Mardi 28 juin 2005 Hier Avant hier
Ça s'appelle le D.N.B., Diplôme National du Brevet.
Pour ceux qui ne sont plus au courant c'est ce qu'on a appelé autrefois BEPC, puis Brevet des Collèges. (Quand dans l'Education Nationale change un sigle, ça veut dire qu'on a changé de ministre et qu'il a fait "une réforme "...) Je viens de surveiller (hier et ce matin) les trois épreuves écrites, et je voudrais juste vous parler de l'épreuve de Français qu'ont eu à faire les élèves de Nogent le Rotrou.
Plus exactement il s'agit de la première partie de la première partie c'est-à-dire celle qui s'intitule Questions- réécriture d'une durée d'une heure 15. (la deuxième partie de la première partie consiste en une dictée de 15 minutes) (la deuxième partie est une rédaction d'une heure 30.)
Ça commençait mal :
Il fallait commencer par dicter aux élèves les corrections à faire :
-Question II, 5 au lieu de "lignes 7 et 12" lire "lignes 7 à 14",
- Question III, 8,d, au lieu de "lignes 14 à 19" lire "14 à 17".
On se dit quand même, ils auraient pu relire avant d'imprimer...mais bon.
Ça continuait pire :
je vous mets le scan, sinon vous n'allez pas le croire .
Début du texte distribué (haut de la page):

Vous avez bien lu :
Georges avec un S
Nohant et La Châtre sont au bord de la Loire !
On croit rêver non ?
Education Nationale :
quand on vous dit que ce n'est plus ce que c'était !
On a peur quand même du prof de français qui a donné le sujet. Car ce n'est pas une faute de frappe : fin du texte Re Georges !

Je vous contracte (diminue les espaces blancs de la fin de la page) :

On notera aussi que le titre du livre d'où c'est extrait n'est pas indiqué en italique, alors que René l'est, à juste raison, plus loin. Par contre ils l'indiquent comme un roman ce qui se discute (avis aux amateurs !)
Je suis sûr que certains veulent savoir en quoi consiste cette épreuve qui s'intitule Questions-réécriture. Ils ont raison.
C'est, excusez-moi mais je ne trouve pas d'autre expression : chiant comme la mort !
Si ça vous donne envie de lire après ce livre, ou même de lire tout court, dites-le moi !
Les questions sont sur 15 points et sont regroupées sous trois rubriques :
I- Le portrait d'une femme originale (6 points)
II- " Le désert des hommes " (4 points)
III- De la liberté à l'inspiration de l'écrivain (5 points)
Ça fait sérieux, mais attendez de lire les questions.
La réécriture est sur 4 points.
Liquidons la réécriture tout de suite puisque l'intitulé est très court :
" Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire. On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas."

