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Novembre 2004
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Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
Dimanche 6 février 2005

Cette course commencée un peu en débandade hier, montre aujourd'hui un peloton regroupé et
sage. C'est typique d'une étape de plaine, où l'on en profite , tout en se reposant, pour régler ses comptes et élaborer une stratégie avec ses coéquipiers, passer quelques messages sur son
portable, signer quelques autographes et faire le pitre devant les photographes. Mais ce calme n'est qu'apparent. Il prépare le sprint de l'arrivée ou l'ascension de la côte qui termine l'étape, ou pire la montagne que l'on aborde le lendemain avec une série de cols redoutables.
On en a même vu certains lire sur leur vélo, le buste bien redressé, le vent sifflant dans leur casquette, mais sans doute pas l'article du Monde du dimanche et lundi derniers (Des adolescentes utilisent les "blogs", journaux intimes sur Internet, comme exutoire macabre) que P. de Jonckheere a commenté très justement, sur son bloc-note du désordre le 30 janvier.
Dans l'article situé juste au-dessus, on apprend que chaque année il y a 650 décès par suicide chez les 15-20 ans et que le nombre de tentatives semble s'accroître. Ce qui est surprenant, c'est que cela surprenne, qu'on semble découvrir la détresse de certains jeunes, (j'en vois tous les jours dans mes deux collèges) et qu'un psychiatre grand chef de CHU laisse sous-entendre qu'Internet y est pour quelque chose et que même s' "il ne faut pas tomber dans le panneau de la censure," il
reste convaincu " qu'il va falloir " fixer des règles et des limites". "Ces nouveaux espaces", "Il faut arrêter de les prendre pour du virtuel. On ne laisse pas tout faire dans la rue, il ne faut pas laisser tout faire sur Internet." C'est symptomatique : dès qu'il se crée un espace de liberté, on cherche systématiquement aussitôt à le contrôler, le censurer, l'interdire. Pour rester dans la métaphore cycliste, tout se passe comme si la société ne pouvait pas accepter une échappée, ou que l'échappé doive avant tout, impérativement, revenir dans le peloton, le troupeau.
Quant au journal qui reproduit, en couleurs, la photo du site tenu par l'une des deux jeunes filles qui se sont jetées du haut de la falaise, c'est non seulement inutile, mais criticable : même si l'adresse n'est pas donnée, il y a des centaines de "voyeurs" qui vont chercher, pour faire la "découverte macabre", trouver "le corps" du délit.
Quelle justification peut donner Le Monde à cette copie d'écran où l'on peut lire : " LA VIE est LAIDE la MORT est BELLE " ? Je n'en vois personnellement aucune, sinon que des mauvaises.
Heureusement, quand même, on peut lire dans cette pleine page, deux citations d'un prêtre,
éducateur spécialisé, Jean-Marie Petitclerc, qui vient de publier un livre (Et si on parlait du suicide des jeunes, Presses de la renaissance) qui mettent bien en cause notre société :
" L'adolescent suicidaire n'est pas un malade mais quelqu'un qui se pose à un moment la question du sens". Il ajoute qu'il a :
" la certitude que l'adolescent suicidaire n'a pas le désir de mourir mais de vivre autrement".
Face à un tel article, je ne peux m'empêcher de me poser les questions :
Suis-je suis complice de cette société-là ?.
Est-ce que je fais tout mon possible pour qu'elle ne conduise plus au suicide ?
Étant le père de trois filles, dont une de quinze ans, je ne peux m'empêcher d'imaginer qu'un jour on m'appelle pour apprendre une telle nouvelle. Cela me fait mal, physiquement, incapable de réaliser ni d'accepter l'inconcevable, et qui pourtant arrive en France deux fois par jour.
Je ne savais pas que cette course m'amènerait à cette angoisse.
Une fois de plus :
tu as bien raison de te méfier du dimanche, jour d'entrainement, et de compétitions.
Tout le monde le sait s'il est sorti des grandes routes un dimanche.
Je surveille mes coureurs : pas de tentative d'échappée : tout va Bien.
On ne va pas fermer le site, le directeur du CHU ne va pas manger son nœud papillon.
Dans le Figaro magazine, que j'ai acheté samedi avec 3kg d'autres revues Figaro, (tout ça pour avoir le DVD du vieux film La Chanson du passé, de George Stevens, 1941, et quelque papier d'emballage), il y a un article contre Michel Onfray et le succès de son université populaire.
Je dis contre, mais pas de front : comme ils ne peuvent pas objectivement dire que c'est un échec, ils insistent que deux tiers du public est constitué de femmes, dont certaines viennent en avance pour garder une place à leurs "copines", employant un vocabulaire dévalorisateur et réactionnaire, Michel Onfray devient" Le génie des pâturages" (est-ce à dire en plus que ces femmes sont des vaches ?), "est à la philosophie ce que Daniel Pennac fut à la littérature dans les années 90 : un vulgarisateur sympa, accessible et un tantinet démago", " cultive son look de penseur rebelle", fait un " subtil numéro d'autocongratulation " et à France culture fait son
" Onfray show". La dernière phrase de l'article est : " Le "Che" sauce normande a encore du pain sur la planche".
A côté de l'article, sur toute la hauteur de la page un encart qui explique l'animosité de cette revue aux ordres du Figaro : la sortie du dernier livre d'Onfray : Traîté d'athéologie, Grasset.
Si le Pape est en train de mourir, c'est de la faute à Onfray, il faut bien le dire.
On ne touche pas à Dieu ni à ses sbires.
On sent une fois de plus avec quel mépris ces journalistes parisiens (ici Sébastien Le Fol) parlent des gens de la province. Pour parler d'une femme qui suit le cours d'Onfray : " notre voisine, une grande Normande gantée". À la fin de l'article : " Notre voisine a depuis longtemps refermé son cahier et enfilé ses gants. Elle préférait sans doute quand " Michel" parlait de Saint-Evremond".
Comment oser encore écrire un article pour descendre quelqu'un et ce qu'il fait et n'avoir que ce type d'arguments ?
Dernière ligne droite pour ce journal aujourd'hui, mais par pour les coureurs : demain sera une étape de montag(n)e. L'arrivée est prévue mardi.
Je m'en vais lire au lit et seul, jusqu'à ce que passe le marchand de sable.
Que dis-je ! Seul ? Mais non, jamais seul AVEC un livre.