du Lundi 3 au jeudi 6 octobre 2005 Hier Avant hier
Journées prévues pour fuir...
Semaine prévue chargée. Comme je fais grève mardi je peux aller à Paris voir mes filles et m'occuper d'elles le mercredi, jour de repos dans mon emploi du temps.
Fuir...mais/et/pour revenir à Nogent mercredi soir ou jeudi matin tôt.
Les copies à corriger s'amoncellent un peu partout. j'en corrige sur le parking du collège, dans la voiture... il va falloir bientôt les "rentrer " dans l'ordinateur...On the road again donc.
Oui je sais, Joëlle T., mon journal est en retard, mais j'y travaille. J'ai prévu et promis à mes filles de les emmener au Louvre voir Femmes d'Alger dans leur appartement, leur montrer la Joconde puisqu'elles ne l'ont jamais vue et qu'elles verront ensuite celle qui H.O.O.Q
Foule, queues, qu'importe, on a envie...
Impossible de ne pas penser à Jean-Philippe Toussaint.
" Marie chancelait, Marie perdait l'équilibre, elle descendait en vacillant les escaliers de marbre inondés de lumière de la Victoire de Samothrace. Arrivée en bas, éperdue, un pied en dehors de sa sandale, elle s'égara dans un dédale de salles voûtées et se mit à courir le long des statues grecques immobiles depuis des millénaires, aux corps blancs, lisses et silencieux, incomplets, mutilés, des fragments de marbre rescapés empalés sur des tiges métalliques dans des socles de bois blond, torses et cuisses isolées, mains seules, têtes énucléées et bassins sans verge aux minuscules testicules orphelins, se faufilant entre les oeuvres sans rien voir, comme ivre, égarée parmi des vestiges antiques et des débris de frise. "
( Fuir, p. 49)
Il était donc là.
Petit vu de loin, je ne l'ai d'ailleurs pas repéré tout de suite.
Les filles, elles étaient scotchées devant La mort de Sardanapale, pardon, je veux dire la rave party...
(pour ceux qui ne suivent pas) :
" Nous pouvons voir ci-dessus un tableau qu’un artiste local a réalisé afin d’immortaliser la rave-party qui a eu lieu dernièrement à Suèvres. Au fond du tableau, à gauche on remarque la Dj avec sa platine ; à coté d’elle, la bruiteuse avec un micro ; juste devant elles, au premier plan, les CRS arrivent (à cheval) ; sous les néons deux danseurs, un homme (on peut reconnaître que c'est un hippie grâce à son turban) en train de faire une prise de sang à sa partenaire afin de prendre connaissance de son taux d’alcoolémie, pour savoir qui prendra le volant de leur twingo..."
......
Je n'ai pas insisté. J'ai regardé ce que je voulais voir, comme le reflet dans le coin inférieur droit du miroir...
La Joconde : trop petite, trop de monde, trop de " policiers " devant. Elles ont raison. pas approchable à moins de quatre mètres, et encore, si on arrive à franchir le mur des japonais...
Par contre, fascinées par les Noces de Cana de Véronèse dans la même salle... et s'amusant à chercher des détails, comme le petit chien qui est monté sur la table, le chat qui joue avec une jarre et le chien qui le regarde, et qui tire sur sa laisse...
Nous ressortons à l'air libre, excédés par la foule, le bruit, fatigués à tout point de vue.
Nous décidons d'un commun accord que nous irons voir Dada (les filles disent L.H.O.O.Q, blague qu'elles ont déjà raconté à tous leurs copains et copines à l'école), samedi prochain.
En effet, je travaille à Nogent vendredi, mais dois retourner les garder samedi...
C'est l'heure d'une crêpe, d'aller chercher Pascale leur mère qui travaille à l'Hôtel Dieu, et de rentrer à Villeparisis,
et beaucoup plus tard dans la nuit, à Nogent le Rotrou,
"[...]dans un afflux régulier de sang dans les tempes, une accélération régulière des battements du cœur, et un ébranlement, comme une lézarde, dans la mer de larmes séchées qui est gelée en nous. "
(Fuir, Jean-philippe Toussaint, p.52)