Réécrire ce passage au conditionnel passé (temps employé dans la forme : "j'aurais pu..." ligne 15), en employant la première personne du pluriel à la place de la première personne du singulier.
Fastoche non ? Et puis si on y arrive, on peut se dire au moins qu'on est un bon réécriveur.
Solution : " Cela nous aurait été bien égal, à nous qui n'avions aucune affaire. On ne nous aurait pas connus, on ne nous aurait pas regardés, on ne nous aurait pas repris".
Bon, 4 points d'engrangés !
Mais entre nous, je vois pas une bande de types en train de se dire ça dans la rue, à part peut-être une bande de malfrats qui viennent de sortir de taule et qui se baladent dans les rues de Paris et qui rêvent de ne pas se faire reprendre.
Mais ce n'est plus le sens du texte. Lui, Georges avec un S, il veut devenir écrivain !
QUESTIONS. je vous les mets en noir, et aussitôt les réponses en rouge (enfin, les réponses attendues par les profs qui sont payés pour mettre sur Internet les réponses deux heures après).Vous allez voir c'est d'un passionnant redoutable, et surtout avec elles, on est sûr que pas un gamin de ce DNB là n'aura envie de lire Histoire de ma vie de ce Giorgio là !
I - Le portrait d'une femme originale (6 points)
a. Lignes 2 à 5 : Quelle figure de style George Sand utilise-t-elle pour se décrire ?
George Sand utilise une métaphore filée pour se décrire : elle se présente comme une femme errante portant, comme un enfant, son idéal, dans les intempéries.
b. Dans ces mêmes lignes, quelles expressions montrent que George Sand vit dans l'inconfort ? (1 point)
Les expressions qui montrent que George Sand vit dans l'inconfort : "dans la rue", "les pieds sur le verglas", "les épaules couvertes de neige", "l'estomac un peu creux".
2."Je n'étais plus une vieille dame, je n'étais pas non plus un monsieur"
a. Liez ces deux propositions en utilisant une conjonction de coordination.
Voici ce qu'on obtient en utilisant une conjonction de coordination pour lier les deux propositions : "Je n'étais plus une dame mais je n'étais pas non plus un monsieur"
b. Quel lien logique avez-vous mis en valeur ?
On a mis en valeur un lien logique d'opposition.
c. Expliquez la différence entre "femme" et "dame". (1,5 points)
Le terme "femme" évoque un être humain appartenant au sexe féminin, par opposition à homme. On emploie également le terme pour "épouse".
Le terme "dame" est un titre donné à toute femme détentrice d'un droit de souveraineté ou de suzeraineté, une femme de haute naissance.
Dans l'usage poli, de bon ton, une "dame" est une personne adulte de sexe féminin.

3. Relisez les deux premiers passages au discours direct.
a. Quel est le niveau de langue de chacun d'eux ?
A Nohant, le niveau de langue est familier (patois). A Paris, le niveau de langue est soutenu.
b. Proposez deux qualificatifs qui résument les commentaires faits sur George Sand. (2 points)
Les commentaires faits sur George Sand sont moqueurs, taquins, affectueux, gentiment irrespectueux : " not'dame", "faut qu'elle soit dérangée d'esprit".
4. En conclusion, indiquez en quelques lignes les traits essentiels du portrait que George Sand fait d'elle-même (1,5 points)
George Sand se présente comme une femme idéaliste, libre, courageuse, résistante. Elle se soucie peu des conventions, est imperméable aux critiques. C'est une femme active, toujours pressée et passionnée.
II - "Le désert des hommes" (4 points)
5.
a. Quelle figure de style est utilisée ici ? Justifiez avec précision. Lignes 7 à 13 : "On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas [...] on ne pensait rien de moi, on ne me voyait pas" (2 points)
La figure utilisée est l'anaphore (répétition du pronom On).
b. Qui est "on" ?
"On" représente les badauds, les passants à Paris qui ne prêtent aucune attention à George Sand.
c. Par quel pronom indéfini "on" est-il repris deux fois dans le texte ?
"personne" reprend deux fois "on" dans le texte.
d. Relevez les deux groupes nominaux qui désignent les Parisiens entre les lignes 6 à 10. (2 points)
Voici deux groupes de mots qui désignent les Parisiens : " les passants affairés", "cette immense foule".
6.
a. Relevez une comparaison entre les lignes 6 et 10.
Voici une comparaison :" comme à la Châtre"
b. Relevez une métaphore dans ces mêmes lignes.
Voici une métaphore : "j'étais un atome perdu dans cette immense foule"
c. Quel effet produisent-elles ? (1 point)
La comparaison met en valeur l'aspect "familial" de la vie à Nohant, où tout le monde connaît George Sand. L'auteur cite le nom de ce lieu qui lui tient à coeur. La métaphore insiste sur le caractère anonyme de la vie à Paris où George Sand passe complètement inaperçue, malgré l'originalité de son accoutrement.
7. En conclusion :
a. Que signifie l'expression "désert des hommes" ?
L'expression "désert des hommes" représente le monde, la société, peuplée mais vide à force d'indifférence et d'égoïsme.
b. Quel sentiment George Sand éprouve-t-elle dans ce "désert des hommes" ? Justifiez votre réponse en citant le texte (1 point)
George Sand éprouve du bien-être parce qu'elle est tranquille, personne ne s'occupe d'elle ni ne la juge. Elle emploie d'ailleurs le terme "satisfaction" pour décrire ses sentiments. La foule, son anonymat lui permettent de vivre en toute liberté ses choix.

