lundi 23 janvier 2006 dernière page Avant dernière page
Lettre de Jany, mon frère de Jakarta.
ou : comment ensoleiller son dimanche.
Il m'envoie un texte qui selon ses dires, lui a donné de la joie pour tout son dimanche, C'est un texte qu'il a trouvé sur Internet sur le site Les Belles Lettres et qui concerne le livre de Benoît Duteurtre : Requiem pour une avant-garde.
Je ne l'ai pas lu, mais maintenant j'en ai envie. La fiche de présentation dit :
"À sa parution en 1995, Requiem pour une avant-garde a déclenché une vive polémique en prenant pour cible une certaine « musique contemporaine », transformée en nouvel académisme. Retraçant l’histoire de cette avant-garde officielle, l’auteur soulevait pour la première fois – dans le domaine musical – un débat également très vif à propos d’arts plastiques ou de littérature.
Avec cette édition revue, corrigée et complétée, Benoît Duteurtre enfonce le clou. Toujours dubitatif vis-à-vis d’une certaine « musique atonale », entachée par le sectarisme de Pierre Boulez et de son entourage ; toujours fervent admirateur de Messiaen, Steve Reich, John Adams ou Jean-Louis Florentz, il nous invite à redécouvrir le XXe siècle musical dans sa diversité.
Romancier traduit dans quinze langues, prix Médicis 2001 pour Le voyage en France, Benoît Duteurtre est également musicien, producteur à France-Musique et chroniqueur dans plusieurs journaux."
Mon frère m'envoie donc cet extrait, qui je l'avoue m'a aussi empli de joie, mais un lundi. :
"À l'Exposition des Arts Incohérents au profit des pauvres de Paris, qui se tint du 15 octobre au 15 novembre 1883 à la Galerie Vivienne, et accueillit 20.000 visiteurs, fut exposée (numéro 3 du catalogue) sous le titre : Récolte de la tomate, sur les bords de la mer Rouge, par des cardinaux apoplectiques une toile entièrement rouge.
L'auteur de ce tableau, qui avait également exposé sous le numéro 4 du même catalogue : Terre cuite (Pomme de), l'artiste monochroïdal Alphonse Allais publia en 1897 l'Album primo-avrilesque où figuraient d'autres œuvres de cette même école, destinée à une enrichissante postérité, telles que : Manipulation de l'ocre par des cocus :ictériques (à-plat jaune) ou : Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige (à-plat blanc).
Au fameux Salon dit Exposition des Artistes Indépendants de 1910 le public put admirer un tableau d'une rare audace formelle intitulé Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique... de Joachim-Raphaël Boronali (notice du Dictionnaire des Peintres de Bénézit, édition 1937 : "peintre né à Gênes au XIXe siècle, École italienne...") et chef de l'École Excessiviste dont le Manifeste, genre très à la mode depuis le Romantisme et alors magnifié par Marinetti, affirmait les principes -- extraits : "Brisons les ancestrales palettes et posons les grands principes de la peinture de demain. (...) Ravageons les musées absurdes. Piétinons les routines infâmes. (...) Vive l'Excès ! Réchauffons l'art dans l'étreinte de nos bras fumants !"
Pour la genèse de l'œuvre, je dois citer quelques passages du procès-verbal relatant sa création et rédigé le 8 mars 1910 par l'huissier Paul Henri Brionne : "En ma présence des peintures de couleurs bleu, verte, jaune et rouge ont été délayées et un pinceau fut attaché à l'extrémité caudale d'un âne appartenant au propriétaire du Cabaret du Lapin Agile. L'âne fut ensuite amené et tourné devant la toile et M. Dorgelès (NB : le futur auteur des Croix de Bois), maintenant le pinceau et la queue de l'animal, le laissa par ses mouvements barbouiller la toile en tous sens. (...) J'ai constaté que cette toile présentait alors des tons divers (...) et ne ressemblant à rien (je souligne pour montrer qu'en ce jour fut enfin clos un vieux débat sur l'imitation, M.D.)."
Le M.D en question est Michel Desgranges, Président des Éditions Les Belles Lettres, qui chaque vendredi propose une libre promenade autour de livres d'hier et aujourd'hui. On peut s'y abonner en envoyant lui envoyant un mail à m.desgranges@lesbelleslettres.com
Et comme le formula dès 1913 Hégésippe Simon :
"Les ténèbres s'évanouissent
Quand le soleil se lève !".