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Lundi 20 décembre 2004
Encore aller et retour à Verneuil et donc encore arrêt à La Ferté-Vidame où cette fois je commence le travail d'une idée qui me traîne dans la tête depuis un certain temps. Contrairement à hier, gris et froid, il fait frais, pur et soleil. Les ruines du château imposent leur splendeur.
Au cours du Xème siècle pour éviter les incursions normandes (la frontière étant située sur l'Avre) il a fallu mettre tout le pays en état de défense : Dreux, Sorel, Maillebois, Brezolles, Thimert, Senonches et La Ferté-Vidame ont donc été fortifiées pour s'opposer aux places normandes dont les points forts étaient Verneuil, Tillières, Nonancourt et Montigny.
Nous trouvons ainsi les traces d'un premier Château et d'un premier seigneur à La Ferté, un certain Hugues, en 985.
Le domaine changea plusieurs fois de propriétaire jusqu'en 1374 ou il fut acquis par la famille de Vendôme qui assurait la charge de vidame de Chartres. A la fin de la guerre de 100 ans les Vendôme reconstruisirent le château.
Claude de Saint-Simon (père du célèbre mémorialiste) issu d'une famille noble et ancienne mais désargentée, reçut d'immenses faveurs pour prix de sa fidélité à Louis XIII. Il acquit en 1632 le domaine de La Ferté-Vidame, dont l'importance rendait possible l'octroi par le Roi d'un duché paierie en 1635.
C'est dans ce château, dont l'aspect change totalement selon l'angle de vue, que Louis de Saint-Simon écrivit la plus grande partie de ses célèbres Mémoires, l'essentiel de ses documents de référence restant dans son cabinet parisien. Si la chambre de Saint-Simon se trouvait dans l'aile est, sur la cour, le Duc avait devant lui une perspective de 8 km à travers le domaine et la forêt.
Façade Est, à son époque :

Je retrouve chez ma mère, Marie-Claude, la femme de mon frère Michel décédé il y a bientôt 10 ans, avec Camille, une de ses petites-filles, à laquelle j'offre un cadeau qui l'enchante et la séduit. Collation rapide qui me permet de récolter encore quelques scies et haches. Ce dernier mot, me ramenant inexorablement à la hache-ostensoir des kanak.

Sous les bûches, l'assiette anglaise de Myott, the hunter, où l'auberge est à l'enseigne du cygne...Comment ma mère se retrouve-t-elle avec ça ?
Saint-Simon est mort le 2 mars 1775, trois semaines après la mort de Montesquieu (mort à paris, presqu'aveugle, le dix février, ) qu'il avait reçu vingt ans plus tôt dans son château de la Ferté-Vidame. J'imagine, quand je marche dans le parc, que les deux silhouettes, là-bas au fond, sont ce sont eux en train de discuter...
" Il me suffit de lire une page de Saint-Simon ou de Flaubert pour rougir. " Jules Renard.
" Chez lui, rien de ces choses ; la phrase n'est qu'une palpitation de la vie, la passion a séché l'encre, l'œuvre est un cri humain." Émile Zola.
" L'écriture fut son unique revanche sur les infortunes et les insuffisances de la vie, sa victoire posthume sur " le rien de tout". Yves Coirault.
À la crêperie voisine, je lis le court livre de nouvelles que m'a offert ma libraire en guise de cadeau de fin d'année. Il s'agit de Beauté d'André Dhôtel, un des nombreux auteurs dont je ne connaissais que le nom, la tête sympathique et savais qu'il avait toujours été défendu par Henri Thomas, Jean Paulhan, Jean Follain et Philippe Jaccottet. Parmi les sept nouvelles, cinq me plaisent vraiment.
Bonne surprise à la fois parce que cette lecture était inattendue, et parce qu'elle me plaît.
J'observe le type qui, solitaire, passe tout son repas à parler à quelqu'un au bout de son portable, l'horloge Victoria station au-dessus de la caisse, et j'écoute les deux jeunes filles assises à côté de moi, séparé de leur intimité que par un croisillon de bois.
Dans la brochure Beaux livres, toujours offerte par ma libraire, classique en ces temps de fêtes, c'est-à-dire de consommation effrénée, faite pour ceux qui veulent offrir des livres, qui n'en lisent jamais mais tiennent avant tout qu'ils soient "beaux", suis surpris de trouver conseillé L'adoption du système métrique de Jacques Réda et la biographie Charles Juliet, d'où venu ? de Anne Lauricella.
Demain je dois recevoir mon frère aîné Jacky qui arrive de Djibouti.
J'espère qu'il m'en ramène des photos comme je lui avais demandé il y a un certain temps.
Je pense à Joëlle C. et ses mails aussi provocateurs que moqueurs No-gentils, mais si délectables. Elle me fait penser à ce que Georges Sand écrivait à Gustave Flaubert, comme dans la lettre du 8 décembre 1874. (Folio, classique, p. 1196). premier paragraphe:
" Pauvre ami, je t'aime d'autant plus que tu deviens plus malheureux. Comme tu te tourmentes et comme tu t'affectes de la vie ! car tout ce dont tu te plains, c'est la vie, elle n'a jamais été meilleure pour personne et dans aucun temps. On la sent plus ou moins moins, on la comprend plus ou moins, on en souffre donc plus ou moins, et plus on est en avant de l'époque où l'on vit, plus on souffre. Nous passons comme des ombres sur un fond de nuages que le soleil perce à peine et rarement, et nous crions sans cesse après ce soleil qui n'en peut mais. C'est à nous de déblayer nos nuages."
Déblayeur de nuages...dit-elle.