Nogent triste, gris et silencieux.
Après être allé à Verneuil faire les courses pour ma mère (elle a de plus en plus de mal à porter ses bouteilles d'eau...Tristesse du vieillissement physique, le monde se rétrécit...Elle n'arrête pas de dire : tu verras quand tu seras vieux, ce n'est pas drôle...") je travaille sur le cours de 5ème pour demain.
La rentrée me pèse psychologiquement.
Je sors quelques minutes pour faire des photos de la place Saint Pol dans un coin de laquelle j'habite. Il fait froid. Bizarrement, il y a une fille qui fait aussi des photos et qui d'après sa tête est étonnée de ne pas être seule.
Mes filles me manquent et la solitude me barbouille. Je n'arrive pas à masquer le silence de la maison et de la ville, même avec les derniers disques achetés.
De plus à la radio et à la télévision ils ne parlent que de la réélection de Bush, aussi affligeante que riche d'enseignements. Quel peuple quand même , mourant de trouille et incapable de virer celui qui les mène à la ruine, et qui se prend l'élu de Dieu sur terre. Promesse de quatre années gratinées sans doute avec de nouvelles conneries, de nouvelles guerres, de "nouveaux ennemis" etc...
Finis mon travail pour demain vers 20 heures, incapable de faire celui pour vendredi. Je capitule et le renvoie à demain soir...
Pommes de terre à l'eau, bout de pain dur, café.
Heureusement qu'il faut me coucher de bonne heure, enfin plus tôt que cette dernière semaine, vu que demain je dois me lever tôt.

Vais avancer ce soir dans la lecture de Journal d'un lecteur, d'Alberto Manguel. Cet argentin naturalisé canadien qui a mon âge et vit aujourd'hui dans un petit village près de Poitiers respire l'intelligence, l'érudition et donne un Livre comme je les aime : il y a les fragments d'un journal et d'un voyage, et notes sur les livres relus par cet homme de juin 2002 à mai 2003. M'a donné envie d'en relire certains : L'invention de Morel de Bioy Casares, l'Ile du docteur Moreau de H.G.Wells, le Désert des tartares de Dino Buzzati, lus par moi il y a bien longtemps aussi... Ai marqué des passages au crayon dans les marges, quelque chose que je n'aurais jamais osé faire auparavant...et que je fais depuis un certain temps. Peut-être parce que vieillissant... comme par peur d'oublier et perdre ce qui m'a causé, troublé ou donné réconfort ou plaisir.. .et que je veux pouvoir retrouver à loisir... Il écrit d'ailleurs dans la préface une remarque sur cette habitude: "Il arrive aussi qu'un lecteur éprouve le besoin de prendre un crayon et de répondre dans les marges d'un texte. Ce commentaire, cette glose, cette ombre qui accompagne parfois nos livres préférés transpose le texte en un autre temps et une autre expérience ; il prête de la réalité à l'illusion qu'un livre nous parle et nous incite (nous, ses lecteurs) à exister."