Lundi 26 septembre 2005 Hier Avant hier
Saint-Simon, le retour.
Je sais d'où vient le rêve de la nuit dernière.
Lors de ce terrible vernissage de vendredi, la dame du musée m'avait demandé si je connaissais l'édition en 38 volumes de chez Delloye, datée de 1840. Bien sûr que non, lui avais-je répondu. Les amateurs savent que le devenir des écrits du duc après sa mort constitue une saga assez compliquée, et que les éditions successives et jusqu'à aujourd'hui peuvent rendre fou le plus avisé des collectionneurs.
Elle me raconte alors que sur le Paris Match de cette semaine, on trouve un article de Pierre Combescot titré : Saint-Simon n'a rien d'un saint et qui parle d'un livre de Jean Noël Liaut intitulé férocement vôtre à propos de Saint-Simon.
Paris Match ! Je comprends que le duc se retournait dans sa tombe bien avant vendredi, coincé dans ce magazine entre " le fou du roi " (Stéphane Bern) et ce mariage scandaleux de luxe et de fric de Delphine Arnault et Alessandro ( " C'est un prince des affaires qui marie une princesse de son temps "). On imagine comment, entre parenthèses, Saint-Simon les aurait liquidés en quinze lignes !
Jean-Gilbert Murat : Louis Joseph de Vendôme,1835, Versailles.cliché RMN. Pour ceux qui doutent, lire par exemple un portrait au vitriol comme Saint-Simon sait les faire : celui du Duc de Vendôme et d'Etampes, qui date de février 1706. Deux phrases : "Sa saleté était extrême; il en tirait vanité: les sots le trouvaient un homme simple." Un peu plus loin : "Il se levait assez tard à l’armée, se mettait sur sa chaise percée, y faisait ses lettres et y donnait ses ordres du matin.". On reconnaît bien là, dans le fait d'assimiler, pour les juger sans en avoir l'air (l'odeur), les lettres et les ordres de ce Duc à ses besoins , tout le génie de Saint-Simon...
(On peut se délecter du portrait en entier (assez court comme d'habitude) sur le site du corpus étampois, illustré des tableaux de peintures recherchés et souvent difficiles à trouver)
Renseignements trouvés, il s'agit sans doute de l'édition que l'on trouve ainsi décrite chez les vendeurs de livres rares : "Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence, publiés sur le manuscrit original entièrement écrit de la main de l'auteur, par le duc de Saint-Simon, nouvelle édition, revue et corrigée. Paris, Garnier frères, H. -L. Delloye, 1853-1845. 40 tomes in-12 : illustrés de 38 portraits, 32 pl. dépl. (pap. bruni). en 20 volumes demi-bas. marine, dos lisse orné." (le chiffre de 40 tomes s'expliquant par les tomes 39 et 40 qui renferment la Table des matières).
Alors que je rêve la nuit dernière que cette charmante dame m'offre une édition que je n'ai pas, n'a rien d'étonnant...
Renseignements cherchés ce livre ne me dit rien qui vaille, quand j'en lis le texte qui est fait pour donner envie de l'acheter... Mais bon, ne jugeons pas puisque nous ne l'avons pas lu...
"Le jour où l'auteur reçoit en héritage d'une vieille amie une édition rare des Mémoires de Saint-Simon, il se lance aussitôt à la conquête des 30000 pages de ce monument littéraire. Une année de lecture, un régal quand le Petit Duc épingle ses contemporains comme des papillons sur du liège, un pensum quand il se perd en arguties sur des questions fondamentales de préséance. Une année de plaisir érudit pour Jean-Noël Liaut qui en tient la chronique au fil de son propre journal intime. Ses morceaux choisis et ses avis inspirés, croisés avec humour, esquissent des rapprochements entre les courtisanes prérévolutionnaires et leurs consoeurs républicaines, entre la cour de Louis XIV et les proches de l'auteur : les excentriques soeurs Mitford, la pétillante cinéaste Nelly Kaplan côtoient avec panache Mme de Maintenon et la princesse Palatine."
En fait cette journée fut surtout marquée par la réception de plusieurs mails de lecteurs et amis me proposant spontanément une aide pour racheter un appareil. Incroyable et formidable non ?
Et qui osera dire encore que le net n'est que virtuel ? ceux qui ne le connaissent pas bien sûr, ou que cela dérange ? Je sais que les liens qui se tissent sont réels, et ce ne sont pas les commentaires de Alain, philippe De Jonckeere, François Bon, Cécile, Manu de la page de ce dimanche du Journal littéréticulaire de Berlol qui me contrediront.
Chaud au coeur, ça fait du bien de temps en temps, non ?
Merci à tous.
Juste le courage qu'il me fallait pour remplir le dossier de l'assurance pour le vol de mon appareil à photo...et retourner dans ce tableau qui selon Assia Djebar est lui-même " un regard volé".