Samedi 5 novembre 2005 dernière page Avant dernière page
Question de source(s)...
Il faut citer ses sources, par honnêteté intellectuelle, pour rendre à César ce qui est à César, pour reconnaître le travail des autres, pour démêler le tien du mien. Par exemple mon bouquet d'anniversaire adressé à tous mes lecteurs était un montage fait à partir d'une image de Broken flowers de Jarmusch, manière de dire que j'aime cet auteur et que j'aime ce film.
Mais puisque l'on parle de source, il faut être rigoureux, exact et complet. Par exemple ce que je viens de dire ne l'est pas. Ce n'est pas l'affiche du film. C'est une image de plateau, et plus exactement c'est une image utilisée en couverture d'un numéro de la revue Repérages que j'achète quelquefois pour le DVD qu'il y avec (et dans ce cas là, c'était le premier film de Jarmusch, Permanant vacation, véritable ofni (Objet filmé Non Identifiable), difficilement trouvable donc visible ailleurs).
Mais la source c'est aussi l'origine...qui alimente, qui inspire...De là d'où "ça" coule, d'où "ça" vient...
Celle dont parle Juliet:
En nous est la source
Mais pourquoi avons-nous
tant de mal à la rejoindre ?
Charles Juliet.Trouver la source, suivi de Echanges, Textes/Entretiens 1986-1996, La Passe du Vent, 2000, pages 1 et 50.
Citer ses sources, c'est aussi dire d'où l'on vient. Dans ce bouquet, je voulais remercier tous mes lecteurs, puisque ce sont eux aussi qui font que ce journal existe. Comme l'écrit aussi Juliet dans le même recueil :
Ecouter l'autre c'est le faire exister

Lire un journal, c'est le faire exister... Et c'est dans ce sens que je devais remercier un certain nombre de personnes qui m'avaient encouragé ou inspiré, qui m'avaient aidé, qui m'avaient écrit à un moment ou un autre, pour m'encourager, me proposer certaines idées ou me faire des critiques judicieuses...En fait des personnes sans qui ce journal se serait sans doute tari, et à qui j'en dois pour une bonne part la richesse et la variété si je veux bien croire certains témoignages.
Prenons un exemple.
Parmi ces personnes on trouve Philippe de Jonckheere qui apparaît à la fin de la première ligne de mon bouquet. Ainsi dans son bloc-note du 1er novembre il parle d'un peintre peu connu du XIXème : Émile Friant. Bien sûr, je ne le connais pas du tout, et le tableau qui inspire le maître du Désordre n'est impressionnant que par sa taille (2,54 x 3,25 m). Peinte en 1888, c'est aussi la toile la plus célèbre de cet Émile, la plus reproduite, et bien sûr ce premier novembre, la plus d'actualité ! Elle est visible dans l'étonnant Musée des Beaux-Arts de Nancy. Et chez De Jonckheere je vous laisse découvrir ce qu'elle déclanche !
Alors comme d'habitude j'ai envie d'en savoir plus, et pour cela je fais un tour sur Internet. Et je tombe, devinez sur qui ? Sur François Bon, qui dans une page intitulée "Ce que je dois au mot Lorraine" parle entre autre, d'Emile Friant (et de l'énigmatique Monsu Desiderio, aux toiles emblématiques de son site), le première né à Dieuze en 1863, mort à Nancy en 1932, le second né à Metz (mais bizarre à dire puisque cette figure incroyable de la peinture est sans doute la combinaison de deux personnes, François de Nomé et Didier Barra, il faut lire la page passionnante et claire sur cette énigme et faire la visite virtuelle du Musée de Nancy
Le commentaire de De Jonchkeere sur le tableau la Toussaint est à lire comme celui de François Bon qui s'attarde sur la Jeune fille de Lorraine, qu'on peut voir au Musée de l'Hermitage, et qui date de 1893.
Plusieurs autres tableaux sont impressionnants et me touchent : la Discussion politique, la douleur (1898, à Nancy aussi)
et les amoureux (appelé aussi soir d'automne)
et d'autres...qu'on peut découvrir sur divers sites comme celui d'artrenewal ou se renseigner sur sa vie, un peu trop académique à mon goût.
Ce que je veux dire, et où je veux en venir, c'est que grâce à Internet, le réseau des blogs, blocs-notes, journaux... je découvre et j'apprends chaque jour. Cet exemple montre qu'il ne faut pas dire : tiens, aujourd'hui jcb a fait une page sur Emile Friant. Oh là là, qu'est-ce qu'il connaît de choses... Non, ce n'est pas comme cela que ça se passe. Il y a 30 ou 40 ans, avec la même curiosité, il n'aurait pas été évident que j'entende parler d'Emile Friant (la preuve). Ce qui est formidable, c'est qu'aujourd'hui en quelques heures je puisse, chez moi, grâce à d'autres qui partagent ce qu'ils ont, voir et me faire une idée des oeuvres d'Emile Friant, lire sur lui, prendre des références, pouvoir commander si j'en ai envie des livres ou études sur lui (et les recevoir dans trois jours à Nogent le Rotrou), et qu'un lecteur à son tour soit intéressé ou non, et décide ou non d'un éventuel parcours...
L'histoire et le contenu de mon journal, c'est aussi cela et c'est pour cela que je dis merci à ces gens-là. On comprend qu'il n'y a rien là-dedans de je ne sais quel cirage de pompes ou flatterie mal placée ou intéressée. Internet est Source parce que derrière les pages il y a des gens qui prennent le temps de proposer et partager... Ceux qui parlent de narcissisme ou d'impudeur, comme je l'ai entendu, n'ont à mon avis rien compris.
Je précise aussi que si je passe beaucoup de temps enfermé dans mon bureau devant mes écrans, c'est aussi Internet qui me fait sortir de Nogent pour aller à Chantilly voir la Simonetta, aller à Orsay voir l'atelier de Bazille, aller plusieurs fois au Louvre pour rencontrer les Femmes d'Alger dans leur appartement, et qui me fera aller aussi la prochaine fois que j'irai voir Muriel et Christian à Montpellier au musée Fabre (quand il sera réouvert), mais aussi faire des centaines de kilomètres pour rencontrer des hommes et des femmes, et boire avec eux, je ne vois pas pourquoi on s'en serait privé, quelques verres de Saumur Champigny...