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Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
lundi 6 décembre 2004.
A la première séance il y avait 14 personnes. A la dernière, dont je sors, il y en avait 24.
Le cinéma de Nogent Le Rotrou ressemble à un des deux cinémas de mon enfance, celui de Tillières sur Avre, où ma mère m'autorisait aller le dimanche après-midi. C'était à 4 ou 5 km de Bérou la Mulotière où on habitait et c'était donc une marche aller et retour d'une dizaine de kilomètres.
Il passait surtout des péplums et les films avec Tyrone Power.
En sortant de j'essaie la seule "chose" que je trouve ouverte encore à cette heure : un bar appelé Le Poséidon. Le film encore dans la peau et la tête, le patron me fait une omelette qu'il me sert avec "du vin ordinaire".


Séquence misère du monde derrière le zinc.
Mais aussi : ceux qui tard essaient encore sinon de communiquer d'être avec "des autres".
Et comme depuis toujours, je me sens bien là, où personne ne viendrait m'y chercher.

Cela me fait penser à la première des deux citations mises en exergue de L'enfant bleu de Henri Bauchau que je viens de recevoir (et que j'avais commandé à cause d'une critique de fée carabine sur internet) :

"Il faut descendre jusqu'au chaos primordial et s'y sentir chez soi." (Georges Braque)

La deuxième de Francis Ponge précisant :
"...le chaos, mot grec, signifiait paradoxalement à l'origine : ouverture et abîme, c'est-à-dire libération."

Cela me ramène curieusement au bar Poséidon : ce livre raconte l'histoire d'un adolescent gravement perturbé qui s'appelle Orion.
Orion qui était le fils de Poséidon (selon une version, car il y en a d'autres)...
Je pense aussi à la célèbre nébuleuse tête de cheval dans la constellation d'Orion située à 1400 années-lumière de la Terre, cheval qui d'après la légende aurait été domestiqué... par Poséidon qui dans ses vastes écuries possédait des chevaux blancs à la crinière d'or et aux sabots d'airain...

Orion, l'enfant bleu, dessine des labyrinthes avec trois cent chevaux blancs.

"Je lui donne une feuille, il commence un nouveau labyrinthe, très différent, toujours avec la même et surprenante rapidité. Attendant le moment où il me demandera peut-être d'intervenir, je me dis : Trois cent chevaux blancs qui poursuivent le démon d Paris, celui qui a vu cela a reçu un don, un rayon de douleur, un rayon de lumière. C'est peut-être un artiste ? C'est peut-être sa voie, s'il en a une ?" ( L'enfant bleu, Actes Sud, p.35 )
Un rayon de douleur, un rayon de lumière... C'est d'ailleurs le titre de la critique de Fée carabine citée plus haut...
je vais me coucher et lire en pensant une fois de plus que tout est lié, qu'il n'y a pas de hasard.

Je pense aussi à mon frère Jany, à Jakarta, dont c'est l'anniversaire et qui m'a envoyé dans un mail une citation de Pasolini (qui répondait à celle que j'avais citée du site de P.Rebollar) :
"Mon indépendance, qui est ma force, induit une solitude qui est... ma faiblesse."
Je ne peux m'empêcher de penser à cette photo de Pasolini assassiné le 2 novembre 1975 à Ostia, près de Rome.
Qui sommes-nous donc ?