Mercredi 6 juillet 2005 Hier Avant hier
Pour aller de Nogent le Rotrou à Marseille, c'est facile puisque je sais le faire.
On prend le train à Nogent à 7h45 , on arrive à la Gare Montparnasse à 9h32.
On prend le bus pour aller à la Gare de Lyon.
On prend un café, on achète un sandwich, un journal, et deux livres, pas trop épais et différents, dans le style et dans le genre, pour varier selon l'humeur, au cas où aussi il y en aurait un de chiant... Pas trop épais non plus, je veux les avoir lus complètement avant de revenir à Nogent. j'en ai déjà une bonne dizaine d'entrain, c'est l'occasion de le dire.
Le plus dur dans tout ça, et le plus étonnant, c'est de trouver une machine à compostelle qui marche.
Composter un billet de train, cela veut dire l'introduire dans une borne orange qui le valide (ces bornes se trouvent dans les halls de gare et sur les quais).
Un billet non composté n'est pas valable et l'amende est la même que si l'on voyage sans billet du tout (15,24 euros si l'on paie tout de suite. Sinon, 38,11 euros de frais de dossier en plus). Expliquer en toute bonne foi que l'on ne connaît pas le règlement ne dispense généralement pas de payer l'amende. Les billets non compostés pouvant resservir, on peut donc être soupçonné de ne pas avoir composté son billet intentionnellement.
Composter c'est dérivé du radical de composteur emprunté de l'italien compostore, (compositeur). Terme de typographie, dérivé du participe passé de comporre, (composer).
Le compositeur c'est l'homme, le composteur c'est l'outil.
Une seule lettre les sépare.
L'ouvrier se tenait debout devant la casse (boite qui contenait tous les caractères, chiffres et signes de ponctuation) posée sur une espèce de pupitre ou rang, près d'une fenêtre, de manière qu'il reçoive le jour de gauche.
De la main gauche il tenait un outil en fer nommé composteur sorte de réglette où, en suivant du regard la copie placée devant lui, il disposait, de la main droite et dans l'ordre, les caractères qu'il avait saisis pour former des lignes de même longueur.
Lorsque le compositeur (ou ouvrier de la casse) avait rempli son composteur, il en mettait le contenu sur une galée, espèce de planche à rebords, placée obliquement sur la partie, droite du haut de casse.
Notre composteur sncf, muni de chiffres et de lettres, numérote, date, et encoche notre billet pour signifier qu'il a été utilisé.
Si on cherche, dans l'ordre, c'est important, le quai, la voiture, puis que l'on trouve dedans sa place, on peut s'y asseoir et se dire, une fois que l'on a réussi à se débarrasser de son ou ses bagages, et si cette dite place numérotée n'est pas occupée par quelqu'un, qui lui n'a pas compris la système de repérage, que l'on va pouvoir maintenant lire tranquille.
Et là, on peut se demander si on ne rêve pas.
que d'avoir dormi tout le voyage, et de ne m'être réveillé qu'une seule fois, au moment où le train, au ralenti, survolait le Rhône au niveau d'Avignon.
La dame assise en face de moi, et qui lisait un livre sur la vie des saints, s'est mise à chantonner sur le pont d'Avignon ce qui, sur le moment me sembla dérangeant et de mauvais goût .
À peine avais-je ramassé mon livre qui m'était tombé des mains, que je me rendormis profondément.
Arrivée à Marseille.
Prend une chambre dans le premier hôtel venu, cher, nul et triste.
Je sors dans les rues.
Je ne retrouve aucun souvenir agréable que j'avais de mon dernier séjour.
Canebière : sale pour ne pas dire crasseuse, bruyante, en travaux.
Fnac : aucun des livres que je cherchais. En promotion : que des merdes.
Du mal à trouver un restaurant qui serve du vin. Celui que je trouve est désert mais il me plaît. Au mur encore une peinture de celles qui ont bercé mon enfance. Je m'y enivre légèrement, un peu par dépit, un peu pour occuper ma solitude.
Le vieux port : insipide.
Commence à me demander ce que je fous là.
Heureusement trouve un cinéma où ils projettent Eros, que je cherchais à cause du moyen métrage de Wong Kar-Wai, La main que j'ai hâte de voir.
Cinéma assez spécial, on dirait une galerie d'art contemporain : grands murs blancs où il n'y a rien à voir.
Coup de foudre par contre pour ses portes en verre avec effets d'hologrammes, et les couloirs rouges interminables pour accéder à la salle.
je sors bouleversé par le film de Wong Kar-Wai mais déçu par ceux de Steven Soderbergh et Antonioni.
Avant de remonter le boulevard d'Athènes désert, et monter les 104 marches du Grand Escalier , je bois un cognac dans un bar presque vide où s'essouffle un petit groupe de blues.
je m'endors assez tard, essayant de lire le deuxième livre acheté le matin gare de Lyon.
" Je suis né le 30 juillet 1845, à Boulogne-Billancourt, 11 allée Marguerite, d'un juif et d'une Flamande qui s'étaient connus à Paris sous l'Occupation. "
Ce n'est pas vrai. Je suis né le 23 mai 1949, à l'hôpital Foch de Suresnes, d'un Breton et d'une Percheronne qui s'étaient connus dans un bal à Senonches, juste avant la deuxième guerre mondiale.