jeudi 22 décembre 2005 dernière page Avant dernière page
Quatre jours entre deux trains. 1.
Mais on se rend vite compte qu'un voyage est bien plus que les images ou les mots qui s'y rapportent et qui ne sont que comme traces du déplacement dans un paysage dont la parole nous échappe.
Au départ c'est souvent une tentative de renouvellement ou de changement, une manière de changer ou perturber l'ordinaire, de satisfaire une curiosité, d'aller voir ailleurs si on y est, en espérant d'en rapporter une sorte de plus hypothétique, une sorte de mise ou de pari.
Mais les vrais voyages ne se passent jamais comme on les avait prévus.
Il n'y a de vrais voyages que dans l'imprévisible, la rencontre ou l'échange inattendus, quand ils nous font sortir de nous-mêmes.
Il n'y a de vrai voyage que celui dont on ne revient pas, puisque modifié.
Il peut en être ainsi d'un livre, d'un tableau, d'un morceau de musique, mais aussi d'une rencontre, d'un paysage, de tout ce qui peut vous remplir sans qu'on puisse y résister, et qui, quand il se retire, laisse une empreinte qui, même si elle nous semble invisible, est indélébile.
C'est en ce sens que je pense aussi que chaque voyage porte en lui mort et renaissance, et qu'il n'est qu'un couplet d'une chanson dont nous ne sommes trop souvent qu'un bien piètre interprète.
Ces quatre derniers jours, reportés maintes fois n'avaient qu'un seul but : passer du temps ensemble, du temps à discuter, se dire où on en était, avec Christian et Muriel D.
Voir et entendre ce qu'ils devenaient, qu'ils voient en entendent ce que je devenais. Échanger nos difficultés, montrer un peu à l'autre ce que chacun faisait, savoir où Christian en était suite à son dernier livre chez Nadeau, voir les peintures de Muriel.
Et heureusement aussi parler de nos projets respectifs.
J'ai obligé Christian et me suis forcé par la même occasion à bouger un peu, prendre l'air et marcher...
Quatre jours entre deux trains en quelque sorte.