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Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
dimanche 5 décembre 2004.
En allant acheter le Journal du dimanche (question de prendre un café et la température), je découvre sur la place Saint Pol, un cabriolet Delage D6-3L, 16 CV de 1946.
Une merveille.
6 cylindres
100 CV à 4500 tours minute.
Vitesse de pointe 160 km/h.
Carrosserie Guillore ! (un des grands maîtres avec Chapron, Charbonneaux, Fogony, Franay, Kellner...)
Delahaye/Delage, toute une histoire...




Tout le reste de la journée je reste enfermé au chaud à corriger des copies.
Pendant les poses café-cigarette je re(fais) le (mon) Journal du dimanche à ma manière (phrases ou bribes de phrases prises dans l'ordre chronologique des pages et de la lecture).
Manière de lutter contre tout ce que l'on cherche à nous mettre dans la tête sous prétexte d'information, de ne pas accepter la réalité qu'on nous propose. (cf.Morale du Cut-Up de Christian Prigent)

Revenons à la pratique - Entre le temps où je n'étais pas et celui où je ne suis déjà plus...- L'objectif était de dépasser les 97,7 millions d'euros - La roue tourne - Ils parlent de lui au passé - Les enfants de mineurs aussi ont des yeux pour regarder - Policiers racketteurs - Il ne suffit pas d'être belle pour être belle - Le mot d'ordre est de jouer collectif - Le choc a été violent - Le ministère entend cependant maintenir son projet - La rage couve à Pasteur - le destin d'une esclave moderne - Une bible made in China - Se rapprocher pour aller plus loin - Le climat est lourd à Buenos Aires - Nous avons gagné, camarade, comme vous en 1789 - Ils sont vraiment charmants les bébés Chrirac version people - Affublé d'un nom en forme de pied de cochon - Le plein de kilowatts s'il vous plaît - Faut-il craquer ? - Au chevet des médecins - la lessive qui lave plus froid - Le cours de l'action Coca-Cola est actuellement de 41 dollars - C'est Vidéo-Gag ou quoi ? - bravo ! - Il incarne l'esprit du mâle - No comprendo - Inutile de de se raconter des histoires : nous sommes très déçus - On oubliera cette nouvelle aventure aussi vite que la précédante - On te salue Maria - L'acteur est équipé d'une oreillette dans laquelle on lui souffle le texte - Ailleurs gris le matin, ensoleillé l'après-midi - la vie est l'école de l'absence - Il sait ce qu'il boit et dit ce qu'il pense - Reste qu'un Rothschild à Libé c'est comme un metallo au Figaro - Bientôt un nouveau monde - Le dernier cri du tigre - Il ne roule pas encore sur l'or.

Quand je ressors plus tard, les chevaux de bois de la place Saint Pol me rendent tristes.


Les chevaux de bois ! Ils me rendent toujours tristes quand j'y emmène Léa et Charlotte. De plus, j'ai pas de chance, quand je m'en approche pour faire la photo, c'est Dalida qui chante " Avec le temps " de Léo Ferré !

Un des premiers films de Méliès, tourné avant l'arroseur arrosé en 1896. 20 mètres.
Célèbre poème de Verlaine (4ème poème de la section des "Paysages belges" du recueil "Romances sans paroles") mis en musique plusieurs fois par Debussy.
Tournez, tournez sans qu'il soit besoin
D'user jamais de nuls éperons
Pour commander à vos galops ronds,
Tournez, tournez, sans espoir de foin.


Je me souviens des vieilles photos des fêtes foraines à Paris et Neuilly faites dans les années 1900 par les frères Seeberger


Du refrain de Brassens :
Ah ! Viens, viens ma nénette
Faire un tour sur les chevaux de bois
Ça fait tourner la tête
Comme si l'on avait la gueule de bois
Et si tu t'casses une gambette
On te f'ra mettre une belle jambe de bois.
Ah ! Viens, viens ma nénette
Faire un tour sur les chevaux de bois

Plus tard je découvre les Chevaux de bois dans Contrerimes de Paul-Jean Toulet, tant à contre-courant, au début du siècle, alors qu'explosaient dadaïme et autres contestations artistiques !
Le soir tombe. Elle dit : " Merci,
" Pour la bonne journée !
" Mais j'ai la tête bien tournée... "
- Ah, Zo' : la jambe aussi.
La "contrerime", poème court (trois à cinq strophes de quatre vers qui alternent un octosyllabe et un hexasyllabe) est peu utilisée dans l'histoire poétique, (au 19e siècle par Leconte de Lisle). L'alertance des vers lui permet un jeu de rimes assez rare (le premier vers rime avec le dernier, les deux vers intérieurs riment entre eux).
On note qu'un octosyllabe rime avec un hexasyllabe, à " contre-longueur ", selon l'expression de Toulet. ]

Il y a aussi André Breton dans Nadja que je lisais et relisais avec l'Amour fou en tremblant quand j'avais 17 ans...
« Cette image continua à me poursuivre. Un air de chevaux de bois, qui venait du carrefour Médicis, me fit l’effet d’être encore cette bûche. »

Et Michel Leiris :
" Pour qui connaît la France et sait ce qu’un manège de chevaux de bois peut receler comme potentiel de féerie pour un enfant de la ville aussi bien que pour un enfant de la campagne, ma réaction n’a rien de surprenant : retrouver toute la noblesse et toute la simplicité de la sculpture nègre dans un humble manège de chevaux de bois, imité de ceux d’Europe, a, certes, quelque chose de bouleversant. "

Portrait de Michel Leiris par Bacon
En 1957, quand Leiris avait tenté de se donner la mort, le dernier mot qu’il avait prononcé à sa femme avant de sombrer dans le coma était :
« Tout ça, c’est de la littérature ».

il commenta plus tard cette déclaration dans Fibrilles :
« ...voulant dire non seulement que la littérature m’avait vicié jusqu’au cœur et que je n’étais plus que cela, mais que rien ne pouvait désormais m’arriver qui pesât plus lourd que ce qui s’accomplit par l’encre et le papier dans un monde privé d’une au moins des trois dimensions réglementaires.»



Je hais les chevaux de bois et les dimanches.
Il y a des fois où il vaut mieux rester chez soi.