Lundi 19 septembre 2005 Hier Avant hier
Exemple d'un objet littéréticulaire
Avec moi, l'amour en cage devient barque que la grue barre sur l'onde laquée.
Au départ je ne comprenais rien, même en lisant ce qui amenait à cette phrase : " Soirée gastronomique et touristique entre collègues. Avant d'aller par les rues, nous dînons dans un excellent restaurant japonais, qui est aussi une maison du patrimoine. Sous nos verres, des grues en origami. Dans des demi-physalis (houzuki), une mise en bouche vite avalée. Avec moi, l'amour en cage devient barque que la grue barre sur l'onde laquée."
Il me fallait donc reprendre les différents éléments un à un.
Grues en origami
Une des représentions d'origami les plus célèbres est la grue du Japon. La grue est un animal important pour le Japon (un satellite porte même le nom de Tsuru (grue)). La légende dit: quiconque plie mille grues de papier verra son vœu exaucé. La grue d'origami est devenue un symbole de paix en raison de cette légende, et d'une jeune fille japonaise appelée Sadako Sasaki. Sadako a été exposée, enfant, au rayonnement du bombardement atomique d'Hiroshima. Elle devint alors, un « hibakusha », un survivant de la bombe atomique.
Entendant la légende, elle décida de plier 1 000 grues pour guérir. Elle mourut de leucémie en 1955 à l’age de 12 ans après avoir plié 644 grues. Ses compagnons de classe plièrent le nombre restant et elle fut enterrée avec la guirlande de 1 000 grues. Même si ses efforts n'ont pas prolongé sa vie, ses amis installèrent une statue en granit représentant Sadako dans le parc de la paix d’Hiroshima : Une jeune fille se tenant les mains ouvertes, un vol de grues de papier au bout des doigts. Chaque année la statue est ornée de milliers de guirlandes de mille grues d'origami (Oritsuru en japonais). Depuis, il est entré dans la tradition de plier 1000 grues en papier lorsque qu'un proche ou un ami est gravement malade. Au delà de la superstition, cet acte procure au malade courage et volonté qui se sent ainsi entouré.
1 Partir d'un carré de papier
8 On obtient un carré avec 4 volets autour de la diagonale
9 Plier chacune des faces vers la diagonale intérieure, du coté pointes libres
11Tirer sur l'extrémité inférieure et ramener vers le haut en inversant les plis 13-14 recommencer sur la face opposée pour obtenir 15
16 Replier vers la diagonale intérieure les faces, joindre ces faces vers l'intérieur. Faire de même sur la face opposée.
17 18 Remonter les deux pointes les plus effilées vers le haut de façon que les pointes se rassemblent.
19 Utiliser les deux pointes les plus fines pour faire la queue et le bec ( écarter un peu, refaire un pli et inverser une partie du pli pour faire le bec) et les parties plus larges pour les ailes. Appuyer un peu pour arrondir le dos.
On trouve de nombreux sites qui expliquent plus ou moins bien comment faire cette grue, non seulement symbole de la paix, mais aussi typiquement japonais et maintenant lié à son histoire.
Pas étonnant donc qu'au Japon on en trouve partout, y compris sur la table d'un restaurant !
Physalis, (Étymologie : mot grec), Famille des Solanacées
Alkékenge,
Amour en cage (Ah, tout s'éclaire !),
Coqueret,
Cerise d'hiver,
Cerise de juif,
Cerise de terre (au Canada),
Herbe aux cloques ou à cloques,
Herbe à la pierre,
Groseille du Cap,
Lanterne japonaise.
Plante ornementale dont le calice, après floraison, s'accroît en une sorte de cage membraneuse entourant une grosse baie. De la taille d'une cerise, de couleur orangée ou jaunâtre, ce fruit est emprisonné de feuilles parcheminées qui forment une lanterne chinoise.
Je récapitule.
Le 16 juillet 2004 Berlol passe une soirée gastronomique et touristique entre collègues. ils ont discuté l'après-midi, pendant 4 heures, de Victor Hugo. Ils ont besoin de se changer la tête.
Avant d'aller par les rues, il dîne dans un restaurant japonais où il trouve sur la table une grue japonaise. Tout en discutant, il fabrique avec ce qu'il a sous la main, une chimère, " assemblage monstrueux, objet composé de parties disparates ", qu'il photographie pour mettre en ligne sur son journal du même jour, pour garder une éventuelle trace de ce repas.
Un peu plus d'un an après, il pense à reprendre cette chimère quand il change le frontispice de son blog.
L'objet dégagé de son contexte n'en devient que plus étrange, et d'un certain côté symbolique des "significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'Internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur." (exergue du JLR).
On aurait donc là ce qu'on peut appeler un objet d'un nouveau type :
l'objet littéréticulaire
du type berlolien.
Son nom pourrait être un physaligrue,
classé dans la sous-catégorie des objets littéréticulinaires.