Vendredi 15 juillet 2005 Hier Avant hier
Il fait trop chaud.
Je n'aime pas la chaleur car j'y résiste mal.
Cela veut dire que je dépense beaucoup d'énergie à lutter contre. Assurer mon homéothermie dans le cadre de mon homéostasie, défis constants, et éviter que mon corps ne dépasse cette barre fatidique des 37° (pour atteindre la fièvre et appeler le médecin)... m'anéantit. Je sue, je perds toute envie et énergie.

J'ai toujours aimé le froid
contre lequel au contraire je lutte bien et qui me donne la pêche , voire une pêche d'enfer.
Cette expression familière qui signifie être dans une forme éblouissante (physiquement ou moralement) est d'origine obscure. On suppose qu’elle vient du fait que, dans la culture chinoise (dont elle est originaire), la pêche (le fruit, pas l’activité sportive!) est associée à la fécondité et à l’immortalité.
Prunus persica doit son nom latin aux Perses qui furent les premiers à le cultiver.

Introduite ensuite en Egypte, la pêche devient le fruit d'Harpocrate, le dieu du silence et du secret (représenté souvent pour cette raison un doigt devant la bouche comme pour dire chuutt...)
C'est sous le règne d'Auguste que les Romains en héritent et diffusent ce fruit dans l'Empire. En France, le verger de Louis XIV en comptait 33 variétés aux noms " évocateurs " comme " Belle de Chevreuse ", " Belle de Vitry " ou " Tétons de Vénus "… qu'a donc du apprécier Saint-Simon - je l'imagine allant même jusqu'à s'acharner à enlever les petites lamelles de pulpe collées au noyau- en pensant à chacune des maîtresses du Roi...
Donc, par cette chaleur je n'ai pas la pêche et tout me pousse au silence.

Revenant de Noirmoutier célèbre pour sa bonnotte, j'aurais pu préférer dire que je n'avais pas la patate, ni même, en sortant mon couteau, la frite.

J'ai donc passé encore une journée dans la pénombre des volets tirés, luttant silencieux contre cette chaleur envahissante et la lumière éblouissante, à espérer le soir, et un petit vent, qui légèrement frais me redonnerai(en)t un peu d'énergie.
Un vrai temps de chien pour moi, sachant que je fais là un contresens puisqu'un temps de chien est un temps froid (on précise d'ailleurs parfois : un froid de chien pour ceux qui n'aiment pas le canard), venteux, pluvieux, gris, un temps que les humains traitent de chien, même si cela ne leur donne pas une vie de chien.
"Quel temps de chien! il pleut, il neige Les cochers transis sur leur siège, Ont le nez bleu."
T.Gautier, Émaux et camées, 1852.
" Hier, pendant que la pluie tombait le plus fort, les bourgeois qui habitent en face de moi dînaient sur leur terrasse, à l'abri d'une tente, et il faisait un froid de chien! J'avais du feu!"
G. Flaubert, Correspondance, 1869.
Pour moi, c'est ce temps d'aujourd'hui qui est le vrai à ne pas mettre un chien dehors !
Un bon précontexte donc pour regarder les chiens de Velázquez et m'amuser à leur donner un nom bête du genre Kiki, Zouzou, Biloute ou Lulla. Étant tous des chiens de "pas n'importe qui", il devrait être possible dans les biographies détaillées d'en retrouver les vrais noms.
Pour rire quand même, et me refroidir en même temps, j'en profite pour retourner sur le site incroyable des "17.443 meilleurs prénoms (officiels) pour chiens "! les amateurs de pedigree sauront tout de la lettre officielle par laquelle doit commencer le prénom de ceux qui vont naître avant cet l'hiver, mais surtout les prénoms qui vont être officiellement officialisés en 2005, comme Virgule, Quenotte, Poupoune... !
Je fais exprès de ne pas montrer leur propriétaire : imaginez-en les têtes, imaginez le décor, donnez un nom à ces bêtes...
Montre-moi ton chien, je te dirai qui tu es ?
0n en reparlera plus tard...avec les tableaux en entier, pour voir quelle importance avait le chien...
" Comme Queneau, je n'étais vraiment moi-même que lorsque je me retrouvais seul dans les rues, à la recherche des chiens d'Asnières. J'avais deux chiens en ce temps-là. Ils s'appelaient Jacques et Paul. À Jouy-en-Josas, en 1952, nous avions une chienne, mon frère et moi, qui s'appelait Peggy et qui s'est fait écraser, un après-midi, rue du Docteur Kurzenne. Queneau aimait beaucoup les chiens. "
Patrick Modiano, Pedigree.
Ce n'est pas la première fois que cela arrive.
Pendant que je pensais à cette page, je reçois un coup de téléphone de mon ami Alain Lemosse qui vit à Angoulême dans des conditions désastreuses (ayant pourtant eu un énorme succès après avoir été pensionnaire à la Villa Médicis en 72, sous la direction de Balthus) (ça me fait penser que je n'ai pas de nouvelles non plus d'un autre ami ayant aussi séjourné à Rome en 75, Guy Le Meaux, grand inspiré aussi de Velázquez), et qui était très triste parce que sa petite chienne, et seule compagne fidèle qui vivait avec lui dans son atelier depuis plus de dix ans, venait de mourir avant-hier.
Il faut toujours se méfier de ce que l'on écrit.
L'écriture peut se faire boomerang.