Jeudi 22 septembre 2005 Hier Avant hier
Qui est Delacroix quand il part au Maroc en 1832 ? (Delacroix 3.)
autoportrait 1832C'est un jeune homme de 33 ans, à la naissance mystérieuse (son père malade semble n'avoir pas pu en être le géniteur, d'où couramment admise une paternité attribuée au prince de Talleyrand, grand séducteur devant l'Eternel, et qui d'ailleurs protégea Delacroix au début de sa carrière...), et qui n'a fait sa première entrée dans le monde artistique qu'à peine dix ans plus tôt, en 1822, en exposant " Dante et Virgile aux Enfers ", achetée malgré les critiques dont elle est l’objet, par l’Etat .
Deux ans plus tard il a peint "Le Massacre de Scio" dont l’Etat se porte une nouvelle fois acquéreur, indifférent à la critique. Ces deux toiles concrétisent la polémique entre romantisme et classicisme, entre dessin et couleur, laquelle suivra le peintre toute sa vie et et qui le mettra en opposition à Ingres.
E. Delacroix 
 Dante et Virgile aux Enfers, Musée du Louvre. 
1822
Huile sur toile 189 x 241,5 cm E. Delacroix
Le Massacre de Scio, musée du Louvre.
1824  
Huile sur toile 419 x 354 cm
En 1827 il est très connu et discuté grâce à la Mort de Sardanapale qu'il expose au salon. Il a une vie mondaine, il connaît et fréquente les salons, rencontre tout le fin gratin culturel : Stendhal, Mérimée, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Paganini, Frédéric Chopin, Théophile Gautier, Baudelaire.
Mais sous ce côté visible il existe aussi quelqu'un qui écrit un journal (commencé le 3 septembre 1822 - deux jours après l’anniversaire de la mort de sa mère), se pose beaucoup de questions, veut comprendre, cherche, s'interroge sur l'art, les oeuvres du passé, comprendre leur grandeur, leur mystère, cherche à établir leurs correspondances et leurs différences...Hésitations et incertitudes qu'un artiste n'a pas l'habitude d'exposer au grand jour...mais qui montrent aussi la complexité psychologique de l'homme Delacroix.
Il n'a fait jusque-là qu'un seul voyage : un seul court séjour de 3 mois en Angleterre (en 1825) pour étudier Constable, et comment les couleurs agissent, leurs effets physiques et psychologiques...
Quand il part au Maroc, il vient de peindre un tableau célèbre, que l'on trouve encore aujourd'hui dans tous les livres d'Histoire : " La liberté guidant le peuple ". (Acquise par l'État en 1831, la toile fut exposée quelque temps au Luxembourg puis rendue à son auteur qui la garda jusqu'en 1848, année où elle fut transportée au Louvre. Reléguée aux magasins, Delacroix obtint cependant de l'empereur qu'elle figurât à sa grande exposition de 1855.)
E. Delacroix 
La Mort de Sardanapale, 
1827,
Huile sur toile  392 x 496 cm, musée du Louvre.  E. Delacroix
La Liberté guidant le Peuple,
1830.
Huile sur toile 260 x 325 cm. Musée du Louvre.
Tableau très connu, aux détails partout cités (mouvement de la foule, personnages morts ou vivants, prémonition de Gavroche, l'étudiant qui a les traits de Delacroix, l'ouvrier, la beauté du paysage parisien, les tours de Notre-Dame et les hautes maisons derrière les fumées et surtout cette allégorie de la liberté - cette femme au corps puissant, au grave visage fier, - superbe fusion de la réalité et de l'idéal),
je ne m'y attarderai donc pas, pas plus que sur la mort de Sardanapale, tableaux sur lesquels on trouve foule d'études sur Internet (exemple : une fiche du Louvre...) et qui de plus ne sont pas le sujet de mon étude.
Bien que, bien que,
je ne peux résister de vous indiquer un travail remarquable fait pas un professeur avec ses élèves de 2nde5 du Lycée Augustin Thierry à Blois. C'est intelligent, drôle, hilarant et vraiment ça remonte le moral. Il s'agit de faire ce que j'appelle une version déjantée de certains tableaux célèbres . Comme ils le disent sur leur site : Dans la ligne de l'OULIPO, et la manière des Papous dans la tête, Un travail réalisé à partir d'images et de notices de Louvre.edu "
Ils ont travaillé sur David, Les Sabines de David, Le Radeau de la Méduse de Géricault, La Mort de Sardanapale de Delacroix, et le Pèlerinage à l'île de Cythère de Watteau.
À consulter dès que la déprime pointe le bout de son nez ! Pour vous mettre l'eau à la bouche, prenons quelques extraits de la vision de La mort de Sardanapale par les élèves qui signent Charlie et Timothée :
" Nous pouvons voir ci-dessus un tableau qu’un artiste local a réalisé afin d’immortaliser la rave-party qui a eu lieu dernièrement à Suèvres.
Au fond du tableau, à gauche on remarque la Dj avec sa platine ; à coté d’elle, la bruiteuse avec un micro ; juste devant elles, au premier plan, les CRS arrivent (à cheval) ; sous les néons deux danseurs, un homme (on peut reconnaître que c'est un hippie grâce à son turban) en train de faire une prise de sang à sa partenaire afin de prendre connaissance de son taux d’alcoolémie, pour savoir qui prendra le volant de leur twingo. La femme qui est derrière eux propose de les ramener et attend les résultats de l’analyse .Sur le char de parade (transformé en lit pour l’occasion), on peut voir une célébrité locale que nos concitoyens n'auront aucun mal à identifier quoiqu'elle tente sans succès de se camoufler derrière une barbe postiche pour assister incognito à cette rave ; à coté, la tête sur le char, nous apercevons une dragqueen..."

