Dimanche 3 juillet 2005 Hier Avant hier
Foire à tout à Bretoncelles.
Il ne s'agit pas de comparer avec celle de la Madeleine-Bouvet : elles sont toutes pareilles. On appelle ça aussi vide-greniers. Chaque week-end, un ou deux villages ont les leurs. C'est très couru. Je ne me tiens pas au courant, mais un kilomètre avant on sait... Les prix sont bas, mais surtout se discutent.
Personnellement je ne discute pas. Je paie le prix annoncé, ou alors je ne prends pas. Je n'arrive pas à m'imaginer passer un quart d'heure pour faire baisser de 30 centimes ou d'un euro, quelque chose qui de toute façon ne vaut rien, que le désir de l'acheter pour le posséder (se l'approprier).
J'ai acheté :
- 7 cartes postales choisies dans une boite à chaussures, pour la surprise du mélange incroyable qu'elle contenait. Rentré à Nogent, je suis encore étonné de l'association des 7 choisies. Elles feront sans doute une page à elles seules un jour... 3 euros 50 centimes.
- un vieux livre de poche, 1966, Le Régent de Philippe Erlanger, parce que je cherche depuis longtemps à faire un travelling circulaire, autour...de Saint-Simon. 1 euro 50 centimes.
- Points de vue et références sur le XVIIIè siècle, Chassang et Senninger, 1966 parce qu'il contient une très belle analyse de six textes de Saint-Simon. 1 euro.
Bastian saura quelle photo j'ai faite pour lui.
Quant à la dernière photo, il s'agit d'une réplique très ressemblante d'un tableau que j'ai supporté toute mon enfance dans la salle à manger...
Qui sait ? C'est peut-être pour cela qu'aujourd'hui mon peintre préféré, je l'ai déjà dit, est Vélasquez.



Tableau indissociale depuis mon enfance de ce poème :
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.

Pour raconter son infortune
À la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.

Mais aucune réponse, aucune,
À ses longs appels anxieux!
Et, le cou tendu vers les cieux.
Folle d'amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune.

C'est de Maurice Rollinat, dont pendant une bonne partie de siècle, tous les enfants de France ont appris des poèmes.
Pourquoi parler de Maurice Rollinat ?
Mais à cause de George Sand bien sûr ! " Grâce à l'amitié qui unissait son père à George SAND, Maurice ROLLINAT eut dès sa jeunesse, un contact direct avec la littérature. Cette amitié purement intellectuelle dura jusqu'à la mort de François ROLLINAT et on peut considérer George SAND comme la "marraine littéraire" de Maurice ROLLINAT car il rencontra avec son père à NOHANT et à GARGILESSE, il lui confia ses poèmes à lire et il lui demanda conseil. De passage à CHÂTEAUROUX, George SAND alla souvent rue des Notaires, bavarder avec François ROLLINAT. Aux yeux de cet enfant, elle apparut auréolée de la gloire de ses écrits."

Mais il n'a pas écrit que ce genre de poèmes...(car si sa première influence fut George Sand, les suivantes furent Baudelaire et Edgar Poe .)
Également encouragé par la tragédienne Sarah Bernhardt, il fit notamment connaître ses œuvres au cabaret le Chat noir, en les récitant ou en les chantant, tout en s'accompagnant au piano.
Certains textes sont vraiment inquiétants.
"Où vais-je ?
Nuit noire comme un drap de morts,
Sois plus épaisse !
Je ris de votre acharnement
Car l'horreur est un aliment
Dont il faut qu'effroyablement,
Je me repaisse."

Pour ceux que cela intéresse, lire :
- Maurice Rollinat et les "Névroses"
- Maurice Rollinat et Edgar Poe : similitudes et différences en poésie
- L'influence de George Sand sur Maurice Rollinat, ces trois conférences par Madame le Docteur Catherine RÉAULT-CROSNIER.
Maurice Rollinat, atteint de psychose, se retirera près de Nohant, et mourra en octobre 1903 à la Maison de Santé d'Ivry sur Seine.
Il reste un des écrivains célèbres du Berry avec George Sand, Alain Fournier, Hugues Lapaire, et son œuvre réserve sans doute encore des surprises.
Au fait, pour ma discipline, la biche ne brame pas. Seuls le Cerf et le Daim brament (particulièrement et essentiellement aux moments des amours).
Mais en littérature, on l'a vu, on peut tout écrire , même situer Nohant sur la Loire !