III - De la liberté à l'inspiration de l'écrivain (5 points)
8.
a. Quel mot du texte est repris par les deux pronoms "le" à la ligne 2 ? (0,5 point)
Le mot du texte repris par les deux pronoms "le" est "idéal".
b. "le faire éclore" : Expliquer précisément cette image. (1 point)
George Sand porte en elle cet idéal qu'elle veut voir se réaliser. Comme la plante ou la fleur, après une longue germination, l'idéal va s'épanouir. On peut penser aussi à un oisillon sortant de l'oeuf.
c. Quelle énumération montre que George Sand parle ici de son inspiration d'écrivain ? (0,5 point)
L'énumération qui montre que George Sand parle ici de son inspiration d'écrivain est : " songes, mélodies, couleurs, formes, rayons, fantômes"
d. Quel mot, dans les lignes 14 à 17, confirme cette explication ? (0,5 point)
Le mot "roman" confirme cette explication.
9.
a. Relevez dans l'ensemble du texte trois compléments de lieu qui précisent où se trouve George Sand pendant que lui vient cette inspiration. (0,5 point)
Voici trois compléments de lieu qui précisent où se trouve George Sand pendant que lui vient son inspiration : " dans la rue", "sur le trottoir" "d'une barrière à l'autre".
b. Lignes 14 à 19 : Quel verbe résume ce que fait George Sand de son "entière liberté" dans Paris ? (0,5 point)
Le verbe qui résume ce que fait George Sand de son entière liberté est " je me promenais".
10. En conclusion, dites en quelques lignes pourquoi George Sand a trouvé à Paris les conditions nécessaires pour devenir écrivain. (1,5 points)
George Sand a trouvé à Paris les conditions nécessaires pour devenir écrivain car la ville est grande, la foule anonyme et indifférente. Elle peut trouver de nombreuses sources d'inspiration et éviter les jugements critiques ou les moqueries à son égard. Elle est libre de ses mouvements, de ses pensées et de ses actes.
je suis sûr que vous êtes nombreux à apprécier la différence entre une femme et une dame, mais surtout à savoir maintenant ce que sont les bonnes conditions , mieux les conditions " nécessaires " pour devenir un écrivain !
Il est sûr qu'avec ces conditions, à Nogent le Rotrou, je n'ai aucune chance ( La ville n'est pas assez grande, pas assez anonyme...) et que je n'arriverai jamais à y écrire.
Berlol à Tokyo peut-être...(on se souvient de ses cours sur George Sand à la fin de l'année dernière...)
Ce sujet a été donné dans les académies suivantes :
BORDEAUX, CAEN, CLERMONT-FERRAND, LIMOGES, NANTES, ORLEANS-TOURS ( Nogent le Rotrou), POITIERS, RENNES.
Ce qu'en pensent les professeurs de français ?
D'après les forums ou réactions sur Internet ils semblent penser que :
- Le sujet (regroupement des académies de l'Ouest) se détachait par une exigence supérieure par rapport aux autres : le texte datait du XIXème, plus ancien, plus riche. Les questions elles-mêmes étaient plus exigeantes et plus techniques.
- La dictée était également plus difficile.(texte de Sand aussi)
- Les questions sont assez disparates, ce qui a pu gêner les élèves.
- certaines questions sont (trop) faciles, comme le relevé de trois compléments circonstanciels et d'autres plus (trop) pointues sur les figures de style.
Tous semblent relever l'hétérogénéité des questions (pouvant déstabiliser les élèves), et le manque de logique dans la progression du questionnaire.
Bien sûr, je pourrais raconter pas mal de " perles " lues dans certaines copies, mais je me les garde, car je ne trouve pas bien de se moquer des élèves faibles ou complètement " à côté de la plaque ".
Je préfère rappeler le boulot superbe qu'avaient fait les élèves du Lycée Sully de Nogent.




Femme ou dame ?