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Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
jeudi 18 novembre 2004.
Accepter chaque journée comme un voyage, avec risques et périls,
accepter les questions sans réponses qui nous harcellent,
accepter les impressions et les mots qui nous traversent comme autant de doutes et de remises en cause...
les fatigues et les vides,
la détresse de notre piteuse image,
de notre pitoyable sursaut perdu d'avance.
Rester debout, coûte que coûte.
avec l'énigme d'une journée...

A onze heures du soir, la nuit dernière, reçois sans aucun commentaire de Joelle C. , à qui j'ai donné rendez-vous sur la place Saint-Pol samedi matin devant le cinéma, ce texte tel quel, c'est-à-dire effacé à certains endroits (qui sont autant de questions).
Connais le tableau. L'énigme d'une journée de Chirico,1914, appartient au MoMA (Musée d'Art Moderne) de New York depuis 1979. C'est une grande toile : 1,39 m de large sur 1,85 m de haut.
Plus grande qu'un homme, on peut se coucher devant.
Je n'avais jamais lu le questionnaire sur ce tableau. Il provient, Joelle C, me l'a dit ce matin, suite à mes questions de la nuit, d'un livre où Char, avec Breton, Dali, Eluard et autres, répondent aux enquêtes des « Recherches expérimentales » parues dans "Le Surrréalisme " ASDLR N°6. Mes recherches donnent une autre publication, le livre : "René Char, Dans l’atelier du poète, édition établie par Marie-Claude Char, Paris, Gallimard, « Quarto », 1996. Alors...

Le problème, l'énigme devrais-je dire, en soulève d'autres comme un train en cache toujours un autre.

A mon niveau personnel :
Pourquoi m'envoie-t-elle ce texte ?
Veut-elle que j'y réponde ?
pour me dire ses appréhensions ?
Parce qu'elle a rendez-vous avec moi sur une place qu'elle ne connaît pas ?
Veut-elle me dire quelque chose ?
Pourquoi a-t-elle effacé les questions 7, 8, 9 ?
Ces questions la gênaient-elle, alors pourquoi ?
Veut-elle que je joue à trouver les vides ?

A propos de ce tableau :
Lors de la vente des affaires de Breton, en début d'année, il a été vendu une petite photo (22cm x 16,5 cm ) pour une somme énorme (58.000 euros) représentant André Breton devant ce tableau.
Il avait annoté de sa propre main au dos : "André Breton (maquillé) devant L'énigme d'une journée, de G. De Chirico, en 1922 (photo Man Ray.)".
Seulement voilà, je ne comprends pas deux choses :
La première c'est que sur cette photo le tableau est à l'envers.
La deuxième c'est qu'en 1922 Breton ne possédait pas ce tableau.
Quand on interroge le MoMa, il explique la provenance de son acquisition en 1979, en retraçant l'histoire du tableau, (il le fait pour chaque oeuvre qu'il possède) ainsi :
En mars 1926 à Paris, Jacques Trual et André Breton avaient ouvert la Galerie Surréaliste, en faisant scandale à cause de la photo de Man Ray jugée indécente (figurine océanienne). Il semblerait que le tableau de Chirico ait été acheté par Paul Guillaume depuis le début ( le tableau a été peint en 1914) et qui l'a mis en vente dans cette galerie à partir de 1928. (NB : la photo de Man Ray de Breton devant ce tableau est datée de 1922.) (Man Ray est arrivé des Etats-Unis en juillet 1921). Breton n'a acheté ce tableau qu'en 1933.
Questions : où et quand a été faite cette photo ? Pourquoi le tableau sur la photo est-il à l'envers ?
(pour ceux qui aiment bien les histoires complètes, Breton a revendu ce tableau en 1935 à Pierre Matisse qui l'a revendu à James Thrall Soby du Connecticut, collectionneur incroyable, qui l'a gardé jusqu'à sa mort en 1979, date à laquelle le musée l'a acheté à ses héritiers.)
Tard dans la nuit, j'avais envoyé un mail proposant (pressentant) pour la question no 7 :" A quel endroit ferait-on l'amour ?".
En fin de matinée Joelle C. me répondait que c'était juste, et me joignait le questionnaire complet avec les réponses de René Char aux premières questions.
Toute la journée, en regardant le maximum de tableaux de Chirico que je pouvais trouver, j'ai découvert que dans toute sa série de tableaux célèbres de cette époque, il n'avait fait qu'un vaste travelling arrière, avant...autour de cette place. Melancoly and mystery of a street (de 1914 aussi), en est une illustration.
Finalement, c'est que nous incite à faire aussi ce questionnaire, auquel René Char répond à sa manière (J'aime l'idée d'une usine de chocolat derrière les cheminées, et d'une usine de talc à quelques kilomètres...)
L'idée de demander à chacun de nous d'élargir le tableau, de prendre possession des lieux et de ses environs est bien sûr excellente et m'excite au plus haut point.
Elle ne peut qu'enrichir le tableau et l'abandonner en même temps pour l'inclure dans notre vie et la vie tout court.
Faire aussi que l'imaginaire mette un pied dans le réel. Que le réel aussi ne soit qu'imaginaire.


Question no 15 : Quelle publicité ferait-on sur le bâtiment principal de gauche ?
J'en imagine de toutes sortes. Et vous ?