mardi 7 juin 2005 Hier Avant hier
Ma cour intérieure. 1.
Chaque jour depuis 9 mois, je traverse, au moins une fois par jour, dans un sens puis dans l'autre, cette cour intérieure, passage obligé entre mon appartement et la rue Rémy Belleau.
je n'ai en effet pas pignon sur rue.
Ce passage, est vide de son plein, de son histoire, et chaque jour m'emplit et m'influence de son ambiance, très variable selon l'heure, la lumière, le climat.
Beaucoup de souvenirs et d'images y sont liés. C'est là que mes filles jouent quand elles viennent à Nogent, quand le temps le permet.
C'est là qu'on se prend en photo, c'est là qu'elles ont fait leur bonhomme de Noël...
C'est une cour triste, et je ne sais trop si c'est elle qui reflète mon âme, ou si c'est elle qui déteint sur moi. J'y ressends chaque jour, quoiqu'il arrive, ma solitude et la dérision de l'existence, qui parfois sans prévenir m'assaillent .
Comme un rappel à l'ordre.
Je ne peux m'empêcher de me demander à chaque fois que je la traverse, s'il y restera quelque chose de de cette année solitaire passée à Nogent le Rotrou, et de mon passage tout court.
C'est le lieu qui récolte tous mes noeuds. Si vide et impersonnel qu'il attire comme un trou noir, tous mes vides et mes creux, et qu'il devient une figure emblématique de mon existence, le logo de mon intuition existentielle, la marque et le repère d'une tragédie indicible.
Ce passage obligé, qui ne dure pourtant pas longtemps, juste le temps de le traverser, (je ne m'y arrête qu'exceptionnellement, quand mes filles y sont et le transforment en cour de récréation), absorbe à lui seul chaque matin le courage qu'il me faut pour "y aller", et cristallise ma fatigue chaque soir pour "en revenir".
C'est l'endroit où résonnent non seulement mes pas, mais aussi l'écho de mes questions sans réponses.