jeudi 5 mai 2005 Hier Avant hier
Et bien voilà, ce matin en me levant, je pensais faire la page sur le quatrième panneau de Maître Cassoni Campana, que j'ai décrit et annoncé comme délirant.
Ensuite je suis allé chercher ma mère à Verneuil sur Avre, qui bien sûr trouve la maison vide, et son emploi du temps sans but, elle qui depuis trois mois passait 6 heures par jour à l'hôpital...
En fin d'après-midi, au retour je me suis arrêté comme d'habitude devant le château de Saint-Simon, que je trouve de plus en plus mal en point. Je le sens mourir, tomber en ruines. De plus en plus "la peau sur les os", crevant la "gueule ouverte", et je sais ce que cela veut dire aujourd'hui.
La pelouse tondue est minimale, juste un trait vert pour diriger le regard, où cas où on ne saurait pas ce qu'il reste à voir.
Et puis, j'ai ouvert un dossier Sylvain Fusco.
Non pas à cause, mais grâce à un mail de Marie-Pool.
(y'a vraiment que les fidèles des fidèles qui savent d'où je ressors ce dessin)
Suite à ma page sur Louis Soutter, la page qui en six mois m'a valu le plus de réactions et de grands petits mots...
MP termine en disant : "Voilà. J'espère que cette piste vous plaira."
Bien sûr. Plus que tout. Piste, chantier, atelier... embrouille, errance, tentative, recherche etc. etc....
Sylvain Fusco, bien sûr, incroyable, détonateur, toujours cité dans cette polémique incroyable sur les 48 000 personnes qui sont décédées dans les hôpitaux psychiatriques français pendant la dernière guerre mondiale, dont 2 000 à Lyon, et qui font poser la question : "Y-a-t-il eu dans notre pays une volonté délibérée d'éliminer les malades mentaux ?" ou encore plus clair : "y-a-t-il eu en France une volonté délibérée d'éliminer les malades mentaux, comme le fit l'Allemagne nazie qui les extermina systématiquement ? "
Pour ceux qui s'interrogent, bien sûr il s'agit encore d'un peintre, mais interné cette fois et non pas sur la demande familiale.
Il a tué le 2 décembre 1923 une femme dans un bar, sous la mauvaise influence d'un groupe de malfras, une bande, appelée " les Apaches ". Il s'enfuie et va se réfugier chez son frère à Paris, ce qui n'empêchera pas qu'il soit arrêté un mois plus tard par la police.
Vous ne voyez pas le rapport entre un assassin, la police et le grand peintre qu'il fut ?
Vous croyez que c'est suite à son meurtre qu'il fut interné?
Vous n'y êtes pas. Il n'avait été condamné qu'à deux ans de prison, qu'il fit bien sûr. On dit qu'il a "purgé" sa peine.
Alors ? Alors c'est bien sûr très compliqué. Genre partie d'échecs.
Je vous ai encore menti pour avoir voulu aller vite : comme pour Soutter, c'est sa famille qui le fit interner.
(Décidemment, les familles ç'est dangereux, surtout quand elles veulent votre bien...)
Grâce à "class="flot_gauche" (ah, ce langage des initiés, ce que c'est énervant) vous avez déjà sa photo, ça se voit toujours quand on a affaire à Quelqu'un non ?.
Il est 1 heure du matin. Je m'en fous et c'est sans intérêt. Ça arrive tous les jours qu'il soit une heure du matin. Mais il n'y a eu qu'un type qui s'appelait Sylvain Fusco, qui fut enfermé le 9 avril 1930 dans l'enceinte de l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron, qui jouxte Lyon.
Un peintre de génie. Regardez bien encore ce type.
il est mort le 29 décembre 1940, de malnutrition, certains diagnostiquent le béribéri. Le premier mort de ce centre psychiatrique qui a le record de 2000 morts de faim entre 1940 et 1945.
Ce type est mort de faim !
Faut dire quand même, et ça fait pâlir, qu'il y avait, géré par ce centre une ferme, une vraie, de 80 hectares, " une des plus riches et des mieux gérées de la région avant guerre, une véritable ferme pilote où, avec l'aide d'ailleurs quasi gratuite de "malades travailleurs", on cultivait le blé, l'avoine et un peu de vigne, la betterave et toutes sortes de légumes et d'arbres fruitiers ; on y élevait bovins et porcins, volailles et lapins, qui atterrissaient dans la boucherie ultramoderne".
Mais qu'est-ce qu'il nous raconte là ? C'est une histoire incroyable... mais non, il faut la croire.
Mais pendant la guerre, la ferme ne fonctionnait pas...FAUX : elle vendait même des surplus...(cf travaux de Patrick Lemoine, dont je parlerai demain...)
je sens que demain on reprendra tout à zéro.