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Quand à la version de Florence et Sabrine pour " Ce tableau représente les coulisses d'un cirque. En effet, les personnages que nous pouvons voir sont tous des artistes." juste deux extraits tels qu'elles les commentent :



À gauche, derrière la table de chevet, on remarque dans la pénombre des admiratrices qui veulent par tous les moyens avoir des autographes; pour l'instant, elles ont réussi à tromper l'attention des vigiles.



Juste derrière eux se trouve une femme acrobate, elle est désespérée car elle vient de se fouler la cheville en voulant enfiler son costume.



Tout à fait à droite, on remarque un homme qui parait complètement essoufflé: ignorant l'heure du spectacle, il s'est dépêché pour avoir une place, et comme il est très distrait, il a confondu l'entrée du chapiteau avec la porte des coulisses...
Je vous laisse aller voir les autres détails...et les autres tableaux.
Je conseille le Radeau de la méduse, à pisser de rire, ce qu'ils ont pu inventer :
- Arnaud et Vivien : Nous pouvons voir sur cette peinture le départ du premier paquebot de la compagnie maritime «Trauma Croisières ...
- Hamida et Vincent : " À la suite d'une grève des ferries, l’équipage d’un des navires de la Compagnie Féerie-terranée, des grévistes bien endurcis, a carrément abandonné le bateau, la direction ayant obstinément refusé toute négociation ..."
- Angéline et Amandine : " La scène représente une troisième mi-temps de football chez l 'équipe de Bordeaux, victorieuse d'un match contre Osaka. Les joueurs célèbrent leur victoire sur un radeau, car ils vivent une terrible catastrophe. En effet, un tsunami a déferlé sur Osaka où ils venaient de disputer leur match. Par bonheur, Superman à qui ils avaient envoyé une invitation, puisqu'il est, comme tout le monde le sait, grand amateur de football, assistait au match; il a donc pu leur construire un radeau de fortune avec les planches des tribunes qui flottaient, éparses, sur l'eau..."
- Sont pas cons nos élèves, vous savez ?
- Bon d'accord, quand ils veulent bien...
- ou qu'ils sont intéressés ?
- ou que le prof est bon...
- oh là là...sujet glissant...