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Mardi 21 décembre
De même que je ne sais jamais le temps qu'il fait avant de mettre le nez à la fenêtre, ou de sortir dehors, je ne sais jamais avant de m'y mettre, quelle sera la teneur de cette page quotidienne.
Exercice et travail périlleux, travail et discipline auxquels je m'accroche et tiens par nécessité, parfois excitante, parfois difficile...
la question est toujours, fondamentalement, la même, avec ses variantes ou ses dérivations : que vivre, comment vivre, comment rester debout dans ce monde, prisonnier d'une machine réagissante aux inputs et outputs si incontrôlables, mais si infinis, comment rester dans le devenir et la recherche de soi-même, sans avoir honte ?
Que dire alors ou retenir ou inventer d'une telle journée ?
Depuis très tôt, j'ai toujours eu l'intime intuition que la vie n'avait pas de sens, hors son sens biologique et celui d'une espèce parmi des millions d'autres, et ce n'est pas ma formation plus tard qui m'a détrompé, surtout ayant eu pour maîtres de jeunesse dans ce domaine, les livres de Laborit, Changeux ou autres...
Mais en même temps, ne supportant pas l'abscence de sens, j'ai toujours cru aussi que si on voulait qu'il y en ait un, il fallait le trouver ou l'inventer, et que cela revenait donc à un problème de choix.
Il s'avère qu'au cours du temps, j'ai aujourd'hui un peu plus de cinquante cinq ans, il n'est resté sur ma planche à pain, (mon père ayant été boulanger, j'ai toujours pensé avoir été conçu sur un pétrin), après une dépense d'énergie et des expériences aussi fortes dans leur échec que leur réussite, que ce qui peut ressembler au sigle d'une grande compagnie d'assurance américaine spécialisée dans le voyage, à savoir AAA.
Dans ma période américaine (1973 à 1979) j'aurais dit : Amour, Art, Amitié.
Aujourd'hui, même si j'ai toujours eu comme principe et raisons de ne jamais rien regretter, je dirais : ART, Amitié, amour. On voit le decrescendo dans la trilogie, et les désillusions et souffrances, c'est le cas de le dire, sous-entendues.
La littérature, la peinture, la musique...ne m'ont jamais abandonné, mais toujours accompagné, que ce soit dans les bons ou mauvais moments. J'y ai toujours trouvé l'Homme et les questions qui le concernent. Elles représentent le seul espace où je n'ai pas l'impression de perdre mon temps.
Pour la troisième journée consécutive, suite à sa demande d'aide ce matin au téléphone, je vais chez ma mère à Verneuil sur Avre, avec la satisfaction de pouvoir lui rendre service et avec plaisir tant j'aime cette route qui passe par la Ferté-Vidame.
Devant le château, je pense avoir oublié hier de signaler le seul site à ma connaissance, faisant l'historique complète du domaine.
" Écrire l'histoire de son pays et de son temps [...] c'est se montrer à soi-même pied à pied le néant du monde, de ses craintes de ses désirs, de ses espérances, de ses disgrâces, de ses fortunes, de ses travaux ; c'est se convaincre du rien de tout par la courte et rapide durée de toutes ces choses, et de la vie des hommes ; c'est se rappeler un vif souvenir que nul des heureux du monde ne l'a été et que la félicité ni même la tranquillité ne peut se trouver ici-bas ; [...] "
(AVANT-PROPOS des Mémoires de Saint-Simon, écrit en juillet 1743, six mois après la mort de son épouse)
Comment ne pas recevoir cela en pleine gueule, 261 ans plus tard ?
Comment ne pas se sentir de la communauté des hommes ?
Comment ne pas le relire pour accepter les mauvais moments d'une journée, comme aujourd'hui avec la fatigue et l'usure de ma mère et de son compagnon, une mort annoncée dans un mail de Nouvelle-Calédonie, le gendarme qui dans le froid tient absolument à vous mettre une amende qui vous laisse dans la bouche un affreux goût d'injustice ?
Comment ne pas savourer le plaisir d'une langue exceptionnelle, d'une telle tournure, d'un tel style, avec tous les plaisirs de la journée, comme la retrouvaille par téléphone d'un ami perdu de vue, mais non du cœur, depuis 30 ans, l'invitation surprise à déjeuner demain à la campagne ?