Vendredi 23 septembre 2005 Hier Avant hier
Georges Rousse à la Ferté-Vidame
ou quand la Ferté-Vidame s'embrase...
J'attendais cette soirée avec impatience. Tout ce que je peux dire c'est que je m'en souviendrai ! Vous allez voir pourquoi.
Le programme disait :
-19 h Visite de l'exposition (travaux de Stephan Couturier, Thibaut Cuisset, Marie Combes et Patrick Renaud)
- 19h30 Inauguration de l'exposition et cocktail
- vers 29 heures, illuminations des vestiges et du parc.
C'était mal dit. En fait cette troisième partie était une performance de Georges Rousse, celle que j'attendais.
L'ensemble du projet, organisé et financé par le Conseil Général, s'intitulait Le temps arrêté. Comme disait le papier : " Le Conseil Général, propriétaire du parc du château de la Ferté-Vidame, a souhaité y développer un projet culturel à la hauteur de l'histoire et de la qualité du lieu. Chaque année, des interventions d'artistes et de concepteurs auront lieu dans ce site, interventions qui seront destinées à tous les publics, y compris les scolaires."
Ça a bien commencé pour moi. Arrivé en avance, j'avais eu le temps de repérer les lieux où Georges Rousse était en train de placer ses appareils, de tailler une bavette avec lui tout en me baladant dans le parc dans une lumière superbe. Manquaient que les costumes d'époque pour le beau monde qui arrivait : critiques (dont Philippe Piguet critique, historien de l'art et commissaire bien connu avec lequel je parle de mon frère Jany qu'il connaît bien) , gens du Conseil Général, Préfet, militaires en tenue nickel, tout ce que Nogent compte de notabilités et le département de décideurs et payeurs !
Ensuite plaisir de retrouver mes amis de Nogent le Rotrou, Edouard, Sandrine (qui fera toutes les photos de cette page) et Fabienne, occasion de faire une photo avec une dame dont on ne connaîtra que le prénom (Joëlle), assis sur le rebord d'une fenêtre du petit château.
Visite de l'expo faite dans les temps et assez réussie. Les grandes photos de Couturier toujours aussi spectaculaires et bien tirées, les sténopés couleur Marie Combes et Patrick Renaud aux verts et noir sombres (pourquoi les reproduire en grand alors que les originaux petits étaient suffisants?) et les photos de Thibaut Cuisset,(ancien pensionnaire de la Villa Médicis, et résident résident à la Villa Kujoyama de Kyoto), sérieuses et grisâtres mais savamment cadrées comme à son habitude, anti-exotiques, épurées pour éviter toute description ou documentaire sur sur ce lieu, ce qui n'est pas si facile que cela quand on y pense et que l'on connaît le parc...
Où ça a commencé à ne pas suivre le plan, c'est lors de la réunion dans la salle du cocktail où tout le monde immobile a écouté les discours du Maire, de Président du Conseil Général, du Préfet (nouvellement arrivé en Eure et Loir)...Beaux parleurs, grands payeurs...On restait tous sages, pensant au buffet qui nous attendait. Raté, on apprenait qu'il fallait aller dans le parc, parce que Georges Rousse avait commencé son travail, sans attendre personne ! Branle-bas de combat on se dirige tous en vitesse vers la première mise à feu, face à l'ancienne tour carrée Nord du château.
Je savais pourquoi : il voulait faire la première série entre jour et nuit. Il ne pouvait donc pas attendre la fin des discours...dont d'ailleurs il n'avait sans doute rien à faire...
3 mises à feu étaient prévues :
1- Devant la tour Nord : une série de, pieux verticaux, plantés dans les anciennes douves,
2 - Sur la façade Ouest du château, un grand cercle,
3 - Sur le bord de l'étang, un demi cercle, qui avec les reflets dans l'eau doit former un cercle complet.
Les figures géométriques, chères à Rousse, sont faites de toile entortillée autour d'une tige et enduite d'huile de friture banale.
Une fois les structures enflammées, l'artiste a environ 15 minutes pour prendre trois clichés avec une chambre. Aujourd'hui il expérimente aussi un Hasselblad à 24 Mo de pixels...
Ces photos seront exposées dans une future exposition à Chartres puis dans une galerie à Paris.
Première station réussie...
Deuxième station

Et c'est là qu'un accident imprévu s'est produit. Un des aides s'est brûlé (légèrement a-t-on rassuré la foule peu après), si bien que le cercle ne s'est pas allumé complètement, et que l'on a annoncé que la troisième station était annulée.
Tout le monde était invité au cocktail...
Dommage, on serait bien allé au bord de l'étang...
Cohue de la foule assoiffée et affamée qui-a-peur-qu'il-ne-reste-rien...Beau buffet et bon vin ma foi...
Le monde se dispersant peu à peu, les serveuses débarrassant les tables, mais leur journée n'était pas finie loin de là, un super gueuleton étant prévu dans les salons du fond pour certains invités et les artistes, je fais quelques dernières photos quand George Rousse, les mains noircies de son travail, une bouteille d'eau à la main, entre et dit qu'il boirait bien un coup. Je vais alors à l'autre bout de la salle lui chercher un verre propre, et un pour moi.
Sandrine et fabienne reviennent et on discute un peu. Voulant faire une dernière photo d'elles, je m'aperçois que je n'ai plus mon appareil à photo !
Je vous laisse deviner mon état. 200 photos avec des séquences filmées, j'avais toute la soirée essayé de monter un ensemble complet et cohérent de la performance. Portraits de spectateurs, des artistes au travail, des militaires goûtant l'art, des oeuvres exposées, de l'oeuvre en cours, etc. Plus d'appareil me servant tous les jours pour faire des photos et mon journal, pas les moyens d'en racheter un avant longtemps, et me le faire piquer là sous mes yeux dans un tel public, j'ai du mal à la croire. Je vais dans les cuisines, alerte le personnel...rien à faire...Il demeure introuvable...
On m'a volé mon appareil à photos ! Mes dernières photos dataient d'il y avait environ une demie heure...
Il ne faut peut-être " embraser " le château de la Ferté.
les os de Saint-Simon ne sont qu'à une centaine de mètres, non loin de sa tombe profanée.
Il n'apprécie peut-être pas le spectacle...et que son nom ne soit pas une seule fois ni prononcé ni rappelé dans les discours.
C'est vrai que chez les kanak, on n'aurait pas pu commencer quoi que ce soit avant d'avoir fait une coutume pour saluer les ancêtres et leur demander l'autorisation de fouler leur terre...
Pas la peine de décrire la frustration, ni tout ce qui se passe dans la tête, la nuit quand on rentre dans ces conditions à Nogent le Rotrou...et que l'on fixe la lumière des phares..
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