Poitiers. Lever tôt encore, car j'ai décidé dans mon sommeil sans doute, d'aller porter l'ordinateur de ma fille dès aujourd'hui à Angoulême, ce qui m'éloigne encore plus de Nogent le Rotrou. Et il faudra bien rentrer ce soir...
Brouillard sur les Charentes...
Je me demande à quoi ça rime ces milliers de kilomètres que je fais depuis mon retour en France, à n'importe quelles heures, sous n'importe quels temps...Après quoi ou qui, suis-je en train de courir ?
Repas chez Elise ma grande fille de 15 ans.
Passage/visite rapide à Brigitte Ricci et Christian Mousset (le créateur et le directeur du festival Musiques métisses),amis de longue date, juste dire pourquoi je n'ai pas toujours le temps de répondre à leur courriel, , qu'il n'y a pas toujours de réponses faciles, que la vie continue...pour savoir aussi en trois mots où ils en sont dans leurs aventures et combats respectifs...
Pendant que je prends un café chez eux, coup de téléphone parisien d'Antarane, de retour après 9 mois passés au Pérou, et sur le départ pour la Nouvelle-Calédonie où elle a son travail et sa maison, depuis plus de 15 ans, à Poro, sur la côte Est, en pays kanak. Convenons d'un rendez-vous ce soir même à la gare de Nogent à 19h15.
Retour rapide , sans aucun arrêt, sauf pour faire une photo que je voulais faire depuis longtemps, à l'entrée de Montoire sur le Loir , célèbre pour le chateau de Ronsard situé à quelques km, mais aussi pour la poignée de main de Pétain à Hitler dans la petite gare de cette ville, le 24 octobre 1940.
la photo n'a rien d'historique, mais je voulais la faire depuis longtemps, à cause de l'excès et de la peur que cela m'avait fait une nuit...
Arrivée la nuit tombante à Nogent le Rotrou, humide et poissante. Retrouvailles avec Antarane, repas dans la pizzeria à côté de chez moi et nuit à discuter.
Elle me raconte en détail son stage péruvien pour expérimenter l'ayahuasca, cette célèbre liane amazonienne, dont Ginsberg et W.Burroughs avaient fait un livre de correspondance (après leur expédition sud américaine de 1960), paru en France à l'Herne en 1967 et chez Mille et une nuit en 1997 Les lettres du yage. (on a tord de vouloir simplifier car c'est plus compliqué : Burroughs avait expérimenté cette drogue et avait écrit des lettres à Ginsberg quand il n'était encore qu'une jeune poète new-yorkais inconnu, pour lui faire part de ses impressions. En 1953 à Noël, ils s'étaient réunis pour travailler et corriger leurs échanges... En 1960 Ginsberg fit une virée sud américaine et put au Pérou expérimenter l'ayahuasca, et relança Burroughs,suite à ses visions terribles. C'est alors qu' est né en fait le livre Lettres du yage qui fit connaître cette plante aux Etats-Unis...)

Echanges sur nos projets, notre manière de vivre aujourd'hui, sur où l'on se situe dans notre histoire. Avons un dialogue facilité par certains points communs, résultat d'un parcours peu évident ni volontaire. Avons tant bougé dans le passé (" le sentiment de localisation, d'être là où je suis et nulle part ailleurs m'est insupportable" écrivait Burroughs), que nos interrogations d'aujourd'hui sont communes et justifiées et que notre bilan de chacun intéresse l'autre...
C'était un peu "nous nous sommes tant évadés" ("Je m'évade" écrivait Rimbaud...) et aujourd'hui ?

Reçois un mail d'A.Bihan qui me dit que François Bon a mis une référence à mon site à l'adresse http://actu.remue.net/.
Surprise en effet. D'autant que j'écoute ravi son feuilleton sur France culture sur l'histoire de Led Zeppelin, en 15 épisodes qu'il a commencé le 1er novembre (Chiens noirs des seventies).
Impossible de ne pas se sentir concerné:
octobre 68 : Une journée de stop pour être le soir à Paris et retrouver Edouard au 1er concert de Zappa (Mothers of invention) à l'Olympia.
69 : 20 ans, fac de Rouen. Première venue des Led Zeppelin en France.
71 : voyage 3 mois au Pérou.
73 : agrégation à Saint-Cloud, départ à San Francisco, où je resterai 6 ans jusqu'en juillet 79, logeant au carrefour Haight/Asburry.
etc...