mercredi 4 janvier 2006 dernière page Avant dernière page
Un mercredi en trois syllabes
Mer
Comme la mer à boire.
Devis pour le déménagement de Nogent le Rotrou à Thiron-Gardais.
1909 euros ! estimation de 40 m3. Ils font les caisses et les déposent mais ne les ouvrent pas. Transportent les meubles et les remettent où je leur dis.
Barrent la route le lundi matin, viennent le vendredi préparer la mise en boite.
Au sens propre : passeront tout par la fenêtre.
Avance de 950 euros. Je signe et date.
Ce sera donc le 13 février 2006.
Je ne m'occupe que de l'informatique et de certains objets fragiles.
cre
Comme crédié, crédieu, crénom,(Crebleu, Crébleu) interj., pop. [Pour sacrebleu, sacredieu, sacré nom de Dieu]
Visite du chantier de la maison de Thiron, avec S.
Dernière rencontre avec le peintre choisi et dernières mises au point et choix.
10.000 euros ! Avance de 1500 !
C'est aussi un sacré travail pour un sacré espace !
di
comme le préfixe DI " deux fois, double ", comme dans dicéphale, diplégie, ou DIA " à travers ", comme dans diadermique.
Pour dire cette impression que chaque jour possède ses deux couches de vécu :
- celle extérieure, concrète, quotidienne, celle que l'on dit comme de la vie de tous les jours... mesurable, quantifiable, chronologique, anecdotique, faites de gestes et d'actions descriptibles, évènementielle comme dirait les historiens. Une sorte de suite d'évènements descriptibles qui nous font aller du lever au coucher.
- celle intérieure, abstraite, hors temps, celle que l'on dit de la vie intérieure... non mesurable, qualitative, faites d'impressions, d'émotions, d'images, de mots qui nous traversent, d'idées. Le temps n'y est plus celui de l'horloge atomique, ni l'espace ni le lieu. ce sont ceux d'un regard échangé, d'un baiser, d'une carresse, d'un espoir, d'un rêve, de ces impressions des indéfinissables d'une journée, et qui peuvent se succéder sans logique apparente, sans suivre la relation de cause à effet.
Ce sont ces coups de tonnerre que l'on entend dans le ciel bleu, ces éclats de lumière dans un ciel gris, cet envie de désert au volant de sa voiture, cet accord de guitare au détour d'un air à la mode, la petite culotte d'une femme entrevue lors d'un coup de vent imprévu, le souvenir d'un voyage entier au Pérou provoqué par l'odeur d'une ruelle pisseuse, l'Etat des choses de Wenders revu grâce à un coup d'oeil sur le parking de la place Saint-Pol de Nogent le Rotrou...ces fictions qu'on invente en des fractions de secondes au détour d'un courant d'air, d'un avion qui passe dans le ciel, d'un enfant qui se met à courir sur le trottoir...
C'est tout ce que l'on peut pas dire comme ça, aussi simplement que : de neuf à 11 heures j'ai rencontré l'attachée commerciale de Demeco pour qu'elle me fasse le devis de déménagement de Nogent le Rotrou à Thiron-Gardais.
C'est ce qui donne envie d'écrire ce qu' on ne peut pas liquider ça, comme cela d'une seule phrase.
C'est peut-être ce qui est le plus important d'une journée, et qu'on peut ne pas y avoir fait attention, prenant cela comme le bruit de fond de la rue ou de son cerveau.
C'est peut-être la trace du jeu aux liens hasardeux ou osés de notre inconscient quand il se dérouille les jambes.
C'est ainsi que ce mercredi sans photo, m'a à la fois coûté cher (2500 euros), mais aussi m'a aussi enrichi de ses surprises, de ses coups de folie qui m'ont traversé, des hymalayas qu'il m'a fait escalader, à mains nues, à mains pleines, à mains jointes.