lundi 9 janvier 2006 dernière page Avant dernière page
Last details on Camille Gaté,
page dédiée à Carole A.
(On peut revoir les chiens de relais et la statue de Rémy Belleau qui n'existe plus)
En ce qui concerne les chiens que j'avais montré sous deux versions, Edouard F. me précise :
- La photo des chiens en fonte de fer a été prise dans la cour du château (de Nogent le Rotrou), c'est le pavillon Louis XIII qu'on voit derrière.
- Quant aux modèles,ce seraient bien des Bleus de Gascogne et même des Grands Bleus(le plus grand de chasse français,race ancienne,dans les meutes royales depuis Henri IV...). Ce n'est pas une certitude,c'est difficile à voir à partir d'un croquis mais les oreilles et la queue en faucille,ça colle assez.
Un chien de relais est un terme de vènerie, ou chasse à courre. Ce sont des chiens qui sont destinés, à un moment de la course après le gibier, à remplacer (relayer) les animaux fatigués. Comme dans les Postes, il y avait des chevaux de relais.
En fait dans une meute, les différentes équipes de chiens qui se relaient portent un nom différent, qui indiquent aussi de quel relais il s'agit.
Les relais de chiens de chasse à courre se nomment donc :
- le premier, la vieille meute;
- le second, la seconde vieille meute ou la seconde;
- le troisième, les six-chiens.
Lorsqu'on ne fait pas de relais et qu'on chasse avec tous les chiens, on chasse ou l'on découple de meute à mort.
Attaquer un animal de meute à mort signifie l'attaquer avec tous les chiens qui composent la meute, pour le forcer sans relais.
Edouard a sans doute raison car vérification faite, le Bleu de Gascogne est un chien de relais régional, au même titre que le Bruno du Jura, le Basset Fauve de Bretagne, le Chien d'Artois, et quelques autres...
Maintenant, pourquoi Camille Gaté a-t-il choisi cette race plutôt qu'une autre, on a là un problème qui doit avoir sa solution, mais difficile à trouver, vu la pauvreté des renseignements biographiques disponibles.
Outre les renseignements trouvés et donnés dans les deux pages précédentes, j'ai récolté deux ou trois précisions:
Attention , histoire de familles !
- Son père était Michel Gaté-Richard, propriétaire d'une des quatre grandes tanneries de Nogent le Rotrou, et ce sont les employés de la tannerie familiale qui furent les premiers modèles du jeune Camille sculpteur.
La tannerie Gaté avait été fondée en en 1848 par son père et s'était appelée ensuite tannerie Gaté-Richard quand celui-ci avait épousé sa mère Désirée Richard. Ils eurent quatre enfants dont deux décédèrent en bas âge. Il resta donc Camille et sa soeur Marie.
Les affaires étaient florissantes. le couple gaté-Richard devint propriétaire en 1881, de la villa Saint-Hilaire, rue des Gauchetières (parc de la clinique Saint-Jean) et y installèrent leur résidence.
On trouve aujourd'hui une carte postale de la villa Saint-Hilaire avec sur la pelouse les chiens de relais de Camille Gaté.
Au passage, notons que nous avons là une troisième reproduction de ces chiens dans un troisième endroit à Nogent le Rotrou, nous sommes là sans doute dans une histoire de relais !
En mars 1895, les parents firent le partage de leurs biens.
Marie épousa Henri Villette, jeune contremaître.
Camille était donc tanneur, tout en s'adonnant à sa passion, la sculpture.
La tannerie prit le nom de tannerie Gaté fils et gendre. Mais Camille Gaté mourut jeune en 1900 à l'âge de 44 ans.
La tannerie fut alors dirigée par Henri Villette et devint la tannerie Villette-Gaté.
Son histoire ne s'arrête pas là. Elle est passionnante. On la trouve bien relatée avec de nombreux documents dans le livre Les industries percheronnes de Claude et Gwénaëlle Hamelin, tout aussi remarquable pour les chapeaux Tirard que les pianos automatiques Magnan Frères déjà évoqués.
Revenons à Camille Gaté. On connaît de lui, hors les chiens de relais et la statue de Rémy Belleau détruite par les allemands lors de la dernière guerre :
- une collection de bustes de son père, de M.Truelle (un député de Nogent), du sénateur Labiche, des docteurs Souplet et Desplantes,
- le Triomphe de la pensée philosophique, un haut relief en plâtre de 1889,
- La France s'abandonne à la République, un bronze de 1894,
- La tentation du Christ (1897),
- L'Extase (1898),
- l'Humanité devant l'infini, un marbre de 1898,
sans oublier ses sculptures du début représentant les employés de la tannerie de son père, dont Le Petit Maître et l'Ouvrière, deux terres cuites visibles au musée du château de Nogent le Rotrou.
La manière la plus facile de voir son oeuvre est de la considérer comme le témoignage d'un environnement familial, social, politique et philosophique de la fin du XIXème siècle dans une province française qui n'était pas, comme on le pense souvent qu'agricole et célèbre pour ses chevaux, mais un pays novateur dynamique et industrialisé : le Perche.
Vers 1885 cet industriel, tanneur et sculpteur, s'était même initié à la littérature en publiant successivement Etudes et contes et Sidonie et plus tard Yvonne.
Un homme les pieds bien sur terre, mais aussi sans doute idéaliste et, au vu de ses titres, appréciant manier l'allégorie.
Chienne de vie.
Au moment où je vais clore cette page, je lis en petits caractères dans le livre des Hamelin,(page 91), que les chiens de relais étaient des Saint-Hubert !
Hésitations et volonté bête de vouloir vérifier...
Je n'ai plus de courage, il est déjà tard. Il faudra que je vois ça avec Edouard demain.
Nom d'un chien !