy Sherman
# 204
Mais en ce qui concerne le # 225 dont parlait Grapheus Tis et dont nous sommes partis pour une tournée générale de bon lait, j'ai deux problèmes.
1- Un problème général lié à Internet et à la reproduction des oeuvres en général, et que nous avons déjà signalé lors d'une étude sur l'atelier de la rue Condamine de Bazille.
Il s'agit d'un détail.
Sur certaines reproductions, on voit partir un trait clair vers la gauche qui remonte bien droit, et sur d'autres non, et ce aussi bien sur Internet, que sur des reproductions scannées à partir d'une reproduction sur papier (diverses revues ou livres)
Cela est important pour mon sujet : ce trait serait, s'il existe, une giclée de lait, et on a vu qu'il y en a dans la peinture. S'il n'y est pas, il y a juste une goutte qui perle du sein, et le tableau n'est plus une vraie lactation. c'est le début ou c'est la fin. Et là, on peut se demander d'où vient ce trait sur les autres. Un fil qui fait partie du montage pour tenir le dispositif mammaire, ? Une rayure sur un tirage et qui est reproduite partout ? (nous en avons déjà vu un cas, en ce qui concerne un tableau de Van Blarenberghe représentant le château de la Ferté-Vidame et qui est la plupart du temps représenté à l'envers).
La solution est comme toujours d'aller voir l'original. Il faudrait donc que j'aille à Paris, au Jeu de Paume, avant la fermeture de la rétrospective, à savoir le 3 septembre.
2- De quel tableau Cindy Sherman s'est-elle inspiré ?
Les avis sont partagés. Je ne suis pas d'accord avec Sandrine H; qui ne jure que par Rubens (tu vois bien... la giclée de lait, et toutes les jeunes femmes blondes qu'il a peintes...). oui mais les femmes de Rubens sont toujours bien en chair, le visage éclairé, elles sont toujours dans des poses insensées... Là la femme, elle est blanche, elle a pas l'air d'avoir le moral, pour ne pas dire qu'elle est pleine de ressentiment, on dirait qu'elle broie du noir...bref, sans aller jusqu'à dire qu'elle fait la gueule, on peut dire qu'elle n'est pas gaie, ou au minimum qu'elle est tristounette.
je pense plutôt à Botticelli, surtout quand on sait qu'à la fin de sa vie, ses femmes peintes étaient aussi, à l'image de ses problèmes, bien sombres. Le bleu utilisé, la fenêtre, les perles dans les cheveux, le diadème plumeux, ...Je pense au portrait peint d'une femme idéale ou le portrait d'une jeune femme qu'on trouve à Berlin
Mais surtout la forme du nez et des sourcils si fins, et si caractéristiques de Botticelli, et qui a fait faire un cache à Cindy Sherman
Qu'importe peut-être...mais je parie sur la lactation et sur la Renaissance...
C'est encore Cindy Sherman qui était en couverture dans le No 21 d'Arstudio de l'été 1991, consacré au portrait contemporain, et dont je suis si fier d'avoir la collection complète, avec à l'intérieur un très bel article de Luc Lang intitulé un visage pour signature. Les amoureux de Cindy peuvent l'avoir s'ils me le demandent, je leur enverrai avec plaisir (la photocopie de l'article, pas la revue!). Cet article pose très bien je problème de l'autoportrait, et ce qu'en pense Cindy Sherman est très intéressant. Pour elle, ce ne sont pas des autoportraits : " Je ne pense pas à des autoportraits ni à des portraits de moi. pour moi, ce sont d'autres personnes. Pendant que je travaille, c'est comme si j'avais un modèle." (p.114)
Mais un tel entêtement dans le dispositif, tenter de faire apparaître tous les possibles de soi (dans la beauté comme dans la laideur), s'expérimenter ainsi, n'est-ce pas chercher les contours d'une identité ou comme le dit Luc Lang rechercher " son hypothétique figure " , et montrer que la " kyrielle de personnages, dans leur inépuisable disparité, sont autant d'épreuves de l'identité qui semble s'oublier et inlassablement qui s'éprouve ". Est toute aussi intéressante la rencontre avec Cindy Sherman dans le Télérama récent No 2940 du 17 mai 2006, où l'on trouve d'ailleurs encore la photo # 225, et de nouveau des réflexions sur l'identité...
Si on fait attention, on y voit le trait blanc de l'éventuelle giclée de lait...
Demain ou un autre jour, quelques surprises pour clore cette série sur la lactation, et pour commencer, continuer...Je ne sais quoi.
Faisons confiance en la vie parfois pour nous en distraire !