dimanche 1er et lundi 2 janvier 2006 dernière page Avant dernière page
Mais non mais non...
Je ne suis pas noir. Je ne vois pas noir et ne suis pas en pleine déprime.
Mes " voeux d'hier " en ont inquiété quelques-uns, pour ma santé mentale entre autre.
Mais non, rassurez-vous, tout va bien dans le pire des mondes.
Je reste debout, j'espère que la banque va me reprêter de l'argent pour payer les ouvriers, j'espère que je ne referai pas d'infarctus, j'espère que mes élèves vont enfin s'intéresser à ce que je raconte , j'espère que je vais rencontrer une femme ordinaire, j'espère que je vais reprendre la peinture à Thiron, finir mon livre entamé, j'espère que je vais perdre dix kilos, j'espère que je vais arrêter de fumer, j'espère refaire un road movie, j'espère gagner au loto, j'espère que ma vieille voiture ne va pas rendre l'âme, j'espère que ma carte mère ne va pas exploser, j'espère découvrir des livres à nuits blanches.
J'espère qu'en 2006 je boirai enfin du Pétrus, que les endormis se réveilleront...
C'est suffisant et étonnant non ?
Mais non mais non...
Je ne rajoute pas à la morosité ambiante.
Mon humeur n'est pas difficile,
Mon humeur n'est ni chagrine ni maussade,
je ne manque pas de vivacité ni de gaieté,
je ne suis ni lent ni retardé,
je ne me plais pas dans le malheur.

Quant à mes péchés commis... ils sont commis,
et un compromis a été durement obtenu : quatre mille siècles de purgatoire avant d'aller au Paradis.
J'aime pas le Paradis, je voulais rester au purgatoire (pas l'enfer car j'aime pas la chaleur). Rien à faire. Ma punition sera d'aller quand même au Paradis.
Et puis l'Eden, c'est le nom du cinéma à Nogent le Rotrou...alors si au Paradis ils passent des films, après tout, y'a pire. J'ai donc signé.
Mais si mais si...
Je vous jure que je ne triche pas, que je ne vois rien...
- Pour qui celle-là ?
- Pour maman.
- Et celle-là ?
- pour Léa.
- Et celle-là ?
- pour papa.
- Et celle-là ?
- pour moi.
Aller et retour Nogent le Rotrou-Villeparisis, toujours un peu triste bien sûr, mais rassuré de voir à quel point mes filles sont heureuses et bien dans leur peau. Difficile de ne pas penser que ce temps d'innocence ne durera pas pour elles. J'espère qu'elles auront de beaux souvenirs.
Ne réalisent pas non plus, en quoi elles sont privilégiées.
Il repensa à la nuit dernière. Il se souvient qu'il avait bu une bouteille exceptionnelle et qu'il s'était répété sans savoir pourquoi : " il ne faut pas se plaindre ".
Dieu sait pourquoi il repensait à la pièce de Sam Shepard Fool for love et la citation (d'Anthony Bloom) mise en exergue :
" La réponse convenable à l'amour est de l'accepter. Il n'y a rien à faire. "
- Facile à dire s'entendit-il répondre intérieurement.
Ils n'ont que ce mot-là à la bouche, comme si c'était la clef évidente de tous les problèmes...l'amour, l'amour...

Il se redit aussi, sans savoir d'où lui venait cette idée, que l'année 2006 serait sans doute pour lui une suite de galères qu'il faudrait accepter pour les vivre comme autant de fictions.
Encore plus tard dans la nuit, il se coucha en repensant à un film vu il y a longtemps, il ne souvenait même pas où, avec Sophie Cale et Greg Shephard... sans doute à cause du glissement facile de Sam à Greg, peut-être aussi à cause du titre et de son idée/envie de refaire un road movie qui ne le lâchaient pas depuis deux jours.
cela s'appelait No sex last night.
Mais tant qu'à faire, il préférerait que son remake soit plus du genre No night last sex.
Il attendit que le sommeil vienne en continuant le roman policier entamé depuis son retour de Montpellier (La lionne blanche d'Henning Mankell).