samedi 27 août 2005 Hier Avant hier
Branle-bas de combat dans la région
- À Nogent le Rotrou, c'est le week-end de la Grande Braderie. Depuis vendredi c'est le bazar. Marché nocturne, animation, stationnement pénible, musique dans les rues... Le tout ayant pour but de faire acheter au type qui marche sur les trottoirs, et sans qu'il s'en aperçoive, le maximum de vieux produits ou de babioles (je n'ose pas écrire de merdes) dont personne n'avait voulu jusqu'ici, jusqu'à ce qu'on veuille bien les brader.
Le marchand vide sa cave, récupère le prix d'achat, le badaud a l'impression de faire des affaires...
Le plus insupportable est cette musique ringarde distillée dans les haut-parleurs du matin au soir. Il y a pire : un homme et une femme débiles qui causent dans le micro et vantent les produits et font de la pub pour les commerçants. C'est en direct. Ça frise Guy Lux et Simone Garnier.
Le pire du pire : j'ai deux haut-parleurs fixés à demeure, à l'extérieur de mon appartement, sous les fenêtres de mon salon.
Excédé, je préfère sortir, partir, fuir.
Et j'irai avec plaisir déjeuner avec ma mère à Verneuil sur Avre.
En cherchant où est ma voiture dans ce bazar, je trouve L'emploi du temps de Michel Butor, et Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, dans un parfait état à 50 centimes... Toujours bon à offrir...
Va, Livre, tu n'es que trop beau
Pour estre né dans le tombeau
Duquel mon exil te delivre ;
Seul pour nous deux je veux perir :
Commence, mon enfant, à vivre
Quand ton pere s'en va mourir.
À Crucey, situé entre Maillebois et Brezolles, se déroule Tecknival, où afflue de toutes les directions, les " teufeurs ". En allant chez ma mère, de la Ferté à Verneuil, on en voit faire du stop, souvent avec des chiens. La gendarmerie patrouille, des panneaux lumineux indiquent que les routes vers Senonches, Brézolles sont encombrées...À la télévision des reportages habituels (drogue etc....) rassurent les gens : l'armée, la gendarmerie, les pompiers, les médecins sont là... Ouf ! on échappera peut-être à la guerre...
la préfecture d'Eure-et-Loir a en effet mis en oeuvre les grands moyens.
" C'est ainsi que pour faire face aux "40 à 50.000 teufeurs" attendus ce week-end - dont les premiers devraient arriver dès jeudi soir - les autorités ont prévu entre 400 et 550 gendarmes pour assurer la sécurité. S'y s'ajoutera un important effectif des pompiers du département qui disposeront sur place d'un poste médical avancé (PMA) pour les soins d'urgence.

Au total, ce sont plus d'une dizaine de services de l'Etat qui sont mobilisés dans le département pour assurer, outre la sécurité, le balisage des routes à l'accueil, en passant par la mise en place de plus de 4,5 kilomètres de barrières et la création d'une voie nouvelle au milieu d'un champ de betteraves dans le bourg de Crucey-Villages pour faciliter l'accès au site.


La Croix Rouge, des équipes du Samu, ainsi que des représentants de Médecins du Monde (MDM), seront également présents sur place pour parer, en étroite collaboration avec le PC implanté sur la base et regroupant les différents services de l'Etat, à toute éventualité et faire de la prévention."
" Du concours de boules à la fête du village en passant par la brocante et autre manifestation, les villages proches de Crucey-Villages ont préféré annuler d'eux-mêmes leurs manifestations festives prévues ce week-end."

j'y serais bien allé, pour entrer sur cette ancienne base, ex-base américaine désertée au début des années soixante, où mon père à travaillé quand nous habitions Senonches. J'aimerais, depuis mon retour en France faire des photos des vieux hangars, mais en temps ordinaire c'est impossible d'approcher... et toutes mes tentatives se sont soldées par un échec.
Mais l'affluence et les embouteillages m'en dissuadent.
Encore une partie remise...
Comme depuis presque une semaine, je termine ma soirée dans l'Atelier de Bazille.
L'atelier de Bazille, sixième.
Ce petit tableau, presque au milieu de la toile, est noté partout comme une vue d'Aigues-Mortes.
A chaque séjour à Méric (nous parlerons de Méric bientôt), Bazille profite du paysage languedocien qui lui fournit les motifs dont il a besoin. C'est ainsi qu'au mois de mai 1867, il peint à Aigues-Mortes les fortifications et les étendues d'eau qui entourent la ville.
Il nous reste du sujet peint cet été ces trois tableaux :
- Les Portes de la reine, qui est au Metropolitan de New York.
- une autre vue des remparts, qui est à la National Gallery de Washington,
- les remparts d'Aigues-Mortes, qui est au musée Fabre de Montpellier,
Par plans successifs, on trouve l'eau, la terre, les reflets dans l'eau, les fortifications, le ciel... et tous les jeux qu'ils permettent.
Dans le tableau de l'atelier de Bazille, le petit tableau peint n'est pas à proprement parler une reproduction d'un de ces trois tableaux, mais il permet de citer et rappeler son travail sur les vues d'Aigues-Mortes. S'il fallait choisir, je choisirais des 3 bien sûr celui du milieu, à cause de la lumière et du chemin de sable à gauche... mais même si c'est le cas, notons que le vrai tableau n'a pas du tout les proportions de la reproduction . Les remparts en réel sont une huile sur toile de format rectangulaire donc allongé, puisqu'elle mesure 1 mètre sur 60 ou 65 cm de haut....
Il s'agit juste d'une citation.
Quand on regarde de près dans l'atelier de la rue Condamine, (qui n'est pas une si grande toile que cela, 1,28 m x 98 cm), la toile d'Aigues représentée est petite et ne mesure en réalité qu'un peu plus que 8 cm. Grandeur réelle c'est donc exactement cela :
On comprend que Bazille n'a pas perdu beaucoup de temps et n'a pas cherché spécialement à être " fidèle " à son vrai tableau. Le citer, en donner avec trois coups de pinceaux l'impression...suffisaient. Il n'a même pas pris le soin de bien représenter les bords ni délimiter la toile.
Si on fait attention, on peut le voir peindre et en trois coups de pinceaux " représenter " la vue sur Aigues-Mortes et ses remparts.
Fait en 1870 !
Bel exemple d'efficacité non ?
" Par un chemin tout neuf, car ie ne trouve pas
Qu'autre homme l'ait iamais escorché de ses pas."

comme aurait dit Agrippa...