Lundi 5 septembre 2005 Hier Avant hier
Dire merci à qui ?

Tâcher de voir
au-delà de l'image

reculer pour voir
d'où elle vient

on est trop court
dans l'histoire

ce titre : Un accident d'avion a fait plus d'une centaine de morts en Indonésie.
ce court mail :
" Je n'étais pas dans l'avion qui s'est écrasé ce matin en Indonésie à Medan !
Bonne journée... Jany "
Bonne journée, il est marrant lui. Je lis ça à 6 heures ce soir, en rentrant du collège... pour la bonne journée, c'est un peu tard...
de penser que...
Merci à qui ?
Emaz, merci qui, merci à qui...
Mail d'Anne Bihan du 22 novembre 2003, d'il y a donc déjà presque 3 ans :
"tu as du lire le texte d'Emaz recopié sur remue.net.
au cas ou ...:
" Alors, "engagement" de la poésie? La question m'est vive, mais la réponse reste non si cela revient à poétiser, à orner une idéologie, glorifier, faire passer un pessage préexistant. Impossible. Le poème est libre, "en avant", ou bien n'est pas. La parole du tract reste autre, et autrement efficace. La résistance de la poésie, que je crois tout à la fois minime et inexpugnable, tient à ce qu'elle travaille le stade premier de la révolte: la prise de conscience et le langage. Elle est une forme de lucidité, accroissement du champ de la sensibilité, activation de la mémoire, ouverture de possibles dans la langue... bref, intensité maximale de la vie intérieure. En amont du politique, c'est l'existence de cet "espace du dedans" qui me paraît mis en danger par l'évolution actuelle des conditions de vie et de travail. Face à cela, il faut prendre tout le risque d'écrire, et accepter d'avancer sans voir. Au-delà commence le travail du lecteur; il peut être d'ordre émotif, esthétique, réflexif, engagé ou non... mais de toute façon hors de mon rayon d'action. Je creuse des situations et non pas les choix qu'elles peuvent amener à faire. Pour moi, la poésie se situe au plus ras de vivre, lorsque les décisions ne sont pas prises, justement, ne sont pas prises parce qu'on est dans l'impact de l'événement, quel qu'il soit. Si j'écris, c'est paradoxalement parce que je n'ai pas de mots pour ce qui arrive; je tâche de rendre lisible du muet. Le poème naît dans ce tâtonnement intuitif et impératif de parole, pour arriver à saisir et reprendre pied, tête, main, dans une réalité qui a submergé."
© Matricule n° 48, extrait de "Ne pas rêver", par Antoine Emaz.

Et un peu plus loin elle ajoutait :
" Un peu plus tard dans la nuit donc et relire tes mots pour entendre la voix qui manque.
J'ai d'Antoine Emaz "Peu importe" commandé il y a quelques mois aux éditions Le dé bleu implantées à Nantes dont je t'ai déjà parlé.
J'ai aussi dans cette pièce où je t'écris la même question que toi qui tourne :
"que faisons-nous donc tous chacun dans notre coin à essayer de vivre ?" et le sentiment de ma chance inouïe de la joie présente dans le temps même des précipices."

Donc merci Anne.
Mais ce qui m'inquiète c'est que je puisse ainsi , de plus en plus, oublier.
Aïe je meure ?
Demain
L'atelier de Bazille, avant dernière : sur un tableau qui n'existe plus que par son titre.