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Images et sons
et pourtant pas de cinéma.

Cela s'est passé au prieuré de Sainte-Gauburge, dans cet étonnant coin de bocage où foisonnent maisons fermières et manoirs plus beaux les uns que les autres, et qui sous le soleil se montraient dans toute leur splendeur.
C'est dans ce lieu que l'écomusée du Perche nous a accueilli pendant deux jours pour photographier et interviewer un grand nombre de personnes, en vue d'une installation qui se fera dans l'église l'année prochaine, pour marquer le quarantième anniversaire de la création du musée par l'Association des Amis du Perche.
Bien qu'étant classés biens nationaux depuis juin 1791, l'équipe des photographes et des interviewers a dû réveiller et perturber à maintes reprises les quelques anges endormis qui se plaisent à traîner encore en ces lieux.
Frédéric Chéhu s'est installé dans l'église,
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David Commenchal et Philippe Schlienger dans des bâtiments historiques de la cour. Pendant deux jours, ils ont travaillé et visiblement pris leur(s) pied(s) (bien qu'ils ont travaillé tous les trois, l'appareil dans les mains).
Je me suis aperçu que les photographes sont des gens spéciaux comme tous les professionnels ou passionnés. Ils ont leur langage (ah la technique et le jargon !), leur matériel préféré, leurs tics et surtout bien sûr chacun leur manière différente de travailler le modèle ou de le faire prendre la pose qu'ils cherchent ou qu'ils sentent.
Les photographes pourraient être filmés au travail, car il s'agit là d'une danse autour du sujet, avec tous la même obsession : la lumière qui se fait amie ou ennemie selon les cas, et qui a la mauvaise manie de fabriquer des ombres, elles aussi amies ou ennemies.
Le loup n'est pas celui qu'on pense. J'ai trouvé que les modèles obéissent souvent comme des agneaux.
Quand la photo semble bonne aux yeux du photographe (ce qui est facile à vérifier aujourd'hui grâce au numérique) il pense : ça y est, je l'ai eu ! D'un côté soumission, de l'autre possession. Ce n'est jamais si simple que ça. Certains modèles "résistent", d'autres ne se "lâchent pas" si facilement.
Comme dans la vie.
Certains ont refusé carrément de se "laisser prendre" en photo.
Comme pour le son.
Il consistait à faire une interview de gens d'une vingtaine de minutes.
Sous la silhouette la houlette et la direction de Philippe Courtin (qui fera le montage sonore de l'installation de 2012), Isabelle Battesti et moi avons interviewé tous ceux qui le voulaient bien.
Philippe avait installé son studio dans une pièce à côté de David Commenchal, Isabelle à l'arrière d'une voiture, et moi dans l'ancienne miellerie.
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Personnellement, j'aurais dû être interrogé, j'aurais choisi la banquette arrière de la voiture !
Cette expérience fut pour moi très bénéfique. Une fois de plus s'apercevoir combien nos préjugés, nos clichés reçus sont toujours prêts à ressurgir, et combien savoir écouter et entendre les autres exige une grande vigilance.
De plus, l'exercice n'est pas si facile qu'il y parait, puisqu'on ne voulait pas enregistrer 25 fois de suite que le Perche est joli, que l'automne y est magnifique, que les gens sont gentils, qu'il est vallonné, que le percheron est un cheval fantastique.
Obtenir oralement une confidence, une confession, une émotion, savoir à quel moment il faut insister et revenir pour la déclencher... Le tout en 15, 20 minutes n'est pas aisé, ni pour celui qui parle, ni pour celui qui enregistre.
Philippe Courtin nous dira quand il aura écouté attentivement les 50 à 60 interviews réalisées, mais j'espère qu'il y aura "de bonnes choses" et des surprises.
En tout cas, aurions tous beaucoup d'anecdotes à raconter !
Vu l'accueil fait à notre équipe (merci Evelyne Wander, conservatrice, et à toutes ses collaboratrices), la bonne humeur des visiteurs invités ou non, le soleil y fut sans doute pour quelque chose, des touristes (nous avons fait ce travail dans l'écomusée resté ouvert à tous), le dévouement de notre organisatrice et dispatcheuse hors-classe (merci Nathalie, qui en plus a veillé au café, aux gâteaux et autres douceurs), nous sommes tous repartis je crois satisfaits de ces deux jours de travail et de rencontres.
Après avoir tout rangé bien sûr !
En rentrant la nuit, je me suis senti quand même la tête un peu fatiguée, impatient de voir ce que tout ce qui fut semé et récolté ces deux jours donnera l'année prochaine.